- Je vous en prie, Mademoiselle, je ne suis pas venu vous faire quoique ce soit, lui dites-vous en lui présentant vos paumes vides. Je suis juste...
- La ferme !
Tenter de la rassurer n'a fait qu'accroître sa fureur. Vous sentez qu'elle va faire feu. C'est trop tard, vous n'avez plus la fraction de seconde nécessaire pour bondir de côté. Vous fermez les yeux en recommandant votre âme dans une prière éclair. Mais rien ne se passe, pas de détonation, pas de coup de feu. Vous rouvrez les yeux : la jeune femme tremble sur son pistolet, elle a été incapable d'appuyer sur la gâchette. Son visage se décompose et fond en larmes. Comme elle baisse le bras, vous saisissez votre chance et vous avancez vers elle, avec un aplomb que vous vous découvrez. Elle lève alors de nouveau son pistolet vers vous :
- N'approchez pas ou je vous bute ! crie-t-elle en s'étranglant dans un sanglot.
Comprenant que vous ne craignez rien, vous continuez de vous approcher d'elle et, d'un geste ferme mais sans agressivité, vous lui prenez son arme des mains. Elle pleure tellement que c'est tout juste si elle s'en est rendu compte. Le regard fixé sur la moquette, elle semble anéantie :
- Vous pouvez me tuer, je m'en fous. Plus rien n'a de valeur désormais...
- Avant d'en arriver là, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me laisser entrer chez vous. J'aimerais me poser un peu pour y réfléchir.
Désarçonné par le ton badin de votre réponse, elle se laisse faire sans mot dire. Elle vous introduit dans son appartement, un deux-pièces coquet. Il n'y a pas de vestibule, vous entrez directement dans un petit salon décoré avec goût dans des tons d'écru. La cuisine, de type américain, est tout de suite visible sur votre gauche, tandis qu'une porte à votre droite donne sur la chambre, sobrement décorée et quelque peu exiguë. Il est étonnant qu'une femme qui porte des bijoux aussi coûteux que les siens habite dans un logis si modeste. Cet appartement ne vous est pas inconnu... Vous êtes déjà venu ici, vous en êtes certain. Il va falloir qu'elle vous donne des réponses. Mais elle paraît complètement déboussolée : elle reste debout devant son canapé, livide, amorphe, comme une poupée au mécanisme cassé. Vous la forcez à s'asseoir sur le canapé et à vous raconter ce qu'elle sait.
- J'ai perdu la mémoire, je vous ai dit. Ce n'était pas un mensonge. Et j'ai besoin de vous, c'est pour cela que je suis venu vous voir. Il faut que vous me disiez tout ce que vous savez sur moi. Déjà, vous ne savez pas comment je m'appelle ?
- Vous m'avez dit vous appeler Allister Hardy, mais je me doute bien maintenant qu'il s'agissait d'un nom d'emprunt...
- J'ai quelques bribes de souvenirs. En entrant ici, par exemple, j'ai eu une impression de déjà-vu. Je suis déjà venu ici, c'est exact ?
- Vous me prenez pour une idiote, c'est ça, hein ? Bien sûr que vous êtes déjà venu chez moi, quand vous êtes venu me voir la semaine dernière. Je ne sais pas d'où vous me connaissiez ni comment vous aviez eu mon adresse, mais vous saviez que j'étais une ancienne prostituée et que... que je connaissais bien Vitto. Vous vous êtes présenté comme un agent du gouvernement, ce qui m'a paru logique, vu tout ce que vous saviez sur moi. Vous vouliez que je vous organise un rendez-vous avec Vitto. Vous deviez savoir qu'avec son système de caméra, il ne laissait entrer personne dans son bureau. Personne de dûment accrédité...! C'était votre seule façon de l'approcher. Je vous ai servi de cheval de Troie. Je vous ai cru sincère quand vous m'avez dit que sa vie était menacée... Si j'avais su le sort que vous lui réserviez, jamais je ne vous aurais sauvé la vie...!
- Vous m'avez sauvé la vie ? Comment ça ?
Si vous avez le mot-code MARSOI, rendez-vous au
627.
Si c'est le mot SOIMER que vous avez, rendez-vous au
1266.