Notez 1 trajet de voiture dans votre Journal d'Enquête. Arrivé au commissariat, vous trouvez un Cardoze particulièrement excité. Lui que vous avez toujours connu calme. C'est la vraie arme du crime qui a été retrouvée ! Il s'agit d'un pistolet modèle Zastava M88, vous explique-t-il avant que vous n'ayez pu en placer une, une arme familière des snipers pendant la Guerre des Balkans, aujourd'hui assez répandue dans les mafias des pays de l'Est. Il avait vu juste : l'assassin l'avait bien laissée au Building Dattaque. Il l'avait cachée dans la chasse d'eau d'un WC du rez-de-chaussée. Il ne reste plus qu'à la faire analyser, mais il n'en espère pas trop. Si le coupable avait laissé des traces, elles ont certainement disparu.
Cela implique que votre homme est passé par le rez-de-chaussée avant de s'envoler. On ne sait pas comment il a pu introduire le pistolet, mais il ne pouvait pas ressortir avec. L'hypothèse du tueur faisant de l'escalade paraît de moins en moins crédible.
Cardoze est d'autant plus heureux de cette découverte que son après-midi avait été jusque là des plus décevants. Il a passé des heures à visionner des bandes de vidéosurveillance, sans résultats. Quant à la garde à vue de Nache, elle a été de courte durée : le juge qui l'avait prononcée l'avait assortie d'une caution, et celle-ci a été payée.
- Et vous savez par qui ? vous demande-t-il.
- Aucune idée, répondez-vous, trop désireux de lui annoncer une autre nouvelle.
- Par Didier Dattaque ! Surprenant, n'est-il pas ?
"Surprenant ?" Qu'il attende d'entendre ce que vous avez à lui dire ! Vous lui expliquez votre mésaventure chez FBSA. Il n'en revient pas, mais vous croit sur parole. Il n'a que votre témoignage, il n'a aucune preuve, mais savoir que vous avez été en danger le met hors de lui. Il en a même oublié qu'à la base, c'est vous qui aviez commis une infraction. Il décide d'agir sans attendre, pour être sûr de cueillir ces malfrats avant qu'ils ne mettent les voiles.
Une demi-heure plus tard, une dizaine de voitures de police sans sirènes ni gyrophares arrive en vue du siège de FBSA Industries. Sur ordre du commissaire, dans le véhicule duquel vous avez pris place, elles encerclent le complexe et allument leurs lumières toutes en même temps. Cardoze se présente à la réception et ordonne qu'on laisse ses hommes perquisitionner. Les gardiens, affolés, téléphonent dans tous les sens mais ne peuvent s'opposer à rien. Les policiers investissent les lieux et procèdent dans le calme à l'interpellation de nombreux individus, qui vous sont présentés un par un. Vous indiquez ceux que vous reconnaissez ; ils sont alors conduits au fourgon, dans des grommellements peu amicaux envers la famille Jacket. De nombreuses armes non déclarées sont saisies, confirmant vos accusations. Les entrepôts de FBSA servaient manifestement de repaire pour ces trafiquants.
Le directeur adjoint de l'entreprise, appelé en catastrophe par son service de sécurité, arrive en trombe sur les lieux de l'opération, flanqué d'un grand escogriffe à lunettes qu'il présente comme l'avocat de la société. Ce directeur adjoint vous déplaît d'emblée, avec son ton pincé et outré, ses manières affectées et son brushing à la mode. Il s'insurge contre cette opération, menace le commissaire Cardoze de poursuites terribles (ce qui n'émeut guère ce dernier) et exige des explications. Lorsque le policier lui apprend qu'un gang de trafiquants d'armes a été débusqué et démantelé au sein même de son entreprise, le maniéré tombe des nues et perd d'un coup toute sa morgue. S'arrachant son brushing, il se lamente :
- Mais c'est pas possible... c'est pas possible... Quand Mr Delmas va savoir ça...!
