Lorsque l'hôtesse d'accueil vous voit arriver, elle ne commet pas la même erreur qu'hier et vous reçoit avec égards. Elle encaisse éventuellement vos 250FS si vous ne les aviez pas déjà réglés ce matin ; elle vous remet alors la clef de la chambre que vous aviez déjà cette nuit.
Spacieuse et agréable, vous retrouvez cette dernière avec plaisir. Si vous y aviez laissé un bagage, vous le retrouvez à sa place ; personne n'y a touché. Vous prenez une douche vivifiante et, si vous le souhaitez, vous avez la possibilité de vous raser. A la télévision, les chaînes d'information ne parlent que des catastrophes dans le monde ou de la politique européenne et américaine ; pas une seule allusion aux crimes qui ont endeuillé Genève ces derniers jours. Parfois, pour avoir de vraies infos, mieux vaut avoir un bon petit JT local plutôt qu'une profusion de chaînes internationales. L'avantage, c'est que votre portrait-robot ne doit pas être diffusé à grande échelle. Bien installé dans votre lit au confort princier, vous vous rabattez sur le 3 volet de Mad Max, avec Mel Gibson, histoire de vous vider la tête. Hélas, vous n'avez pas choisi le meilleur film pour votre mélancolie. Comme le héros perdu au milieu d'un désert post-apocalyptique, vous vous sentez si seul, abandonné. Bientôt, vous perdez le fil du film, assailli par les interrogations sur votre situation. Comment vivrez-vous si vous ne parvenez jamais à vous rappeler qui vous êtes ? N'y a-t-il donc personne qui vous a jamais connu sur cette Terre, ne serait-ce que votre nom ? Et si c'était bien vous le meurtrier de Vogel ? Pourriez-vous vivre avec ce poids sur la conscience ? Vous luttez de toutes vos forces contre cette idée, tant vous vous sentez incapable d'être un criminel. Pourtant, vous vous y connaissez en armes, et vous en aviez une dans la main lundi soir. Si c'est vous qui avez refroidi le patron du Chicago Ace, ne vous aurait-on pas contraint de le faire ? Vous étiez peut-être en état de légitime défense...?
Tout à ces pensées, vous finissez par vous assoupir, sans que les images cessent de défiler dans votre tête pour autant. Vous revoyez le pistolet avec silencieux, le Browning. Il est posé par terre, sur un sol carrelé. Vous vous jetez à terre pour vous en saisir et vous faites feu dans la foulée. Plusieurs coups. Vous ouvrez brusquement les yeux. Vous réalisez que vous vous étiez endormi et que vous étiez en train de rêver. Mais pas n'importe quel type de rêve. Cette scène où vous ramassez ce pistolet... vous l'avez déjà vécue. Comme la nuit dernière, vous venez d'avoir un flash-back ! Notez le Flash-back 6 sur votre Feuille d'Aventure, avec le numéro de ce paragraphe pour pouvoir vous y référer. Pour la première fois depuis le début de cette histoire, vous avez la rassurante impression que cette arme avec silencieux ne vous appartenait pas avant que vous ne la ramassiez. Si votre impression est juste, d'où sortait-elle ? L'avez-vous prise au meurtrier ? Ou bien est-ce ce que vous aimeriez croire ?
Vous ne tardez pas à retrouver le sommeil et finissez votre nuit sans nouveau rêve. Le matin, vous vous réveillez en bonne forme. Blanchissez l'une de vos cases Santé. Vous vous rhabillez et rassemblez vos affaires.
Vous allez devoir rendre la clef de votre chambre, à moins que vous ne décidiez de la réserver pour la nuit prochaine (toujours pour 250FS la nuitée, payable d'avance). Si vous optez pour cette solution et que vous transportez avec vous un bagage à main que vous trouvez encombrant, vous pouvez alors le laisser dans votre chambre. Vous le récupérerez quand vous reviendrez ici. Notez bien sur votre Feuille d'Aventure ce que vous laissez ; vous n'y aurez pas accès, mais on ne pourra pas vous en dépouiller. Vous descendez à la réception et y laissez soit votre clef, soit 250FS. Puis vous quittez l'hôtel, direction le
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