Soudain, votre coeur a un battement plus fort que les autres : le regard du limier s'est posé sur l'attaché-case que vous avez laissé tomber sous une chaise tout à l'heure. Aussitôt il lève les yeux sur vous et vous scrute :
- Cette valise, c'est à vous, n'est-ce pas ? Vous l'aviez en entrant.
Jacket ne paie pas de mine, mais il cache sous son Borsalino la vigilance d'un redoutable professionnel. Il était présomptueux de croire qu'un tel détail lui échapperait.
- Vous ne l'aviez pas avec vous lundi soir. J'en déduis donc que vous l'avez retrouvé après votre perte de mémoire. Est-ce ce que vous êtes allé chercher à la gare hier soir ?
Vous le regardez avec des yeux ronds :
- Comment le savez-vous ?
- Simple supposition. La pagaille que vous avez causée dans la galerie commerciale de Cornavin n'est pas passée inaperçue. Des témoins ont dit que quelqu'un s'était fait tirer dessus. La police a visionné les bandes des caméras de vidéosurveillance et vous ont identifié. Je me suis alors dit : pourquoi s'est-il donc rendu à la gare ? Je me suis dit : peut-être pour aller chercher quelque chose... Qu'y a-t-il dans cette mallette ?
Vous lui ouvrez l'attaché-case et lui montrez les billets. Il émet un long sifflement, ébahi par tant d'argent. Avant qu'il ne vous pose la question, vous lui dites ignorer à quoi rime cette somme extravagante, et vous lui expliquez comment elle est entrée en votre possession. Vous ne manquez pas de mentionner le rôle de Bernie, l'homme sur qui vous avez tiré : il était au courant que vous possédiez cet argent et le convoitait.
- Je ne connais pas cet individu, marmonne Jacket, mais il ne me dit rien de bon. Je me demande comment il pouvait être si bien informé...
- C'est une sorte d'indic de la pègre, donnez-vous en guise d'explication.
- Oui, il a pu entendre une bribe de conversation quelque part. Ou bien il est mouillé jusqu'au cou dans cette affaire. Il faudra que je le découvre. En attendant, je dois récupérer cette mallette. Je ne peux pas vous laisser vous trimballer avec cet argent, comprenez-le. C'est une preuve à verser au dossier. Je dois le faire analyser pour savoir d'où proviennent ces fonds. Nul doute que leur origine est criminelle. De toutes façons, ils ne vous sont plus d'aucune utilité : maintenant vous êtes à ma charge, je m'occupe de vous. Et puis, c'est une chance pour vous de recouvrer la mémoire : la police scientifique va peut-être trouver quelque chose qui permettra de vous identifier.
Vous auriez bien profité encore un peu de cette manne budgétaire, mais n'a-t-il pas raison ? De bonne ou mauvaise grâce, vous êtes obligé de lui céder l'attaché-case et son contenu (effacez le tout de votre Feuille d'Aventure). Il veut l'amener dès maintenant au labo. Il vous demande de rester l'attendre ici, dans sa chambre tout confort. Vous vous voyez mal demeurer sans rien faire tout l'après-midi alors que mille questions sans réponses tournent dans votre tête. Mais vous acquiescez pour lui faire croire que vous acceptez. Dès qu'il sera parti, vous mettrez les voiles. Vous savez où le retrouver, maintenant : dans cet hôtel. Cependant, à peine a-t-il franchi la porte... qu'il la verrouille derrière lui ! Vous vous précipitez pour l'ouvrir mais rien n'y fait : il a fermé à clef. Vous tambourinez dessus en exigeant de savoir pourquoi il vous fait prisonnier.
- Comprenez-moi, se justifie-t-il, je ne peux pas courir le risque que vous disparaissiez de nouveau dans la nature alors que vous êtes le suspect n°1 de cette affaire. Même vous ne savez pas si vous ne méritez pas de l'être ! Et puis, vous êtes un témoin trop important, vous risqueriez de vous faire tuer en sortant d'ici. Mais ne vous inquiétez pas, je reviens dans quelques heures. Il y a des revues de bandes dessinées dans les toilettes.
Vous pestez mais vous n'y pouvez rien. Un rapide examen de la porte vous décourage tout de suite de la forcer : elle est blindée. Jacket a bien choisi son hôtel ; il ne risque pas d'y être dérangé. Les fenêtres donnent sur la rue, plutôt passante. Vous n'êtes qu'au premier étage, mais le malabar de vigile monte la garde à l'entrée. Vous voyez alors Jacket sortir de l'hôtel et aller lui parler. Sans doute lui donne-t-il des directives au cas où vous tenteriez de vous échapper. Vous êtes pris au piège.
Quitte à être bloqué ici, vous en profitez pour vous livrer à une fouille complète des affaires du détective. Très vite vous devez déchanter : vous ne trouvez que des vêtements et des affaires de toilette, le tout dans un désordre négligé. Aucun dossier, rien d'intéressant sur son enquête, il doit tout garder sur lui et semble compter essentiellement sur sa tête pour stocker les informations dont il a besoin.
Si vous possédez une clef passe-partout et désirez l'utiliser pour sortir d'ici, rendez-vous au
1146.
Sinon, vous êtes bloqué dans cette chambre ; rendez-vous au
883.