Soudain, il a une idée. Il empoigne son smartphone :
- Mr Delmas, nous avons un gros problème...
Il expose la situation à son patron et écoute attentivement les instructions de ce dernier. Puis, quand il a raccroché, il déclare alors se mettre à l'entière disposition de la police. Offre bien superflue maintenant, car tout le gang est déjà dans le fourgon. Au moment où le convoi policier se met en route pour le commissariat, les journalistes commencent à affluer sur le site. La nouvelle va faire grand bruit.
Au poste, la police procède à l'interrogatoire de tous les malfrats. Très vite ils sont identifiés : tous connus des services de police, et surtout tous salariés de FBSA. Les dirigeants de la société vont devoir fournir quelques explications. Lorsque le commissaire Cardoze vous rejoint dans son bureau, il est accompagné de l'avocat guindé. Ce dernier expose la position qu'a pris Nelson Delmas, le PDG : il ignorait totalement que des individus se livraient à des actes répréhensibles au sein de son entreprise, dans ses locaux qui plus est. Il demande à la police de les traiter avec la plus grande sévérité et de faire toute la lumière sur la nature de leurs agissements. Sans doute détournaient-ils des armes sortant des chaînes de production du complexe. Mr Delmas porte plainte contre eux et espère que ces individus isolés et marginaux ne causeront pas trop de tort à son enseigne.
L'avocat parti, vous discutez avec Cardoze. Il est persuadé qu'au moins un dirigeant de l'entreprise était au courant des agissements de ces gangsters.
- Celui qu'ils appelaient "Lord" ? faites-vous.
- Certainement. Nous avons arrêté toute la bande à qui vous avez eu affaire, mais peut-être ont-ils d'autres complices au sein de la société... et en dehors.
- Et Sorche, alias Zork ?
- Porté disparu. J'ai été étonné lorsque vous m'avez appris que ce triste individu travaillait à FBSA. Vous êtes sûr que votre "Lord" à l'accent anglais et lui n'étaient pas une seule et même personne ?
- Sûr et certain. Accents différents, carrures différentes et surtout regards différents.
- Je donnerais cher pour mettre la main sur ce Lord. C'est un malin, il s'est dissimulé le visage, vous ne pourrez pas l'identifier formellement.
- Je saurai le reconnaître, dites-vous avec assurance.
Notez le mot-code "GANPRI" dans votre Journal d'Enquête, et effacez le mot-code "TAULOR" s'il y était noté.
Le trafic d'armes étant mis à jour et avéré, les malfaiteurs arrêtés ce soir vont passer un moment derrière les barreaux. Le problème est qu'ils affirment tous, sans exception, qu'ils n'ont jamais eu de chef et qu'ils ignorent qui est ce "Lord" dont on leur parle. Vous n'en tirerez rien de mieux. L'ennemi vous échappe. Il vous faudra un autre moyen de le confondre.
Le commissaire vous remercie quand même pour le joli coup de filet que vous lui avez permis de réaliser. Vous avez de quoi être satisfait.
- Ça ne fait qu'une seule journée que votre enquête a commencé et déjà des arrestations ! Vous êtes du genre rapide, Jacket !
Et cela n'aura pas été totalement infructueux pour votre enquête. Vous vous rappelez ce que vous avez entendu : l'Agent X... Vous avez raconté à Cardoze ce que les bandits vous ont dit cet après-midi. Il vous a fait part de son scepticisme : selon lui, cette affaire de trafiquants d'armes ne vous permettra pas de trouver l'assassin de Louis Dattaque.
- Pourtant, c'est bien un X que l'assassin a tracé sur le mur, lui avez-vous rappelé.
Il n'a pas su que vous répondre.
Vu l'heure tardive, vous ne restez pas plus longtemps au commissariat. Après avoir convenu d'un rendez-vous demain matin avec le commissaire, vous regagnez vos pénates, au
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