Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 978

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Si vous aviez ce briquet sur vous, c'est peut-être parce que vous avez déjà mis les pieds dans ce bar. Cela vaut le coup de creuser cette piste : visiter un lieu connu peut raviver certains souvenirs, et vous pouvez y trouver quelqu'un qui vous connaît. Au point où vous en êtes, toute piste est bonne à prendre, de toutes façons. Le dessin de femme dénudée sur le briquet vous laisse penser que ce troquet ne cherche pas attirer une clientèle vertueuse. Quel genre d'homme étiez-vous pour fréquenter pareil endroit ? L'adresse est indiquée sur le briquet, sous le logo de l'établissement. Vous réalisez avec bonheur que votre moto est équipée d'un GPS intégré assez perfectionné. Vous y entrez l'adresse du Bunny Charms et il vous donne l'itinéraire à suivre. Vous démarrez en trombe et entrez dans Genève. La circulation est dense à cette heure, mais vous n'avez aucun mal à vous faufiler entre les voitures embouteillées. Comme vous roulez sans casque, vous tâchez de conduire prudemment, pour ne pas vous faire remarquer. Il serait dommage de vous faire arrêter pour un motif aussi bête.

Vous arrivez bientôt en vue du bar. C'est un bistrot à la façade discrète, plus sobre que le dessin du briquet ne le suggérait. Avant de vous garer, vous restez caché et observez les environs, pour vous assurer qu'aucun danger ne vous guette. Quel réflexe étrange de votre part. Vérifier que la voie est sûre semble un automatisme chez vous. Comme ce n'est guère le temps pour les introspections, vous laissez votre moto sur le trottoir en face du café et vous vous y dirigez.


Passant devant un présentoir à journaux gratuits, vous vous arrêtez brusquement pour regarder la une. Non, vous ne rêvez pas : c'est bien votre visage en première page ! Poussé par la curiosité, vous en prenez un exemplaire pour en savoir davantage. Le gros titre de l'actualité ce matin est le meurtre de Vitto Vogel, le propriétaire du bar le Chicago Ace, retrouvé abattu d'une balle dans la tête dans son bureau au premier étage de son établissement. Le principal suspect est un homme brun, vêtu d'une parka noire, aperçu par un policier en planque devant le troquet. Un portrait-robot a été établi et diffusé dans tout le canton de Genève ; c'est ce portrait qui fait la une.

A y regarder de plus près, il est plus vague que vous ne l'avez cru, heureusement pour vous. Néanmoins, il n'y a aucun doute là-dessus : c'est de vous qu'il s'agit ! Vous êtes considéré comme armé et dangereux. Dans l'article en pages intérieures, vous apprenez que le détective Nils Jacket, connu pour avoir démasqué l'an dernier le célèbre espion l'Agent X, est venu prêter main forte à la police suisse, ce qui signifie que le tueur recherché est un gros gibier. Le sang glacé par ces nouvelles, vous vous éloignez en relevant le col de votre parka, pour cacher vos traits. Avec votre visage à la une des journaux, vous allez devoir vous montrer discret dorénavant.

Êtes-vous un assassin ou pas ? Cette question est atroce, en fait. Vous en connaissez la réponse, mais vous ne vous en rappelez pas, c'est rageant. Cela risque de vous brûler de l'intérieur tant que vous ne saurez pas la vérité. Votre souhait le plus cher était déjà de vous souvenir qui vous êtes ; vous avez maintenant tout intérêt à y parvenir au plus vite, pour savoir si vous êtes innocent ou coupable. Et l'un des moyens d'y parvenir se trouve peut-être au Bunny Charms. Vous en poussez la porte.


Les quelques clients dans la grande salle ne lèvent même pas la tête pour voir qui vient d'entrer. Au fond du bar, une estrade couverte de velours noir et jalonnée de barres de strip-teaseuses s'avance au milieu des tables, ce qui vous confirme que, sous ses dehors bien comme il faut, le Bunny Charms n'est pas le genre de lieu que fréquentent les nonnes.

Une serveuse aux longs cheveux blond vénitien déambule dans la salle, plutôt sexy en minijupe et bottes en cuir. Détail coquin : elle est coiffée d'oreilles de lapine, à l'image de la pin-up du briquet. Lorsqu'elle vous voit, elle pousse soudain un cri d'horreur et en lâche son plateau, qui tombe par terre dans un grand fracas de verres brisés. Elle semble stupéfaite et effrayée, comme si elle venait de voir un fantôme. Avant même que vous n'ayez pu réagir, elle s'enfuit dans l'arrière-boutique. Toutes les conversations se sont tues d'un coup ; les clients se demandent ce qu'il se passe. Derrière le comptoir, le tenancier, un homme trapu et complètement chauve, arborant une fière moustache germaine, vire au cramoisi lorsqu'il vous reconnaît :

- Vous ?! Ici ! Vous osez revenir dans mon bar ?! J'appelle tout de suite la police !

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Si vous possédez toujours votre Browning, vous pouvez menacer discrètement le tenancier avec, pour qu'il se calme ; rendez-vous pour cela au 669.

Si vous voulez lui proposer de l'argent pour l'amadouer, rendez-vous au 228.

Si vous préférez sortir immédiatement, rendez-vous au 161.