Vous vous rasseyez et fermez les yeux. Vous laissez votre esprit vagabonder, songeant à tout ce que vous avez fait depuis que Dédé vous a trouvé amnésique. Déjà mercredi soir, et vous n'avez pas l'impression d'avoir beaucoup avancé dans vos recherches. Vos souvenirs demeurent toujours aussi vagues et, en apparence, inutiles. Comment reconstituer un puzzle quand on n'en a que quelques pièces et qu'on ne sait pas ce qu'il représentera au final ? Quant à votre enquête sur le meurtre de Vitto Vogel, vous n'avez pas vraiment d'indices qui prouveraient que vous n'êtes pas l'auteur du crime. C'est décourageant. Vous espérez de tout coeur que cette Melle Gentric pourra vous aider.
Vous êtes soudain sorti de vos pensées par le cliquetis d'une clef qui tourne dans la serrure. Il est trop tard pour vous cacher, la porte s'ouvre déjà. Une voix féminine s'étonne :
- J'étais pourtant sûre d'avoir fermé ce matin...
Une belle jeune femme entre. Vous ne voyez que sa silhouette à contre-jour dans l'embrasure de la porte. Elle porte un imperméable ouvert par dessus une robe rouge assez voyante et bien échancrée pour la saison, qui moule parfaitement sa taille de guêpe. Elle porte des collants, des bottes en cuir qui lui montent jusqu'aux genoux, et un sac à main assorti en bandoulière. Lorsqu'elle allume, vous découvrez son visage délicat, ses lèvres carmin et ses beaux cheveux noirs aux reflets bleutés, qui lui tombent sur les épaules.
Ces traits... ils vous sont familiers. Cette jeune femme, c'est la brune que vous avez vue dans votre flash-back de la nuit dernière ! C'était ce visage qui était penché sur vous, dans votre rêve, après que vous eûtes lâché le verre. Vous avez déjà vu cette femme. Elle fait partie de votre passé ! La seconde où son regard bleu croise le vôtre semble durer une éternité. Elle étouffe un hoquet de surprise :
- Vous, ici !?
On dirait qu'elle sait qui vous êtes. Mais votre joie est de courte durée quand vous la voyez sortir de son sac à main... un pistolet !
- Restez où vous êtes ! s'écrie-t-elle en le braquant sur vous. Ne bougez plus ! Si vous faites le moindre geste, je vous plombe !
Vous obéissez, vous maudissant intérieurement de vous êtes laissé prendre de cours ainsi. Vous laissez l'initiative de la conversation à la jeune femme :
- Vous avez un sacré culot de vous introduire ainsi chez les gens ! s'indigne-t-elle. Jamais je n'aurais pensé que vous feriez un truc pareil ! A moins que vous ne soyez venu ici pour me tuer à mon tour ? Après Vitto lundi et Stéphanie hier, il ne reste que moi à éliminer pour que nul ne puisse remonter jusqu'à vous, c'est ça ? Mais vous voyez, je suis moins naïve que vous ne le pensiez ! (Son regard se fait plus triste :) Dire que je vous faisais confiance ! Vous m'avez bien possédée ! Je vais vous le faire payer !
Elle a parlé avec un débit tel que vous n'avez pas pu placer la moindre interjection de surprise. Vous voir l'a totalement mise hors d'elle-même. Sa main qui tient l'arme à feu commence à trembler. Cela devient dangereux pour vous, on dirait. Vous êtes encore sonné par le flot d'informations qu'on vient de déverser sur vous, vous avez du mal à tout ingurgiter et à tout analyser. La situation vous a complètement échappé. Cette femme vous connaît, c'est sûr. Vous aimeriez tant qu'elle vous dise enfin qui vous êtes. Mais elle paraît mal disposée à votre égard :
- Maintenant, c'est moi qui mène le jeu, annonce-t-elle. C'est vous qui allez répondre à mes questions. Et pour commencer, vous allez me dire qui vous êtes vraiment !
En entendant cela, votre c?ur se serre. Vos espoirs viennent à nouveau de se briser en éclats.
- J'espérais justement que vous pourriez me le dire, répondez-vous. C'était pour cela que j'étais venu...
- Vous vous fichez de moi ? Qu'est-ce que vous me racontez ?
- Je... je suis amnésique, avouez-vous.
La brune reste un moment interdite, décontenancée, puis se met à hurler comme une hystérique :
- Vous n'avez aucun remords pour rien, vous êtes vraiment une ordure, vous... vous...!
Son doigt se crispe sur la gâchette. Elle va tirer !
Si vous avez un couteau dans une gaine et souhaitez y recourir pour vous défendre, rendez-vous au
1032.
Si vous tentez de la raisonner, rendez-vous au
48.