Vous optez pour une honorable enseigne, pas trop tape-à-l'oeil, "L'International Palace". L'hôtesse d'accueil vous accueille sans conviction, avec un sourire gêné à la vue de votre allure négligée. Elle doit vous prendre pour un mendiant, aussi a-t-elle de la peine à dissimuler son étonnement quand vous dites venir prendre une chambre pour la nuit. Elle va trouver son responsable, un homme guindé aux petits yeux porcins ne cadrant pas avec son visage émacié, qui prend un air soupçonneux en vous découvrant.
- Puis-je informer Monsieur que la chambre la moins chère que propose notre établissement coûte 250FS la nuitée ? vous dit-il avec dédain.
- Elle m'ira très bien. Remettez-m'en la clef.
Lorsqu'il voit l'argent que vous étalez sur son comptoir, son expression change du tout au tout : il prend son sourire le plus accort, encaisse la monnaie et vous donne le clef de votre chambre avec des paroles mielleuses.
Un ascenseur panoramique vous conduit au 4ème étage, vous offrant à la montée une belle vue de Genève la nuit. Vous prenez vos quartiers dans une chambre spacieuse et bien aménagée, avec salle de bains et toilettes privatives. Le grand lit s'annonce confortable, et un grand écran LCD vous permet de zapper entre une centaine de chaînes du monde. Avant toute chose, vous prenez une bonne douche purifiante. Si vous le souhaitez, l'hôtel fournit le nécessaire pour se raser.
Vous vous mettez au lit, devant la télévision, mais la profusion de chaînes ne vous garantit pas l'abondance de programmes intéressants. Vous mettez une chaîne d'infos francophone, pour voir si l'on va parler de ce qu'il se trame à Genève. Mais aucun sujet n'arrive, si bien que vous décrochez. Vous vous sentez si seul, abandonné. Et plein d'interrogations. Comment vivrez-vous si vous ne parvenez jamais à vous rappeler qui vous êtes ? N'y a-t-il donc personne qui vous a jamais connu sur cette Terre, ne serait-ce que votre nom ? Et si c'était bien vous le meurtrier de Vogel ? Pourriez-vous vivre avec ce poids sur la conscience ? Vous luttez de toutes vos forces contre cette idée, tant vous vous sentez incapable d'être un criminel. Pourtant, vous vous y connaissez en armes, et vous en aviez une dans la main lundi soir. Si c'est vous qui avez refroidi le patron du Chicago Ace, ne vous aurait-on pas contraint de le faire ? Vous étiez peut-être en état de légitime défense...?
Votre lassitude est telle que, sans vous en rendre compte, vous vous endormez. Les images ne cessent pas pour autant de défiler dans votre tête. Vous revoyez le pistolet avec silencieux, le Browning. Il est posé par terre, sur un sol carrelé. Vous vous jetez à terre pour vous en saisir et vous faites feu dans la foulée. Plusieurs coups. Vous ouvrez brusquement les yeux. Vous réalisez que vous vous étiez endormi et que vous étiez en train de rêver. Mais pas n'importe quel type de rêve. Cette scène où vous ramassez ce pistolet... vous l'avez déjà vécue. Comme la nuit dernière, vous venez d'avoir un flash-back ! Notez le Flash-back 6 sur votre Feuille d'Aventure, avec le numéro de ce paragraphe pour pouvoir vous y référer. Pour la première fois depuis le début de cette histoire, vous avez la rassurante impression que cette arme avec silencieux ne vous appartenait pas avant que vous ne la ramassiez. Si votre impression est juste, d'où sortait-elle ? L'avez-vous prise au meurtrier ? Ou bien est-ce ce que vous aimeriez croire ?
Vous parvenez à vous rendormir et, quand le matin point, vous avez pu prendre un repos bien mérité. Blanchissez l'une de vos cases Santé. Vous vous rhabillez, reprenez vos affaires et descendez à la réception. Vous y rendez la clef de votre chambre, sauf si vous souhaitez la réserver pour la nuit prochaine, auquel cas on vous réclame 250FS à payer d'avance. Si vous transportez avec vous un bagage à main et le trouvez trop encombrant, vous pouvez alors le laisser dans votre chambre. Vous le récupérerez quand vous reviendrez ici. Notez bien sur votre Feuille d'Aventure ce que vous laissez ; vous n'y aurez pas accès, mais on ne pourra pas vous en dépouiller.
Lorsque vous sortez de l'hôtel, la charmante hôtesse d'hier vous salue et vous souhaite une bonne journée, avec un sourire plus franc, cette fois.
Rendez-vous au
1213.