Cette photographie vous dit pourtant quelque chose. Vous sortez le cliché trouvé dans la valise de Vogel et comparez les deux : ils sont identiques. La photo de vous que possédait l'assassin était un double de celle-ci, mais découpé autour de votre visage, de telle façon que l'on ne voie pas la jeune femme qui était à côté de vous dessus. Cette information ne devait pas être d'utilité au tueur. La personne qui lui a remis cette photo de vous découpée devait donc avoir accès à la photo complète qui était chez Vitto Vogel. Est-ce Vogel lui-même qui la lui aurait remise ?
Tess revient vers vous, une clef à la main. Il s'agit de la clef passe-partout avec laquelle le tueur a crocheté votre serrure. Vous remarquez la mine défaite de votre précieuse hôtesse.
- Vous avez pu vous débarrasser de votre voisin ? vous enquérez-vous.
- Je ne suis pas sûre qu'il m'ait crue, mais il a consenti à retourner se coucher, sans avoir eu le temps de jeter un oeil à l'intérieur. (elle tend alors la tête vers ce que vous avez à la main :) D'où sortent ces photos ?
Soudain, elle pousse un cri de surprise. Elle vient de voir la photo de vous en compagnie de la blonde.
- Qu'y a-t-il ? voulez-vous savoir.
- Là, sur la photo... c'est Stéphanie, mon ancienne colloc' !
- Vous voulez dire : celle qui avait arrangé notre rendez-vous au Bunny Charms lundi soir ? Celle qui m'aurait peut-être empoisonné ?
- Oui, c'est bien elle ! Vous êtes avec elle sur cette photo. Vous la connaissiez donc ?
- Faut croire.
- Pourquoi ce tueur avait cette photo sur lui ? Vous croyez que c'est lui qui l'a tuée hier après-midi ?
- Je n'en sais rien. En fait, c'est cette photo de moi tout seul que j'ai trouvée sur lui. Ce cliché-là, où je suis en compagnie de Stéphanie, je l'ai trouvé chez Vogel, dans sa valise. (pour répondre à son regard surpris, vous précisez :) Je suis passé à son appart'.
- Que faisait cette photo dans sa valise ?
- Aucune idée. La seule chose qui est sûre, c'est qu'il se préparait à partir en voyage : sa valise était presque terminée, posée sur son lit.
- Impossible ! proteste-t-elle avec véhémence. Il me l'aurait dit, s'il comptait partir !
Sachant que toute conversation est vaine avec une personne qui est persuadée d'avoir raison, vous ne répondez rien et reprenez votre fouille du tueur. Vous ramassez le couteau qu'il a failli vous lancer dessus. Vous découvrez, fixée à son poignet et cachée dans sa manche, la gaine dans laquelle était rangée la lame. C'est une arme pratique : d'un mouvement de poignet on fait jaillir le couteau directement dans la main. Vous examinez aussi le garrot qu'il a utilisé pour vous étrangler : il s'agit bien de la montre du tueur. Elle se présente comme une montre-poignet classique, qui indique la même heure que la vôtre, mais en tirant sur un petit bitoniau qui en dépasse, on sort le fil métallique. Le parfait accessoire de l'assassin ! La Suisse est le pays des montres... de toutes les montres ! Dans sa poche, vous trouvez enfin une clef de voiture. Avec également la clef passe-partout récupérée par Tess, inscrivez sur votre Feuille d'Aventure tout ce que vous avez pris au défunt.
- Qui c'était, ce type ?
- Un certain Mr Dury.
- Jamais entendu ce nom... Comment vous a-t-il trouvé ici ?
- Il a dû me suivre jusqu'ici et entrer à son tour par les garages. J'ai cru entendre des bruits de pas quand j'y suis passé... On m'accuse d'un meurtre, mais on veut me réduire au silence... Qu'est-ce que je peux bien avoir fait pour faire peur à l'employeur de cet homme ? Si seulement je pouvais me rappeler...!
- Qu'allons-nous faire du corps ?
- Le laisser là au moins pour la nuit, je ne vois que ça. Difficile de le sortir d'ici sans se faire repérer par la police en planque autour de l'immeuble... Je vais partir, et demain matin vous leur raconterez ce qu'il s'est passé.
- Pas question ! Ils vont m'accuser de meurtre ou de complicité ! Je mettrai les voiles moi aussi, oui !
- Vous savez où vous rendre ?
