Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 898

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Prenant votre courage à deux mains, vous enlevez votre parka (si vous avez une boîte de conserve sur vous, vous devez l'abandonner) et vous descendez en équilibre sur la corniche du toit. Elle est très étroite et votre tête tourne encore, aussi prenez-vous mille précautions à chaque fois que vous posez le pied. Vous essayez de ne pas regarder dans le vide. Dans la rue en bas, une ou deux voitures passent, mais pas de policiers. Ils sont trop occupés à vous suivre dans l'escalier. Vous jetez votre parka en travers du câble électrique et en faites pendre les manches de part et d'autre. Si haut au-dessus du sol, vous commencez à vous demander si sauter dans le vide est une si brillante idée. Soudain, une voix rugit dans votre dos :

- Où est-il ? Où est-ce qu'il est passé ?

Ce sont les policiers qui viennent d'arriver sur le toit. Ils vous cherchent des yeux mais, sur la corniche, vous êtes caché par le rebord. Seulement voilà, vous ne pouvez plus remonter sur le toit. Impossible de faire marche arrière maintenant. Vous inspirez un grand coup.

- Il est là, sur la corniche ! hurle-t-on.

Il faut y aller.

Vous sautez.

Solidement agrippé à votre tyrolienne de fortune, vous glissez le long du câble, plus de dix mètres au-dessus de la rue. Les éclats de voix de vos poursuivants sont déjà loin derrière vous, mais vous avez l'impression que cette descente vertigineuse dure depuis une éternité. Si bien que l'atterrissage sur le toit d'en face vous surprend par son immédiateté. Quand vos pieds entrent en contact avec la surface solide, vos mains fatiguées lâchent et vous partez en roulé-boulé, emporté par votre élan.

Aussitôt remis de ces émotions, vous vous relevez et renfilez votre parka, qui ne semble pas avoir trop souffert d'avoir râpé contre le câble. Vous n'avez pas de temps à perdre : le train est en train de passer devant votre immeuble et vous allez le manquer. Vous courez le long du bord du toit dans le même sens que ce qui paraît être un convoi de fret et sautez sur son toit. Vous vous étalez de tout votre long et, surpris par la vitesse du train, vous avez toutes les peines du monde à vous cramponner. Lorsque vous y parvenez, vous osez alors regarder dans la direction de l'immeuble où sont encore les policiers, que vous imaginez stupéfaits de votre fuite spectaculaire. Ils ne doivent pas voir ça toutes les nuits à Genève ! Votre c?ur bat très fort, mais vous avez réussi à vous sortir d'un sacré guêpier.

Vous n'êtes cependant pas au bout de vos peines. Le train, qui roulait déjà doucement, se met à ralentir davantage. Vous regardez devant : s'il était si peu rapide, ce n'est pas parce qu'il quittait la gare, mais parce qu'il s'apprêtait à y entrer. La police doit le savoir et ne devrait pas tarder à rappliquer. Avant même que votre wagon soit complètement immobilisé, vous descendez par l'échelle de sécurité et sautez sur la voie. Vous vous doutez que les policiers vont vous attendre dans la gare ; vous prenez donc la direction opposée et allez vous perdre dans les rues, au 1229.