Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 173

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Vous n'allez pas laisser Tess seule aux prises avec ces brutes. La jetée se termine en cul-de-sac. Vous ne savez pas comment vous allez faire pour vous sortir de ce piège mais tant pis, vous y foncez. Vous vous élancez à votre tour sur la jetée, en direction du Jet d'Eau. Vous dépassez plusieurs promeneurs venus voir de près cette attraction. Une chance qu'ils soient là. Se tenant entre vous et vos poursuivants, ils empêchent ces derniers de vous tirer dessus de loin. Les hommes en costume doivent vous suivre à pied sur ce mince chemin de pierre au milieu du lac.

Comme vous approchez du Jet d'Eau, une pluie fine se met à vous arroser. C'est l'eau qui retombe, dont le vent rabat sur vous une partie des gouttelettes. Arrivant au pied de cette colonne d'eau en constant mouvement, vous pouvez en mesurer la majesté. Un propulseur expédie l'eau vers le ciel à une vitesse phénoménale, et avec une puissance telle que le jet fait facilement la taille d'un immeuble de quarante étages. Une barrière empêche le public d'accéder au propulseur, qui représente un danger suffisamment grand pour que les autorités aient garni ladite barrière de piques acérées.

La jetée se poursuit après le Jet d'Eau, jusqu'à un phare. Tess l'a déjà atteint. Elle crie et fait de grands gestes avec les bras pour attirer l'attention de la police en bateau. Vos poursuivants, eux, zigzaguent entre les touristes et l'un d'eux, un géant de près de deux mètres, est déjà sur vous. Au moment où il dégaine son silencieux de sous sa veste, vous lui attrapez le poignet, que vous plaquez violemment sur une pique de la barrière. L'affreux crie de douleur et lâche son arme, qui retombe de l'autre côté. Cependant, en bon professionnel de la castagne, il réplique sur le champ en vous attrapant par la ceinture et en vous soulevant du sol. Il essaie de vous projeter contre les piques à son tour. D'un geste désespéré, vous attrapez la barrière d'une main et réussissez à basculer de l'autre côté sans vous embrocher sur les pointes, qui ne font qu'accrocher vos vêtements. Craignant que vous ne vous empariez de son pistolet, tombé de votre côté, il passe par-dessus la barrière, d'un saut avec appui à faire pâlir un gymnaste sous EPO. A peine vous êtes-vous relevé qu'il vous tombe sur le râble et vous colle un gnon monumental dans la figure. Piqué au vif, vous voulez lui retourner son cadeau dans le ventre, mais votre poing va s'écraser sur ses abdominaux en béton. Il vous attrape la main et commence à la broyer dans la sienne, mais vous parvenez à vous dégager de justesse d'une manchette bien ajustée dans la blessure que vous lui avez faite.

Vous reculez de quelques pas et sentez dans votre dos la force mortelle du jet d'eau propulsée à 200 km/h. Vous êtes pris au piège sur cette étroite plate-forme, coincé entre deux périls en apparence insurmontables. Avant que vous n'ayez pu sortir une arme ou autre chose, le colosse se rue sur vous. Dans un réflexe, vous vous couchez sur le dos, l'attrapez par le manteau et le projetez par-dessus vous à l'aide du pied, dans une planchette japonaise improvisée. Dès qu'il entre en contact avec l'eau propulsée, le corps de votre ennemi est déchiqueté en moins de trois secondes et les morceaux projetés quarante mètres plus haut. Ce matin, à cette minute précise, les touristes à Genève auront pu voir pour la première fois le Jet d'Eau se parer d'une longue traînée rouge.

Reprenant vos esprits après ce funeste spectacle, vous vous saisissez du pistolet du géant et tirez sur vos autres poursuivants arrivés à votre hauteur. Deux cadavres basculent à l'eau. Les autres battent en retraite à toute vitesse. L'un d'entre eux a déjà dépassé le pied du Jet d'Eau et s'apprête à rejoindre Tess. Vous lui criez de stopper et de jeter son arme, sinon vous l'abattez comme un chien.

- C'est exactement ce que nous allions vous ordonner ! tonne une voix de stentor dans votre dos.

Alerté par votre combat, le zodiac de la police vient d'accoster contre la jetée. Les agents qui en descendent vous tiennent en joue. Sentant qu'ils ne plaisantent pas, vous lâchez immédiatement votre arme. Votre ennemi, lui, se retourne et lève son revolver dans votre direction. Il est aussitôt abattu par les représentants de la loi. En larmes, bouleversée, Tess accourt vers vous et veut vous étreindre de toutes ses forces dès que vous aurez franchi la barrière. Mais les policiers sont montés sur la jetée et gardent leurs armes braquées sur vous.

- Ecartez-vous de cet homme, madame, s'il vous plaît ! lui commandent-ils.

- Mais non, vous faites erreur ! riposte-t-elle. Il m'a sauvée. Ces types voulaient nous tuer !

- Nous sommes désolés, madame, c'est vous qui nous obligez.

Ils la maîtrisent et lui passent les menottes. Comme vous voulez intervenir, ils vous plaquent au sol et vous attachent les mains derrière le dos. Ils ne vous posent aucune question, comme s'ils étaient sûrs de celui à qui ils ont affaire. Ils vous ont reconnu. Ils vous fouillent sans ménagements et s'emparent de toutes vos possessions comme autant de preuves ou d'indices. Après avoir pris leurs instructions par talkie-walkie, ils vous ramènent sur la rive où vous attend un fourgon de police, dans lequel ils vous font embarquer, sous les yeux curieux des passants agglutinés. Sitôt arrivés au commissariat, Tess et vous êtes séparés.

- Qu'est-ce qu'ils vont nous faire, Allister ? s'inquiète-t-elle à haute voix, alors qu'on l'emmène dans le couloir opposé au vôtre.

- Pas de panique, princesse ! Je vais nous sortir de là.

Lorsque vous vous retrouvez enfermé dans une cellule de garde à vue, vous n'affichez plus la même assurance.


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