- Oui, j'ai peut-être un autre endroit...
Sans vous laissez le temps de lui demander le lieu auquel elle pense, elle se rapproche de vous et vous serre l'avant-bras avec insistance :
- Restez avec moi cette nuit encore. Vous n'allez tout de même pas me laisser toute seule avec un mort chez moi ! Je vais devenir folle !
- Vous voulez que je dorme avec vous ?
- Vous dormirez à nouveau sur le canapé, précise-t-elle.
Vous vous sentez stupide, tout d'un coup, ce qui arrache un sourire malgré elle à la jeune femme. En vous donnant le bip pour entrer par les garages sans être vu, elle vous a témoigné une grande confiance. Et puis, elle vous a quand même sauvé la vie, ce qui n'est pas rien. Vous ne pouvez pas la laisser dans sa détresse, aussi accédez-vous à sa demande. De toutes façons, dans la situation dans laquelle vous êtes, c'est encore la meilleure solution. Si vous l'abandonniez à son sort, elle serait capable d'appeler la police en planque en bas de l'immeuble pour vous faire coffrer.
Rassurée par votre décision, elle vous aide à ranger le macchabée dans un réduit, puis se retire dans sa chambre. Alors que vous vous allongez sur le clic-clac, elle revient sur ses pas et, vous prenant par surprise, elle vous embrasse sur la joue.
- Merci pour tout, Allister... ou quel que soit votre prénom !
Les joues empourprées, elle file dans sa chambre et s'y enferme, vous laissant à votre légère hébétude. Quelle femme surprenante ! Vous vous emmitouflez dans votre couverture et laissez vos pensées vagabonder, méditant sur votre situation et sur ce qui vous est arrivé depuis 48h, jusqu'à cette tentative de meurtre sur votre personne. Vous pensez beaucoup à Tess : c'est une alliée en puissance, vous en êtes convaincu, peut-être même la seule que vous ayez vraiment, mais elle a une part de mystère en elle. Une personnalité plus torturée qu'elle ne le laisse paraître. Peut-être aurez-vous plus tard l'occasion d'en savoir davantage sur son histoire.
Epuisé par toutes ces interrogations et ces doutes, vous tentez de trouver le sommeil, ce qui s'avère tâche aisée, tant votre lassitude est grande. Votre repos est bientôt troublé par un rêve complètement décousu.
Vous flottez au milieu de petits cygnes, dans une sorte de sombre corridor. Vous arrivez finalement devant une porte de bois aux motifs travaillés. Sur son battant, des lettres d'or forment le mot "Excelsior". Non sans appréhension, vous l'ouvrez. Elle donne sur un labyrinthe qui vous laisse perplexe. Ne sachant quel chemin vous devez emprunter, vous prenez à gauche. Vous passez devant une nouvelle porte. Persuadé qu'elle conduit dans un désert, vous la franchissez. Derrière, ce n'est pas les dunes escomptées qui vous font face, mais un autre couloir. Vous stoppez net votre pas, soudain sur le qui-vive. Un individu vous fait face. Il porte un imperméable et un chapeau feutre identique à celui de Mike Hammer. Au moment où vous l'apercevez, il lève la tête vers vous. Son visage s'efface alors avant que n'ayez pu le distinguer. Vous voulez crier pour le rappeler, mais aucun son ne sort de votre gorge.
Vous vous réveillez brusquement, le c?ur battant à toute allure. Que signifiait donc ce rêve ? Vous êtes persuadé que vous venez de revivre un passage de votre passé. Ne pourrez-vous donc pas dormir tranquille, sans être assailli par ces visions ? Que signifient ces rêves qui paraissent sans queue ni tête ? Qui était cet homme en imperméable ? L'avez-vous réellement rencontré un jour ? Vous rappellerez-vous un jour des réponses à vos incessantes interrogations ? Quoique d'apparence déroutante, notez tout de même le Flash-back 5 sur votre Feuille d'Aventure, avec le numéro de ce paragraphe pour pouvoir vous y référer.
Vous vous tenez la tête dans les mains quand une douce voix vous demande :
- Vous avez fait un cauchemar ?
Vous regardez par-dessus votre épaule : vos bruits ont réveillé Tess qui est sortie de sa chambre, silencieuse comme un chat. Elle se tient dans l'encadrement de la porte, en robe de chambre, un regard embrumé mais bienveillant posé sur vous. Elle vient s'asseoir à côté de vous.
