Votre sauveteur enfonce la pédale d'accélérateur et vous fuyez sur les chapeaux de roue la foule en colère. Il était moins une ! Un passant tape sur votre vitre, mais ne réussit qu'à se faire mal à la main. Lorsque vous êtes hors de leur vue, vous prenez le temps d'examiner votre chauffeur : c'est un petit homme sec, aux cernes appuyés. Il se satisfait d'avoir semé vos poursuivants :

- Eh bien, c'était limite ! se réjouit-il avec un léger accent italien. J'ai mis du temps à te retrouver, Allister, mais juste à temps, à ce que je vois !

- Vous... vous m'avez appelé comment ?

- Hé hé, ça t'embouche un coin que je sache ton nom, avoue !

- Euh... oui, j'avoue.

- Je l'ai demandé à l'accueil de l'hôtel. Ça m'avait embêté que t'aies pas voulu me le dire, alors j'ai fouiné, comme d'hab'. On ne la fait pas à Bernie le Dingue, je t'ai déjà dit !

- Comment m'avez-vous retrouvé ?

- J'ai su que t'étais passé là hier, alors je me suis dit que tu créchais peut-être dans le coin, maintenant. Il paraît que t'as fait des tiennes, par ici. La serveuse dessoudée, c'est toi ?

- Je... je ne comprends rien de ce que vous me dites.

- Hé ho, Allister, tu débarques d'où, là ? T'as trop forcé sur le chichon chez Vogel ou quoi ? Tu ne me remets plus ? Moi, ton vieux pote Bernie !

- Depuis quand sommes-nous amis ?

- Ok, depuis deux semaines seulement, je te l'accorde. Mais là, je viens de te sauver la vie, je te signale ! Sans parler de tout ce que tu m'as demandé de faire la semaine dernière.

- Ah oui ? Quoi donc ?

- Ah c'est comme ça ? Tu veux faire ton ingrat et oublier tout ce que tu me dois ? Qui c'est qui t'a dit que Vogel était le maillon faible du réseau de Baby Joe, hein ? Qui t'a donné l'adresse de Tess, et même son digicode ? Je te rappelle qu'avec ta dégaine, personne ne voulait t'adresser la parole, à la table de poker, la fois où nous nous sommes rencontrés. Alors fais pas celui qui a tout oublié, tu veux bien ? Et puis, t'as encore besoin de ton pote Bernie.

- Pour quoi ?

- Pour te cacher des flics, pardi. T'as descendu Vogel, bravo à toi. Maintenant, t'as intérêt à disparaître.

- Qui vous dit que c'est moi qui ai tué Vogel ?

- Roh, à d'autres ! Je suis sûr que c'est toi. Tu posais trop de questions sur lui. Tu voulais tant obtenir un rendez-vous avec lui. Tu le traquais, comme un tueur. Fais pas l'innocent. Je suis pas né de la dernière pluie. J'ai le nez pour repérer les gars dans ton genre.

Cet homme semble en savoir beaucoup sur vous, mais il ne vous inspire décidément aucune confiance. Comment pûtes-vous sympathiser avec un tel individu ? Il est persuadé que vous savez qui il est ; comment réagirait-il s'il apprenait que vous êtes amnésique ?


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