L'une des lampes du palier ne veut pas s'allumer. Le couloir dans lequel vous venez d'arriver est plongé dans une semi obscurité inquiétante.
- Ça ne sert à rien d'appuyer sur ce bouton, vous sermonne Tess, vous voyez bien que l'ampoule est grillée.
Elle, elle a l'air de bien s'y retrouver, dans cette pénombre. Elle connaît les lieux, cela se voit. Elle s'arrête devant la porte d'un appartement, prend des clefs dans son sac et en tourne une dans la serrure. Vous la suivez rapidement à l'intérieur d'un petit deux-pièces meublé, pas très bien rangé. L'immeuble au troisième étage duquel vous venez de monter se situe au coeur de Genève, sur la rive sud du lac, non loin de la rade et du fameux Jet d'Eau de la ville. A cette heure avancée de la nuit, vous n'avez pas croisé un chat dans les rues. Vous avez laissé votre voiture dans la ruelle de derrière : elle était trop repérable pour que vous la gariez devant l'immeuble dans lequel vous alliez entrer. Vous n'alliez pas inviter tous les tueurs du coin à venir vous rendre visite.
L'appartement n'est pas abandonné. Quelqu'un doit vivre ici : vous entendez le réfrigérateur ronronner dans le silence de la nuit. D'après les reliefs d'un repas mangé à la va-vite devant la télévision, l'occupant n'a pas mis les pieds ici depuis trois ou quatre jours. Un parfum entêtant plane dans l'air. Il vous dit quelque chose, vous l'avez déjà senti. Ce n'est pas celui de Tess. Pendant qu'elle ferme la porte à clef derrière vous et fait un tour des lieux, vous allez vous débarbouiller dans la salle de bain. Une horloge vous indique qu'il est 5h du matin passées. L'aube n'est pas dans si longtemps, mais vous ne sentez pas le besoin de sommeil. L'adrénaline après cette fuite mouvementée de chez Baby Joe vous maintient encore éveillé. Si vous aviez encore le mot-code VENMAT ou VENPEM, remplacez-le sur votre Feuille d'Aventure par le mot "VENSOI".
- Laissez-moi voir vos bobos.
Vous sursautez. Vous n'avez pas entendu Tess se glisser dans votre dos. Elle vous aide à ôter votre chemise. Comme son regard parcourt votre torse, elle veut faire un commentaire, puis se ravise. Elle examine vos blessures et fait de son mieux pour les panser, avec tout son savoir-faire d'aide-soignante. Après tout ce que vous venez de vivre ce soir, vous la trouvez d'un aplomb incroyable pour réussir à se concentrer si bien sur les problèmes des autres en faisant abstraction des siens. Comme sa main descend le long de votre dos, vous lui faites remarquer :
- Si vous allez plus bas, vous allez me mettre la main aux fesses...!
- Ne vous inquiétez pas. Je voulais juste savoir si votre ancienne plaie vous faisait souffrir.
- Quelle ancienne plaie ?
- Vous avez une cicatrice au bas du dos, au-dessus de la fesse droite. Elle doit remonter à un an environ.
- Je ne la sens même pas. En revanche, j'aime bien vos caresses.
Elle s'interrompt soudain. Elle ne semble pas dans le bon état d'esprit pour badiner.
- Pourquoi est-ce qu'ils m'ont kidnappée ? se demande-t-elle, le regard perdu dans le vide. Qu'ont-ils à craindre de moi ?
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