Vous traversez la rue en toute hâte et prenez une nouvelle ruelle. Mais les policiers qui vous poursuivent vous ont vu et vous indiquent du doigt à la voiture de leurs collègues qui vient de débouler dans la rue. Celle-ci, dans un crissement de pneus stressant pour la proie que vous êtes, vire et s'engage dans votre ruelle, pas assez étroite pour elle. La puissante lumière de ses phares dans votre dos se rapproche. Votre coeur bat de plus en plus fort. La prochaine rue transversale est encore à quelques mètres et vous croyez déjà sentir le souffle du moteur sur vous ! Pour les ralentir, dans un geste de panique, vous renversez une poubelle sur le passage. Elle heurte de plein fouet le pare-choc du véhicule, contraint de freiner fortement. Vous en profitez pour tourner à droite, mais une autre voiture de police fait irruption au bout de cette rue. Vous regardez derrière vous : la première voiture est déjà là. Vous êtes pris au piège !
Heureusement, vous apercevez une étroite ruelle piétonne sur votre gauche, à quelques mètres devant vous. Vous courez pour l'atteindre avant de vous retrouver pris en sandwich. La deuxième voiture vous a repéré et fonce à votre rencontre. Vite, il faut que vous parcouriez ces quelques mètres avant qu'elle ne soit sur vous ! Vous faites le sprint de votre vie -pour autant que vous vous en souveniez- et, au moment où elle arrive sur vous, vous vous jetez dans la ruelle. Il était moins une ! Vous vous retournez dans votre course : comme les agents ne peuvent vous suivre en voiture, vous les voyez en sortir en trombe et se mettre à courir à votre poursuite. Vous avez repris de l'avance sur eux, mais vous avez une mauvaise surprise : un grillage vous bloque le passage au bout de la ruelle. Ne pouvant plus revenir en arrière, vous sautez dessus et commencez à le grimper comme vous le pouvez. Vous vous découvrez une certaine agilité, peut-être bien accrue par l'instinct de survie. Arrivé au faîte du grillage, vous sautez prestement en bas. De l'autre côté de la grille, les policiers arrivent mais vous voyez déjà à leurs mines essoufflées qu'ils ne pourront pas vous suivre. Vous déguerpissez avant qu'ils ne puissent voir votre visage ou vous tirer dessus.
Vous errez un long moment dans les rues les plus sombres, en regardant sans cesse derrière vous. Lorsque vous sentez que vous avez semé vos poursuivants, vous ralentissez l'allure et reprenez votre souffle. Vous avez réussi à vous enfuir. Vous n'avez aucune idée de qui vous êtes, mais au moins, vous êtes libre.
Cette cavale, dans la panique qui accompagne celui que ne sait rien mais qui craint tout, vous a sapé les dernières forces qui vous restaient. Vous sentez le poids de la fatigue s'abattre sur vous. Votre blessure au thorax se rappelle à vous et votre esprit se trouble. Votre estomac qui sonne creux vous laisse penser que vous n'avez pas soupé ce soir. Difficile de tenir le coup dans ces conditions. L'adrénaline vous a permis de tenir jusqu'à maintenant, mais elle s'est tarie. Votre corps ne peut lutter plus longtemps. Votre paranoïa, qui vous hurle que vous n'êtes nulle part en sécurité, n'est pas assez forte pour réussir à vous maintenir éveillé. Vous avisez le recoin sombre d'un porche d'entrée, qui fait office de local poubelle. Il est à l'abri des regards et du vent, et une pile de vieux journaux pourra vous servir de couverture pour ne pas mourir de froid. Vous allez vous écrouler au milieu des sacs de déchets et vous vous endormez dans la minute. Vous enveloppant machinalement de feuilles de journaux, votre sommeil est profond, vous ne pensez plus à rien. Plus de filles aux cheveux bleus, personne pour vous tirer dessus... Enfin une pause dans cette nuit de fous !
Le lendemain matin, vous vous réveillez la tête dans le sac. La nuit a été fraîche et l'odeur des déchets incommodante. Votre sommeil a pourtant été réparateur : la blessure au thorax que vous avait causée l'impact de balle sur votre crucifix a complètement cicatrisé. Et vous n'avez plus mal au crâne. Hélas, vous êtes toujours aussi amnésique. Rien ne vous est revenu dans la nuit.
Vous vous levez et vérifiez que vous avez toutes vos affaires sur vous. Il est alors temps de vous mettre en route. A la recherche de vous-même.
Rendez-vous au
11.