Votre esprit se débat au milieu de ténèbres noires comme l'enfer. Les langues fuligineuses finissent par se dissiper pour laisser place à une scène étrange. Le pistolet avec silencieux, le Browning, est posé par terre, devant vous, sur un sol carrelé. Vous vous jetez brusquement au sol pour vous en saisir et vous faites feu dans la foulée. Plusieurs coups.
Vous ouvrez brusquement les yeux. Vous vous réveillez d'un coup et réalisez que vous étiez en train de rêver. Mais pas n'importe quel type de rêve. Cette scène où vous ramassez ce pistolet... vous l'avez déjà vécue. Vous venez d'avoir un nouveau flash-back ! Notez le Flash-back 6 sur votre Feuille d'Aventure, avec le numéro de ce paragraphe pour pouvoir vous y référer. Pour la première fois depuis le début de cette histoire, vous avez la rassurante impression que cette arme avec silencieux ne vous appartenait pas avant que vous ne la ramassiez. Si votre impression est juste, d'où sortait-elle ? L'avez-vous prise au meurtrier ? Ou bien est-ce ce que vous aimeriez croire ?
Soudain, vous prenez conscience de ce qu'il y a autour de vous. Vous êtes dans un lit, déshabillé, dans une chambre. La décoration vieillotte vous laisse penser que vous vous trouvez dans une ancienne maison. A votre chevet, plusieurs villageois vous observent. Sous leurs airs bourrus, ils n'ont pas l'air satisfaits de vous voir reprendre connaissance. Ils vous expliquent que vous avez eu de la chance : vous avez passé la nuit inconscient dans votre voiture accidentée, vous avez été retrouvé ce matin seulement par un garde forestier. Il a immédiatement averti les secours qui vous ont ramené au hameau et vous ont provisoirement installé dans la chambre libre d'un couple de retraités. Il n'y avait pas de toubib disponible, mais les secours vous ont diagnostiqué une commotion. Ils préféreraient que vous fassiez des examens pour vous assurer que vous n'avez rien de cassé. Ils vous prient de rester au lit.
Pourtant, vous sentez que vous vous portez comme un charme. Ce repos forcé vous a fait du bien. Vous avez juste très faim. Quand vous leur demandez s'ils n'auraient pas un petit quelque chose à manger, vous les trouvez décidément bien nerveux. Soudain, vous réalisez : vous n'avez plus d'armes sur vous. Ils les ont certainement trouvées. Ils n'ont sûrement pas dû en déduire de bonnes choses à votre égard. Vous vous levez vivement et leur dites vouloir partir sans les importuner davantage, mais vous n'avez pas eu le temps d'enfiler un vêtement que les gendarmes débarquent en force dans le logis. Avertis par les secours que l'homme qu'ils venaient de retrouver inconscient dans sa voiture transportait des armes inhabituelles sur lui, ils sont venus vous interroger. Dès qu'ils vous voient, ils vous reconnaissent comme le suspect dont le portrait-robot fait la une des journaux. Ils sont trop nombreux pour que vous puissiez résister à mains nues et, quoique vous en pensiez, vous n'êtes pas encore très vaillant ; ils vous capturent aisément.
Sous bonne garde, vous êtes conduit à Genève dans l'après-midi, au commissariat central. Toutes vos possessions vous ont été confisquées, comme autant de preuves ou d'indices. Vous vous retrouvez assis poings liés dans le bureau du commissaire. Un inspecteur vous indique les charges retenues contre vous : vous êtes le suspect n°1 dans l'assassinat de Vitto Vogel, le patron du Chicago Ace, tué dans la nuit de lundi à mardi ; deux témoins vous ont vu. Par ailleurs, le dépanneur chargé de dégager votre Mercedes a trouvé dans votre coffre un fusil à lunettes qui achève de vous compromettre. C'est une arme de tueur à gages. Vous n'avez pas le temps de plaider votre cause. Un nouvel individu, et non des moindres, vient d'entrer dans la pièce.
Rendez-vous au
200.