- Moi non plus je n'arrive pas à dormir, vous dit-elle. C'est à cause du tueur. Je revois son visage au moment où je lui ai tiré dessus...
- Ce n'est pas si facile d'ôter une vie...
- Vous aussi, c'est à cause du tueur que vous gambergez ?
Vous hochez la tête et lui racontez votre rêve. Elle se montre dubitative quant au fait que ces images puissent être un véritable flash-back mais, devant votre conviction, elle veut bien l'admettre. Elle ne voit pas du tout à quoi le moindre élément du songe peut faire référence. Selon elle, l'homme au chapeau peut être n'importe qui, et elle n'a jamais vu une porte comme celle dont vous avez rêvé.
- Vous finirez bien par vous rappeler de tout ça le moment venu. Pour l'heure, il est temps de dormir et de reprendre des forces.
Attentionnée, elle attend que vous soyez étendu et dépose un tendre baiser sur votre front. C'est à son tour d'être la figure sereine et rassurante.
Vous ne tardez pas à vous assoupir et parvenez à vous reposer les heures qu'il reste avant l'aube. Blanchissez l'une de vos cases Santé.
Le matin, vous avez de la peine à émerger. Pendant que vous dormiez, Tess a pris une douche. Elle en sort, une simple serviette enroulée autour des reins et de la poitrine.
- Bonjour, Allister. Vous avez réussi à vous rendormir ?
- Facilement. J'ai tendance à être parano depuis le début de cette histoire et ici, je me sens en sécurité. Et vous ? Vous avez passé une bonne fin de nuit ?
- Il m'a fallu une bonne heure pour m'endormir. C'est l'épuisement qui a eu raison de mes peurs. Ce matin, ça va mieux. J'ai vérifié : le macchabée n'a pas bougé depuis hier, je suis rassurée. Je me suis faite à l'idée que j'ai un cadavre chez moi. (elle baisse les yeux et prend une voix mal assurée :) Vous croyez qu'il... qu'il faut découper le corps et se débarrasser des morceaux ?
Vous la regardez avec des yeux étonnés. Où est-elle allée pêcher une idée pareille ? Si elle ne veut pas prévenir la police, vous lui dites que le mieux est de laisser le cadavre où il est, car ainsi il est toujours possible de plaider la légitime défense. Le saucissonner risque de rendre caduque cette explication.
- De toutes façons, l'odeur de la putréfaction se fera sentir à un moment ou à un autre, déplorez-vous. On finira par découvrir le corps.
- Si je comprends bien, notre seul espoir est que vous recouvriez très vite la mémoire et découvriez qui a assassiné Vitto. Nous pourrons alors prouver que cet homme était un tueur engagé pour nous abattre...
- Joli programme...
- Bon, arrêtons de parler de ça ! Vous m'obligez à penser à trop de choses à la fois ! On trouvera une solution plus tard.
Comme diversion, elle vous invite à prendre à votre tour la salle de bains. Vous ne vous faites pas prier. Vous prenez une douche qui vous vivifie. Si vous avez le nécessaire pour vous raser, vous pouvez le faire.
Si vous détenez un téléphone portable Nokia, vous constatez que sa batterie est à plat et qu'il s'est éteint. Même si vous trouviez un chargeur pour le réalimenter, vous ne pourriez le rallumer, vu que vous en ignorez le code pin. Vous ne pouvez donc plus l'utiliser.
Vous prenez ensuite un solide déjeuner avec votre hôtesse, qui s'est habillée entre-temps. Elle a revêtu une robe et un gilet noir corbeau, couleur qui accentue la finesse des traits de son visage. Son café au lait terminé, elle enfile ses bottes en cuir, puis elle prend son sac à main et son imperméable. Elle vous dit qu'elle se rend à l'enterrement de Vitto Vogel, qui est célébré ce matin au cimetière du Petit Saconnex. C'était donc cela qui occupait son esprit.
Si vous tenez à l'y accompagner, rendez-vous au
514.
Si vous désirez, avant tout, trouver la voiture du tueur (dont vous avez trouvé sur lui les clefs), rendez-vous au
192.
Si vous lui dites préférer partir de votre côté, elle vous implore de ne pas la laisser seule avec le cadavre ce soir et vous souhaite une bonne enquête. Sortez de l'immeuble par les garages et gagnez le
574.