Votre accusation stupéfait tout le monde, à commencer par votre ami, qui s'attendait à tout sauf à cela.
- C'est une blague, Nils ? C'est moi qui t'ai engagé ! Je ne t'aurais pas pris si c'était moi le coupable !
À côté de lui, Anne-Sophie se dit outrée, tandis que Didier, lui, paraît amusé que vous discréditiez quelqu'un qu'il ne porte pas dans son cur. On attend que vous vous expliquiez :
- Pourquoi une entreprise du standing de Dattaque Industries n'a-t-elle pas engagé un détective de renom, ce que je ne suis pas, j'en suis conscient ? Ce n'est pas à cause des honoraires élevés, la firme a les moyens. Et le meurtre du grand PDG était un crime suffisamment grave pour se permettre la dépense. Non, si c'est moi qui ai été embauché, c'est parce que le PDG par intérim ne voulait pas risquer que des soupçons pesassent sur lui. Il a donc recruté un détective
pas encore connu, un ami d'enfance de surcroît, et assez fauché pour qu'il fasse traîner son enquête le temps de toucher un maximum d'argent. Seulement voilà, ce n'est pas de cette trempe que je suis fait.
- Tu n'y es pas ! se défend Laurent. C'est le Premier Ministre lui-même qui m'a demandé, quand je lui ai téléphoné pour lui apprendre le meurtre, de faire appel à un détective peu en vue pour détourner les soupçons de la presse et des concurrents étrangers de Dattaque Industries. Si on avait vu un célèbre détective débarquer, les journalistes auraient deviné que la mort de Mr Dattaque n'était pas purement médicale, et nos concurrents auraient pu exploiter cette nouvelle pour nous nuire. (il regarde alors Montanes :) On devait m'envoyer le meilleur agent du Ministère de l'Intérieur pour enquêter sur cet assassinat.
Montanes, le torse bombé, et le Ministre confirment.
- Et puis, si j'étais coupable, je n'aurais pas engagé un vieil ami. J'aurais eu trop peur de me trahir.
- Un "vieil ami" ? J'étais surtout l'ami de ton frère, pour commencer. Et puis, tu n'as pas d'alibi pour la nuit du meurtre, Laurent.
C'est Anne-Sophie qui vient à la rescousse de votre accusé :
- Manque d'alibi ne signifie pas preuve de culpabilité, riposte-t-elle, véhémente. Laurent n'aurait pas pu commettre ce crime sans se faire prendre par Thomas.
- Expliquez-vous.
Les joues de l'héritière s'empourprent légèrement. Elle sent qu'elle en a trop dit, mais il est trop tard pour reculer. Elle n'a guère envie d'étaler sa vie privée, mais elle se fait violence, la situation est trop grave :
- Thomas est mon ex. Il détestait Laurent, à qui il reprochait de m'avoir volée à lui. Il ne l'aurait pas laissé sortir du bureau sans vérifier que papa allait bien. Et jamais il ne se serait abstenu de le dénoncer à la police après la découverte du corps.
- Même contre une forte somme ?
- Thomas aimait bien l'argent, mais pas au point de passer outre sa jalousie...
Quelques rires graveleux se font entendre dans la pièce. Certains actionnaires semblent friands d'histoires salaces. Mais l'argument de la fille Dattaque fait indéniablement mouche.
Si le mot-code ISSUSP est inscrit sur votre Journal d'Enquête, rendez-vous au
458.
Si vous dites que Loyson était caché dans la pièce avant que Louis Dattaque n'y entre, rendez-vous au
295.
Si vous avez une autre explication, exposez-la au
646.