Le commissaire tente d'appeler Montanes, mais celui-ci est injoignable. Son téléphone sonne continuellement occupé.
- Il doit mener sa chasse à l'homme le portable vissé à l'oreille, soupire Cardoze de dépit, alors que s'il décrochait je pourrais lui dire que celui qu'il recherche est peut-être ici même... Quelle ironie...!
Il parvient à joindre l'un de ses hommes et lui demande de lui passer Montanes. Mais le subordonné explique, gêné, que le commandant les a envoyés en mission, par groupes, aux quatre coins de la ville, et qu'ils n'ont plus eu de contacts avec lui depuis. C'en est trop pour le commissaire :
- Qu'est-ce que c'est que ce chambard ?! Il me prend mes policiers et il les laisse se débrouiller seuls comme ça ! Mais c'est quoi ce gugusse ! Je suis avec Jacket au port fluvial. Dis à tous tes collègues de rappliquer ici dare-dare ! Nous avons besoin de renforts. Va y avoir du sport par ici !
Aux éclats de voix succède un grand moment de silence. Votre compagnon est furieux et bougonne dans sa moustache. Vous, vous restez concentré sur l'entrepôt. Seuls les bruits habituels du port viennent troubler la quiétude des lieux. Soudain, un coup de feu éclate ! Puis un autre. Des rafales. Une fusillade s'est déclenchée à l'intérieur du hangar ! Cardoze avait vu juste. Delmas et ses hommes de main ne sont pas venus ici pour une partie de ball-trap. Et vous ne pouvez rien faire, de votre place, si ce n'est attendre les renforts et constatez les dégâts.
Quand le calme vient tout juste de revenir, une dizaine de voitures de police déboulent toutes sirènes hurlantes. La cavalerie arrive. Sur l'ordre du commissaire, qui a repris les choses en main vu que Montanes ne donne plus signe de vie, les policiers se postent tout autour de l'entrepôt. Les survivants à l'intérieur sont ainsi pris au piège. À l'aide d'un porte-voix, Cardoze interpelle les occupants et les invite à se rendre sans délai. Le rideau métallique qui ferme l'entrée "véhicules" du hangar se soulève alors et... l'homme vêtu de noir qui se trouvait derrière tire au lance-roquette ! La voiture de police garée en travers du passage explose et, soufflée, va atterrir dix mètres plus loin ! Les policiers à côté ont été transformés en torches humaines, tandis que des éclats ont valdingué un peu partout, et l'un d'eux est venu faire éclater le pare-brise de la voiture derrière laquelle vous vous étiez abrité. La déflagration vous avait déjà projeté à terre. Paralysé, vous assistez à la suite de la scène avec impuissance.
Un puissant camion surgit et se fraie un chemin en cognant les voitures de police comme si elles n'étaient que de simples barrières. Le suivent un 4x4 et un break Volkswagen noirs aux vitres teintées. Les policiers, dépassés et apeurés par les événements, courent s'abriter où ils peuvent. L'un d'eux fait feu sur le 4x4 et sur le break mais ses balles ricochent : ce sont des véhicules blindés aux vitres pare-balles. Il vous a semblé apercevoir un homme vêtu de noir au volant du camion, mais impossible de distinguer à travers les vitres teintées des voitures. Le sinistre convoi parvient à forcer le passage et prend le large. Les policiers mettent du temps à se remettre de leurs émotions et se lancent à sa poursuite trop tard. Cardoze demande de toute urgence tous les renforts possibles afin que des barrages soient disposés partout ; l'ennemi ne doit pas sortir de la ville.
Lorsque le calme est revenu, vous avez retrouvé l'usage de vos membres. Le SAMU est arrivé en catastrophe pour emmener les policiers blessés à l'hôpital, et les journalistes ne vont pas tarder à venir fourrer leur nez ici. Il est temps d'inspecter cet entrepôt. Vous entrez par la porte qu'a empruntée Lord. L'intérieur du bâtiment vous fait penser à un QG de méchant de James Bond. Un escalier métallique permet d'accéder à un balcon au bout duquel vous trouvez une grande salle pleine d'ordinateurs, d'écrans et de consoles de contrôle, le tout piloté par une table de mixage comme dans les régies de télévision. Au vu des accessoires entassés ici (micros, caméras, mannequins...), vous en déduisez que ce lieu devait être un ancien studio d'enregistrement de cinéma.
Tout à coup, vous entendez des cris d'horreur. Pendant que vous exploriez cet étage avec d'autres policiers, Cardoze et le gros de ses troupes se sont chargés du rez-de-chaussée. Et ils sont tombés sur un spectacle horrifiant. Du haut du balcon, vous en avez une vue d'ensemble à glacer le sang : le sol de l'entrepôt est jonché de cadavres baignant dans une mare de sang. Certains sont habillés comme des ninjas. D'autres sont en costume, et vous les identifiez sans peine : ce sont les hommes de main de Delmas. On dirait qu'ils y sont tous passés. Mais aucune trace de leur patron, ni de Bolet, parmi les cadavres. Quelle activité clandestine se déroulait donc ici ? Que s'est-il passé exactement ?
Plus tard, fendant la foule des curieux et des journalistes, le commandant Montanes vient vous retrouver. Il arrive bien tard... Il dit avoir accouru sur les lieux sitôt averti des événements. Il est effaré que vous ayez peut-être trouvé l'Agent X, alors que lui l'a cherché partout depuis le début d'après-midi.
- Mais bon sang, Montanes, l'apostrophe Cardoze, vous pouvez me dire ce que vous fichiez pendant que mes hommes se faisaient tirer dessus au bazooka ?! J'ai essayé de vous joindre pendant des heures !
- Adoptez un autre ton avec moi, commissaire, je vous prie. Les émotions vous font perdre votre sang-froid. Je menais mon enquête, voilà tout. J'avais besoin que vos hommes quadrillassent la ville pour limiter les mouvements de mon ennemi. Je sentais que j'étais sur la bonne piste, mais vous avez tout gâché en les faisant rappliquer ici.
- Mais c'est ici qu'il fallait agir ! Votre piste, c'était du bidon ! C'est Jacket qui a trouvé où était X.
- Ça, ça reste à prouver. Rien ne dit que notre espion était ici. Je vous avais ordonné de ne pas vous mêler de mon enquête. S'il y a un responsable à ce fiasco, c'est vous deux !
- Pouvez-vous nous dire qu'elle était votre piste ? intervenez-vous.
- Pourquoi le devrais-je ? Je suis officier du contre-espionnage. Je n'ai de comptes à rendre qu'à mon directeur et à mon ministre de tutelle. D'ailleurs, ce dernier présidera une réunion de crise demain matin. Votre présence y est exigée. En attendant, restez à votre place.
- Mais quel bougre de c.. ! s'emporte le commissaire alors que Montanes s'est éloigné. Nous avons fait son boulot et en plus, il est pas content ! Mais c'est un monde !
- Nous avons fait notre devoir jusqu'à présent. Continuons, sans nous préoccuper des excès d'un jaloux.
Lorsque vous revenez au commissariat, vous apprenez que l'on a perdu toute trace du camion et des voitures. Les patrouilles lancées à leur poursuite ne comprennent pas. Personne ne les a vus sortir de la ville. Ils se sont volatilisés. Et vous n'êtes pas au bout de vos peines.
Rendez-vous au
522.