Prenant votre courage à deux mains, vous enlevez votre parka (si vous avez une boîte de conserve sur vous, vous devez l'abandonner) et vous descendez en équilibre sur la corniche du toit. Elle est très étroite et votre tête tourne encore, aussi prenez-vous mille précautions à chaque fois que vous posez le pied. Vous essayez de ne pas regarder dans le vide. Dans la rue en bas, plusieurs policiers ont la tête levée, mais ils ne regardent pas vers vous ; ils suivent des yeux leurs collègues qui sont montés derrière vous sur le toit du Chicago Ace. Vite, vous devez vous presser avant qu'ils ne tournent la tête dans votre direction. Stressé, vous jetez votre parka en travers du câble électrique et en faites pendre les manches de part et d'autre. Si haut au-dessus du sol, vous commencez à vous demander si sauter dans le vide est une si brillante idée. Tout à coup, une voix hurle en bas :
- Là-haut, sur la corniche, il y a un type !
Les policiers dans la rue vous ont aperçu ! Vous ne pouvez plus faire marche arrière maintenant. Vous inspirez un grand coup.
Il faut y aller.
Vous sautez.
Solidement agrippé à votre tyrolienne de fortune, vous glissez le long du câble, plus de dix mètres au-dessus de la rue. Pris de court par votre coup d'audace, les gardiens de la paix mettent quelques secondes avant de sortir leurs revolvers et faire feu sur vous. Ces quelques secondes -pourtant si longues- vous ont suffi pour franchir presque toute la rue. Au moment où vous pensez avoir échappé à leurs tirs, une fulgurante douleur vous frappe à la hanche ! Si aiguë et soudaine que vous en lâchez votre parka. Vous atterrissez avec fracas sur le toit d'en face et roulez sur quelques mètres.
Vous vous relevez tout contusionné, le bas de votre chemise couvert de sang. Sur votre Feuille d'Aventure, noircissez toutes vos cases Santé et notez le mot-code "GRABLE". Eperonné par l'adrénaline, vous ne cherchez pas à savoir où vous avez été blessé et vous remettez en action sans attendre. Vous ramassez et renfilez votre parka, tombée sur le toit quelques mètres plus loin. Elle ne semble pas avoir trop souffert d'avoir râpé contre le câble. Vous n'avez pas de temps à perdre : le train est en train de passer devant votre immeuble et vous allez le manquer. Vous courez le long du bord du toit dans le même sens que ce qui paraît être un convoi de fret et sautez sur son toit. Vous vous étalez de tout votre long et, surpris par la vitesse du train, vous avez toutes les peines du monde à vous cramponner. Lorsque vous y parvenez, vous osez alors regarder dans la direction de l'immeuble d'où vous vous êtes élancé. Vous imaginez les policiers stupéfaits de votre fuite spectaculaire. Ils ne doivent pas voir ça toutes les nuits à Genève ! Votre coeur bat très fort, mais vous avez réussi à vous sortir d'un sacré guêpier.
Vous n'êtes cependant pas au bout de vos peines. Le train, qui roulait déjà doucement, se met à ralentir davantage. Vous regardez devant : s'il était si peu rapide, ce n'est pas parce qu'il quittait la gare, mais parce qu'il s'apprêtait à y entrer. La police doit le savoir et ne devrait pas tarder à rappliquer. Avant même que votre wagon soit complètement immobilisé, vous descendez par l'échelle de sécurité et sautez sur la voie. Vous sentez alors une douleur violente de côté. La balle vous a transpercé le flanc gauche, au-dessus de la hanche. Vous vous retenez de vous mordre la langue tant vous avez mal. Mais vous n'avez pas le temps de vous apitoyer sur votre souffrance, vous devez fuir d'ici. Vous doutant que les policiers vont vous attendre dans la gare, vous prenez donc la direction opposée.
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S'il n'y figure pas, rendez-vous au
617.