Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

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Pour trouver la gare, il suffirait de suivre la première voie ferrée que vous croiseriez, mais vous avez encore plus simple. Vous réalisez avec bonheur que votre moto est équipée d'un GPS intégré assez perfectionné. Vous lui demandez l'adresse de la gare de Cornavin. Elle est située sur la rive nord du Rhône. Vous démarrez en trombe, entrez dans la ville et rejoignez le fleuve. La circulation est dense à cette heure, mais vous n'avez aucun mal à vous faufiler entre les voitures embouteillées. Votre principal problème est la signalisation au sol, qui paraît dénuée de toute logique. Plusieurs fois vous devez changer de file au dernier moment, ce qui vous vaut des coups de klaxons furieux. Comme vous roulez sans casque, vous tâchez de conduire prudemment, pour ne pas vous faire remarquer. Il serait dommage de vous faire arrêter pour un motif aussi bête. Vous longez la rive un moment puis obliquez vers le nord. Vous parvenez bientôt à une grande place totalement encombrée de voitures. Bus, taxis et tramways ont toutes les peines du monde pour s'extraire du chaos. Derrière l'embouteillage, vous découvrez la longue façade de la gare de Cornavin, avec la traditionnelle horloge en son centre.

Ce monstrueux bouchon est imputable aux nombreux fourgons de gendarmerie qui ont envahi la place. D'où vous êtes, vous apercevez des policiers qui filtrent les entrées des voyageurs, tandis que des troupes de gendarmes font des rondes autour du bâtiment. Cela a toutes les allures d'un dispositif spécial pour contrer une menace terroriste. Vous vous demandez comment vous allez pouvoir pénétrer à l'intérieur pour y voir les consignes. Toutes les issues principales sont bloquées. Vous garez votre moto et vous vous approchez. Vous contournez de loin le bâtiment, à la recherche d'un moyen d'accès non gardé. L'accès au parking s'avère étroitement gardé, tout comme les escalators qui descendent depuis les quais du tram. Vous pouvez tirer une croix sur ces accès-là. Pour ne pas donner l'air de trop vous intéresser au dispositif policier, vous jetez un oeil au journal de ce matin dans un présentoir à journaux gratuits. Vous vous retenez alors d'étouffer un cri de surprise en découvrant que la photo à la une... c'est vous !


On dirait une sorte de portrait-robot. Poussé par la curiosité, vous en prenez un exemplaire pour en savoir davantage. Le gros titre de l'actualité ce matin est le meurtre de Vitto Vogel, le propriétaire du bar le Chicago Ace, retrouvé abattu d'une balle dans la tête dans son bureau au premier étage de son établissement. Le principal suspect est un homme brun, vêtu d'une parka noire, aperçu par un policier en planque devant le troquet. Un portrait-robot a été établi et diffusé dans tout le canton de Genève ; c'est ce portrait qui fait la une.

A y regarder de plus près, il est plus vague que vous ne l'avez cru, heureusement pour vous. Néanmoins, il n'y a aucun doute là-dessus : c'est de vous qu'il s'agit ! Vous êtes considéré comme armé et dangereux. Dans l'article en pages intérieures, vous apprenez que le détective Nils Jacket, connu pour avoir démasqué l'an dernier le célèbre espion l'Agent X, est venu prêter main forte à la police suisse, ce qui signifie que le tueur recherché est un gros gibier. Le sang glacé par ces nouvelles, vous vous éloignez en relevant le col de votre parka, pour cacher vos traits. Avec votre visage en première page des journaux, vous allez devoir vous montrer discret dorénavant. D'ailleurs, vous y songez : et si c'était pour vous attraper que tous ces policiers ont été déployés ici à la gare ? Ce serait proprement hallucinant. Seriez-vous un dangereux maniaque qui s'ignore ?

C'est d'ailleurs toute la question : êtes-vous un assassin ou pas ? Une question atroce, en fait. Vous en connaissez la réponse, mais vous ne vous en rappelez pas, c'est rageant. Cela risque de vous brûler de l'intérieur tant que vous ne saurez pas la vérité. Votre souhait le plus cher était déjà de vous souvenir qui vous êtes ; vous avez maintenant tout intérêt à y parvenir au plus vite, pour savoir si vous êtes innocent ou coupable. Et l'un des moyens d'y parvenir peut se trouver dans la consigne qu'ouvre votre clef.

La seule façon d'entrer que vous voyez, c'est de passer par en-dessous : une galerie commerciale occupe les sous-sols de la place et débouche directement dans la gare. Vous repérez un escalator situé de l'autre côté de la place, qui paraît sans surveillance. Est-ce votre chance ?


Soudain, en revenant sur vos pas, vous stoppez net : deux policiers en uniformes s'affairent autour de votre moto. Ils sont en grande discussion, et l'un d'eux a un talkie-walkie collé à l'oreille. Malgré la distance, vous saisissez quelques bribes de leurs propos. Ils disent avoir retrouvé la Honda qu'ils recherchaient. C'est alors que vous réalisez : si la moto que vous avez volée est équipée d'un GPS, elle est sans doute dotée aussi d'une puce GPS. Grâce à elle, en cas de vol, la police peut sans problème localiser la position du véhicule et le suivre à la trace. Vous auriez dû vous débarrasser de cette moto au plus vite. Vous devez vous résigner à l'abandonner là.


Si vous tenez quand même à entrer dans la gare, vous pouvez emprunter l'escalator que vous aviez repéré au 1337.

Si vous estimez l'endroit décidément trop dangereux, vous pouvez partir d'ici, au 162.