Vous vous demandez s'il ne fait pas trop froid pour dormir dehors. N'allez-vous pas finir congelé avant l'aube ? Le mieux serait de vous dégoter un bon squat dans un bâtiment désaffecté. Hélas, d'une part ce genre de locaux est denrée rare dans les environs, d'autre part vous risqueriez grandement d'être surpris dans votre sommeil par quelqu'un. Vous ne connaissez pas (ou ne vous souvenez pas) assez de Genève pour savoir quels sont les coins les plus adéquats. Vous devez donc vous rabattre sur le parc.
Il fait nuit noire et le faible éclairage des espaces verts offre une ombre impénétrable à qui désire s'y dissimuler. Vous avez repéré un buisson avec un tapis de mousse confortable pour vous allonger. Hélas, l'herbe est humide, l'air est humide, et la nuit s'annonce très fraîche. Vous allez attraper une pneumonie si vous dormez comme cela, à même le sol. Vous récupérez des journaux dans les poubelles du parc et vous rembourrez vos vêtements avec. Vous vous allongez sur trois feuilles de nouvelles fraîches, votre portrait-robot sur l'une d'elles, et tentez de trouver le sommeil. Au début de la nuit, vous ne parvenez pas à dormir tant vous grelottez. Puis votre corps s'habitue au froid et vous finissez par vous assoupir. L'enfer quotidien des sans logis paraît si loin de soi tant que l'on ne l'a pas vécu...
L'autre enfer qui vous tourmente, c'est celui de votre amnésie. Vous repensez à tout ce que vous avez vécu aujourd'hui, les images défilent dans votre tête à toute vitesse. Mais vous n'avez qu'une seule journée de souvenirs, vous en avez malheureusement vite fait le tour. Bientôt, il n'y a plus que du vide dans votre cerveau et vous vous endormez. Vous faites alors un rêve étrange. Une jeune femme blonde s'approche de vous. Son visage reste caché, hormis son sourire et le grain de beauté assez voyant qu'elle a au-dessus de ses lèvres très rouges. Elle vous tend un verre à pied, rempli d'un liquide doré qui ressemble à un cocktail, avec sa tranche de citron. Vous sirotez ce rafraîchissement quand, tout à coup, vous lâchez votre verre, qui va se briser en mille morceaux par terre. Tout tourne alors autour de vous, comme si vous étiez en apesanteur. La blonde a disparu, et à la place c'est maintenant le visage d'une superbe jeune femme, brune cette fois, qui se penche sur vous. Vous voyez distinctement ses traits, ou du moins vous en avez l'impression car soudain ils s'estompent ! Vous essayez de les rattraper en tendant la main mais il est déjà trop tard : vous vous réveillez en sursaut. Vous comprenez immédiatement : vous venez d'avoir un flash-back !
Vous faites tous les efforts possibles pour vous remémorer les traits de cette jeune femme brune, mais cela ne vous revient pas. Le souvenir a disparu comme il était venu. Il y aurait de quoi en pleurer... Qui était cette femme ? Ce souvenir est-il récent ou très lointain ? Que des questions sans réponses pour l'instant... Notez néanmoins le Flash-back 2 sur votre Feuille d'Aventure, avec le numéro de ce paragraphe pour pouvoir vous y référer.
Vous tâchez de vous rendormir, sans y parvenir véritablement. L'aube arrive bientôt, et vous ne vous êtes guère reposé. Vous entendez les équipes d'entretien qui viennent pour nettoyer le parc, ce qui vous pousse à vous réveiller complètement. Mieux vaut qu'ils ne vous trouvent pas ; ils risqueraient de vous reconnaître comme l'homme du portrait-robot du journal. Vous vérifiez que vous avez bien toutes vos affaires et vous quittez les lieux. Avant de sortir, vous passez devant un jeu d'échecs géant, avec l'échiquier tracé sur le sol et de grosses pièces posées dessus, à la portée des promeneurs. N'est-ce pas ce qui vous attend : un combat grandeur nature contre vos méninges ?
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275.