Le réceptionniste de l'Ostermann vous a dit que la gare routière était "à côté" de la gare ferroviaire. Elle se situe à quelques rues de là, sur une petite place que vous ralliez à pied. Si vous êtes venu en voiture, vous tâchez de mémoriser l'endroit où vous la laissez garée ; vous pourrez la récupérer si vous revenez à la gare de Cornavin.
Vous arrivez juste à temps pour prendre votre car, qui allait partir. Vous donnez votre billet au chauffeur et montez. Vous n'avez pas trop aimé la façon dont il vous a inspecté de haut en bas, comme si vous étiez un extra-terrestre, mais vous comprenez mieux en voyant comment sont habillés les autres passagers. Ils sont tous en tenue de randonnée, avec grosses chaussures de marche, coupe-vent, sac à dos et nécessaire en cas de pluie. Avec votre tenue de ville, vous avez dû passer pour un touriste. N'y a-t-il que les randonneurs pour se rendre à Pointe Blanche ? L'endroit doit être particulièrement paumé. Un bon endroit pour se cacher.
Votre car démarre et sort de la ville avec aisance en dépit de la circulation. Vous voici hors de Genève. Le chauffeur suit une nationale, mais très vite il s'engage sur des petites routes plus vallonnées. Durant le trajet, nul ne fait attention à vous. Tout le monde semble très excité par les chemins de montagne qu'ils s'apprêtent arpenter. Ils craignent juste que la pluie ne les surprenne et transforme les sentiers en boue. Vous apprenez que le car ne se rend à Pointe Blanche qu'en début et en fin de week-end, pour emmener et ramener les randonneurs. Quand la route commence à fortement s'élever, vous comprenez que vous êtes bientôt arrivé. Quand le chauffeur annonce le terminus, vous êtes surpris de voir que vous ne vous trouvez pas à Pointe Blanche, mais dans un hameau portant un autre nom.
- Pointe Blanche ? C'est le nom du terminus, mais jamais aucun car n'a pu monter là-bas, mon bon monsieur ! vous explique le conducteur. C'est un trou perdu tout en haut de la montagne. Les sentiers qui y mènent sont impraticables pour les voitures, alors vous pensez, avec mon car...
- Mais, c'est là-bas que je voulais me rendre...
- Eh bien vous n'avez qu'à faire comme les autres : marcher. Tâchez de louer avant un équipement adapté, quand même...
Vous voilà dans une situation peu amusante. Perdu seul dans un patelin de montagne dont vous ignorez tout des environs, sans équipement de randonnée, avec la pluie qui menace, à la recherche d'une femme qui s'y cacherait peut-être... Pourtant, vous ne pouvez pas reculer maintenant. Vous sentez que vous êtes sur une piste majeure dans votre quête d'identité.
Vous descendez du car, au
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