Pour vous protéger du froid, vous vous emmitouflez dans le plaid aux motifs écossais qui recouvre le canapé. L'odeur de tabac dans ce casino est incommodante, mais vu votre état de fatigue physique et morale, vous saurez faire avec. C'est un lieu incongru pour dormir mais, pour la première fois depuis votre "réveil", vous éprouvez une certaine sensation de sécurité. Hélas, face au vide cosmique qui vous sert de mémoire, ce que vous ressentez de façon la plus oppressante, c'est la solitude. Vous avez peut-être des gens à qui vous raccrocher dans la vie. Mais vous ignorez lesquels. Trop de questions se bousculent dans votre tête, vous n'en pouvez plus. Vous avez besoin de repos, tout cela attendra demain. Vous êtes encore blessé et, bien que vous n'en ayez aucun souvenir, vous sentez que vous avez eu une journée éreintante. Que ce casino soit un coupe-gorge ou pas, vous sombrez dans le sommeil. Grelottant de froid, vous dormez néanmoins profondément, vous ne pensez plus à rien. Plus de filles aux cheveux bleus, personne pour vous tirer dessus... Enfin une pause dans cette nuit de fous !


Le lendemain matin, vous êtes réveillé par l'écho de bruits de pas et d'éclats de voix. Ils viennent du couloir de la bouche d'égout. Dès que vous réalisez le danger, vous attrapez votre parka et vous vous cachez précipitamment derrière le canapé. Juste à temps avant que n'arrive dans le casino une bande d'hommes au pas déterminé. Vous n'avez pas eu le temps de voir leurs visages. Vous n'osez pas montrer le bout du nez ; vous demeurez parfaitement immobile, coincé contre le mur. Vous entendez juste leurs pas ; ils arpentent la salle de long en large tout en proférant des jurons en italien. Vous tendez l'oreille pour saisir ce qu'ils disent dans votre langue :

- J'arrive pas à croire que Vitto se soit fait descendre cette nuit, s'écrie l'un d'eux. Qui a pu faire le coup ?

- Dans le journal, il y a un portrait-robot du gars que soupçonne la police. Ce serait un brun vêtu d'une parka noire. Ils disent aussi que le détective Nils Jacket serait sur l'affaire.

- Pourquoi ça ? s'étonne une troisième voix. En quoi ça regarde ce type ?

- Je ne sais pas, dit un quatrième homme, qui semble être le chef de la bande. Il doit enquêter sur Baby Joe, je suppose.

- Tu crois que c'est un coup de l'Effaceur ?

- Sa réputation serait surfaite, alors.

- On fait quoi maintenant, Luigi ? La police risque de trouver le casino.

- Il faut faire disparaître derrière nous toutes les preuves compromettantes qui pourraient permettre à Lamprey de remonter jusqu'à nous via ce casino.

- Quelles preuves ?

- Les cendriers, les bouteilles vides et surtout... le jeton.


Si vous avez pris le jeton de la table, rendez-vous au 1314.

Si vous l'avez laissé, rendez-vous au 904.