Vous gagnez l'arrière du bar sans avoir l'air de rien et vous vous approchez de la porte de service, qui a été laissée déverrouillée. Le plus discrètement possible, vous brisez les scellés laissés dessus par la police et vous la franchissez subrepticement. La refermant soigneusement derrière vous, vous avancez à présent dans un couloir plongé dans une relative pénombre. Une porte à double battant s'ouvre bientôt sur votre droite. Elle donne sur la cuisine du restaurant. Le Chicago Ace devait servir des plats simples aux clients du midi et du soir. Tout de suite à gauche en entrant dans la pièce une porte arbore un écriteau "WC". Elle est à moitié ouverte et vous constatez que la dernière personne à y être passée a oublié d'éteindre. Les murs des sanitaires sont d'une effroyable saleté et une odeur nauséabonde se dégage du trou. Pourtant, la cuvette et les sols ont été nettoyés très récemment. Vous en déduisez que ce sont les enquêteurs qui l'ont fait, vu qu'il n'y a pas trace de leur passage. La nuit du meurtre, le temps était humide et les trottoirs mouillés par la pluie d'automne ; leurs chaussures humides auraient dû laisser des traces. C'est une information intéressante : s'ils ont lavé ce WC, c'est qu'ils ont dû l'examiner et y recueillir quelque chose, à la fois dans la cuvette et sur le sol.
Vous fouillez rapidement la cuisine mais n'y trouvez rien qui sorte de l'ordinaire : de la vaisselle, des réserves de nourriture, des livres de recette. Vous pouvez y prendre l'un des couteaux de cuisine, l'un des moins volumineux de préférence. Si vous n'avez pas déjà sur vous un sandwich ou une boîte de conserve ou une bouteille ou un livre, vous pouvez vous emparer d'une boîte de conserve, de lentilles, par exemple. Mais, compte tenu de son poids et de son encombrement, vous ne pouvez en prendre qu'une seule ; vous ne pouvez pas en stocker davantage dans votre veste. Pour vous éviter de manger avec les doigts, vous pouvez voler une cuillère. Notez vos éventuelles nouvelles possessions sur votre Feuille d'Aventure.
Vous revenez dans le couloir et y continuez votre exploration. Vous arrivez bientôt dans la salle principale de l'établissement, celle dans laquelle les clients entrent lorsqu'ils franchissent la porte d'entrée. La grande baie vitrée au fond de la pièce donne d'ailleurs sur la rue. Le Chicago Ace porte bien son nom : les banquettes usagées, les chaises en bois, les tables sur lesquelles trônent des cendriers -vides- aux marques obsolètes, les lustres aux abat-jour démodés... tout est dans le style des bars que l'on voit dans les films de gangsters américains des années 30. Sur les murs sont affichés des posters du boxeur James J. Braddock ou de l'actrice Veronica Lake. Derrière le comptoir trône une statue d'un loup sorti tout droit d'un Tex Avery et au fond de la salle, un vieux juke-box à pièces propose plusieurs vinyles de swing. Seule la borne d'arcade The Punisher dépareille au tableau.
Il semblerait que l'on se soit combattu dans cette pièce. Des tables et des chaises sont renversées, des morceaux de cendriers cassés jonchent le sol, et des impacts de balles sur les murs et sur les boiseries ont été entourés à la peinture blanche. Les policiers qui sont tombés sur cette scène de lutte ont tout laissé en l'état, hormis les impacts qu'ils ont indiqués à la balistique.
Tout de suite à votre gauche, avant d'entrer dans cette grande salle, un petit renfoncement donne sur deux portes, toutes les deux béantes. Celle de droite donne sur un escalier qui descend vers le sous-sol, celle de gauche sur un escalier qui monte à l'étage. La serrure de cette dernière est complètement détruite, comme si quelqu'un l'avait fait sauter d'un coup de revolver. Juste avant ces deux portes, votre oeil averti remarque un appareil noir fixé au plafond : une caméra. Tournée vers le sol, elle filme quiconque vient de la salle commune ou du couloir des cuisines et qui se rend à l'une des deux portes derrière elle. Si vous souhaitez emprunter l'un de ces escaliers, vous ne pouvez faire autrement que de passer devant son objectif.
Avant d'y songer, vous fouillez rapidement la grande salle, en prenant garde au cas où un badaud passerait devant la baie vitrée et regarderait à l'intérieur. Peine perdue : vous ne trouvez rien d'intéressant. Les forces de l'ordre ont dû prendre tout ce qu'il y avait à prendre. En revenant vers la caméra et les deux portes, vous êtes brusquement saisi de vertiges. La tête vous tourne au point de vous donner la nausée. Votre vision se trouble, puis un grand flash vous aveugle.
Sans pourtant faire le moindre pas, vous vous voyez traverser cette grande salle, un pistolet sans silencieux à la main. Tous vos mouvements sont au ralenti, comme si vous visionniez un film. Les images autour de vous sont déformées et un silence étrange vous entoure, comme si vous vous étiez mis la tête dans un aquarium. Vous passez sous la caméra et parvenez aux deux portes, fermées maintenant. Vous voulez ouvrir celle de gauche mais elle est solidement verrouillée. Vous tirez dans la serrure à bout portant pour la forcer. Sitôt ouverte, vous montez les escaliers quatre à quatre, en apesanteur, et vous traversez un long couloir jusqu'à une porte marquée "Vitto Vogel". Vous la poussez lentement et découvrez derrière un abominable spectacle : le cadavre d'un homme dans son fauteuil, couvert de sang.
Les images suivantes sont plus confuses. Vous regardez le sol et y découvrez des traces de pas blanches. Vous entendez quelqu'un venir, alors vous battez en retraite et allez vous cacher derrière une autre porte. Dans le noir, vous entendez des bruits de pas, puis des bruits étranges que vous ne parvenez pas à identifier. Vous sortez de votre cachette et retourner dans la salle "Vitto Vogel". Vous y surprenez une ombre tenant un chalumeau à la main. Vous la pointez du doigt et vous vous écriez : "Antarès !" L'ombre se met alors à vous tirer dessus ! Vous vous mettez à courir, courir, courir... Tout d'un coup, un nouveau flash lumineux vous aveugle. Vous vous réveillez, dans la grande salle du Chicago Ace. Vous n'avez en réalité pas bougé depuis le premier flash. Le temps de reprendre complètement vos esprits, vous comprenez ce qu'il vient de vous arriver : vous venez de revivre une scène que vous avez déjà vécue. Vous venez d'avoir un flash-back !
Vous vous concentrez pour bien fixer cette nouvelle pièce du puzzle dans votre tête. Dédé le clochard avait dit vrai : vous étiez bien venu ici avant de perdre la mémoire. Et c'est donc vous qui avez fait sauter la serrure de la porte de gauche, derrière la caméra. Qui était cette ombre ? Quand cette scène s'est-elle déroulée ? Etait-ce la nuit du meurtre ? Vous êtes incapable de l'affirmer. Notez sur votre Feuille d'Aventure que vous avez eu le Flash-Back 3, avec le numéro de ce paragraphe pour pouvoir vous y référer. Inscrivez-y aussi le mot-code "POLWES".
Allez-vous maintenant franchir la porte à la serrure brisée et monter à l'étage, pour suivre le chemin que vous avez pris dans votre flash-back ? (rendez-vous pour cela au
356)
Allez-vous au contraire prendre la porte de droite pour descendre au sous-sol ? (rendez-vous au
327)
Si vous estimez en avoir appris assez ici, vous pouvez sortir par la porte de derrière et repartir au
1351.