Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

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Votre GPS vous indique l'itinéraire pour la gare de Cornavin, située sur la rive nord du Rhône. Vous démarrez en trombe, entrez dans la ville et rejoignez le fleuve, que vous longez un moment avant d'obliquer vers le nord. La circulation est presque fluide, mais votre principal problème est la signalisation au sol, qui paraît dénuée de toute logique. Plusieurs fois vous devez changer de file au dernier moment, ce qui vous vaut des coups de klaxons furieux. Vous parvenez bientôt à une grande place totalement encombrée de voitures. Bus, taxis et tramways ont toutes les peines du monde pour s'extraire du chaos. Derrière l'embouteillage, vous découvrez la longue façade de la gare de Cornavin, avec la traditionnelle horloge en son centre.

Ce monstrueux bouchon est imputable aux nombreux fourgons de gendarmerie qui ont envahi la place. D'où vous êtes, vous apercevez des policiers qui filtrent les entrées des voyageurs, tandis que des troupes de gendarmes font des rondes autour du bâtiment. Cela a toutes les allures d'un dispositif spécial pour contrer une menace terroriste. Vous vous demandez comment vous allez pouvoir pénétrer à l'intérieur pour y voir les consignes. Toutes les issues principales sont bloquées. Vous contournez de loin le bâtiment, à la recherche d'un moyen d'accès non gardé. L'accès au parking souterrain s'avère étroitement surveillé, tout comme les escalators qui descendent depuis les quais du tram. Vous pouvez tirer une croix sur ces accès-là. Vous songez à une chose : et si c'était pour vous attraper que tous ces policiers ont été déployés ici à la gare ? Ce serait proprement hallucinant. Seriez-vous donc un dangereux maniaque qui s'ignore ? La réponse à cette question se trouve peut-être dans la consigne qu'ouvre votre clef. La seule façon d'entrer que vous voyez, c'est de passer par en-dessous : une galerie commerciale occupe les sous-sols de la place et débouche directement dans la gare. Vous repérez un escalator situé de l'autre côté de la place, qui paraît sans surveillance. Est-ce votre chance ?


Soudain, un frisson vous parcourt l'échine : deux policiers en uniformes sont en train de vous observer avec une attention qui vous met mal à l'aise. Ils sont en grande discussion, et l'un d'eux a un talkie-walkie collé à l'oreille. On dirait qu'ils regardent tout particulièrement votre moto. Ont-ils reconnu la Kawasaki qu'a volé l'homme du portrait-robot pour s'enfuir de l'hôpital et dont le signalement a dû être communiqué à toutes les unités ? Vérifient-ils la plaque d'immatriculation de votre moto ?

Comprenant que vous allez avoir des ennuis dans les secondes à venir, vous pressez la manette des gaz et démarrez au quart de tour. Vous avez déjà fait cent mètres quand vous entendez les agents hurler derrière vous. Vous regardez dans votre rétroviseur et les voyez faire de grands gestes avec les bras. Tout à coup, une voiture de police surgit devant vous pour vous bloquer la route. Vous freinez brusquement mais allez encore suffisamment vite pour la percuter de plein fouet. Vous emboutissez votre moto et valdinguez par-dessus le capot. Vous boulez sur le sol mais ne perdez pas connaissance. Poussé par la soudaine adrénaline, vous vous relevez, tout contusionné. Noircissez l'une de vos cases Santé. Les représentants de l'ordre vous ont rejoint, leurs pistolets dégainés et désormais braqués sur vous. Ils vous intiment l'ordre de vous rendre. Dans votre état, vous n'avez pas d'autre choix que d'obtempérer.

Rendez-vous (c'est le cas de le dire) au 346.