Dans un ultime sursaut de votre instinct de survie, vous rassemblez vos dernières forces et parvenez à asséner un coup de coude dans le ventre de votre assaillant. Le souffle coupé, il relâche prise. Vous vous dégagez du garrot et le repoussez. Avant qu'il ne revienne à la charge, vous plongez au sol pour ramasser son pistolet avec silencieux et lui tirez dessus. Mortellement touché au coeur, il s'effondre. Vous allumez aussitôt et découvrez le visage de votre agresseur. C'est un homme d'une bonne trentaine d'années. Ses impeccables mèches de cheveux qui lui tombent sur le front et ses lunettes rondes lui donnent un air de premier de la classe. Ses grands yeux bleus sont restés ouverts, figés de stupeur.
Vous vous écroulez à votre tour sur la moquette, toussant et crachant vos poumons en feu. Les nerfs à vif, encore choqué, vous êtes incapable de penser pendant trente bonnes secondes. Si votre coeur ne veut pas vraiment croire que c'est vous l'assassin de ce Mr Vogel, ce cadavre-là, qui gît maintenant à côté de vous dans votre chambre, c'est votre oeuvre. Vous devez vous faire à cette idée. Vous savez tuer, votre tir gagnant, dans la pénombre qui plus est, en est la preuve flagrante.
Lorsque vous recouvrez vos esprits, vous jetez un oeil au macchabée. Cet homme était un tueur professionnel, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Etait-il là pour vous ? Vous n'avez pas le temps d'y réfléchir plus amplement : les bruits de votre lutte ont réveillé tout l'étage et le patron, tiré du lit, vient frapper à votre porte pour savoir ce qu'il se passe. S'il vous trouve avec un cadavre dans la chambre, vous ne pourrez pas sortir d'ici. Vous tâchez de vous remettre de vos émotions et vous allez lui ouvrir, juste un peu pour qu'il ne voie que votre visage. Il a l'air grognon du dormeur tiré trop tôt de son sommeil. Vous lui expliquez que vous avez fait tout ce bruit car vous avez dû chasser un rat. Pour donner de la véracité à votre mensonge, vous protestez avec aplomb contre l'hygiène de l'établissement. Vous avez touché là où cela fait mal. Le patron se confond alors en excuses et dit qu'il passera mettre du produit demain. Vous lui claquez la porte au nez et retournez auprès de votre cadavre, qui va vite s'avérer bien encombrant. Vous allez pouvoir passer la nuit ici, avec lui à côté, mais demain, il sera immanquablement trouvé. Votre cote de popularité auprès de la police ne devrait guère s'améliorer...
Vous entreprenez la fouille de votre agresseur, pour en savoir un peu plus sur son identité et ses motivations. Vous prenez son portefeuille dans sa veste : il contient plusieurs cartes de crédit, toutes aussi inutilisables les unes que les autres car vous n'en connaissez pas les codes. Vous y trouvez également 120FS en grosses et petites coupures, ainsi que la carte d'identité de votre tueur, qui répond au nom de Jérémy Dury (conservez-la pour pouvoir la montrer à d'éventuelles personnes). Vous manquez vous étrangler de stupeur quand vous tombez sur une photo de vous, glissée elle aussi dans le portefeuille ! C'était donc vous que cet assassin cherchait à liquider ! Tous les journaux vous accusent d'abord d'un meurtre, et voilà que maintenant on veut vous réduire au silence... Qu'est-ce qu'il peut y avoir dans votre mémoire pour que l'on veuille vous éliminer ? Si seulement vous pouviez vous rappeler...! Le cliché est un portrait de vous, ou du moins une photo de vous qui a été découpée autour de votre visage. Le regard perdu que vous avez dessus laisse penser qu'elle a été prise à votre insu. Mais sans la partie qui a été découpée, impossible de déterminer où elle a pu être prise. (Si vous possédez déjà une photo de vous, en compagnie d'une femme, rendez-vous sans attendre au
944.)
Son pistolet est un Walther P99, une arme redoutablement efficace ; il est toujours doté de son silencieux et il a encore 9 balles dans son chargeur. Vous examinez aussi le garrot qu'il a utilisé pour vous étrangler : il s'agit en fait de la montre du tueur. Elle se présente comme une montre-poignet classique, qui indique la même heure que la vôtre, mais en tirant sur un petit bitoniau qui en dépasse, on sort le fil métallique. Le parfait accessoire de l'assassin ! La Suisse est le pays des montres... de toutes les montres ! Vous récupérez également la clef passe-partout avec laquelle il a crocheté votre serrure, elle peut s'avérer fort utile. Enfin, en le fouillant, vous découvrez quelque chose d'intéressant dans sa manche : il portait un couteau rangé à l'intérieur d'une gaine fixée à son poignet. C'est une arme pratique : d'un mouvement de poignet on fait surgir la lame directement dans la main.
Après avoir choisi ce que vous souhaitez prendre avec vous, faites les modifications nécessaires sur votre Feuille d'Aventure. Remplacez-y le mot-code TUVOAV par le mot "TUABAT" et inscrivez-y le mot "POHOPO" s'il n'y figure pas déjà.
Vous n'avez pas le temps de vous demander si vous devez rester ou non dans votre chambre avec ce cadavre. Il est sûr que, si la police débarquait, vous auriez du mal à vous justifier : un homme sans vie, cela se signale, cela ne sert pas de compagnie. Comme vous vous asseyez sur votre lit pour vous remettre de vos émotions, vous tombez d'épuisement sans même vous en rendre compte. Lorsque vous vous réveillez en sursaut, vous vous rendez compte que le jour filtre par les volets. Vous vous êtes endormi malgré vous, terrassé par la fatigue, et c'est déjà le matin ! Le coeur battant, vous cherchez le cadavre du regard et poussez un long soupir de soulagement en voyant qu'il n'a pas bougé depuis hier. Une chance pour vous, la police n'a pas débarqué, le mort ne s'est pas réveillé, vous avez pu finir votre nuit.
Vous vous rhabillez et rassemblez vos affaires. Vous cachez le corps sous le lit et descendez sans traîner. Vous rendez la clef au gérant sans engager la conversation et disparaissez en toute hâte. Vous ne tenez pas à savoir si le ménage des chambres est fait tôt dans cet hôtel.
Rendez-vous au
880.