En gigotant de façon disgracieuse, vous parvenez à faire sortir le couteau de votre manche et à le faire glisser sous vos liens. Ils vont regretter de ne vous avoir ligoté qu'avec de la ficelle.
- Mais bon sang, Jacket, qu'est-ce que vous fichez ? s'écrie votre codétenu en vous voyant agiter frénétiquement les mains.
- La ferme, Bolet ! Je nous sors de là.
- Mais comment vous...?
Il n'a pas eu le temps d'achever sa phrase que votre lien est tranché. Vous libérez vos chevilles d'un bon coup de lame et bondissez sur vos pieds. Vous détachez un Bolet tout abasourdi, et le pressez de vider les lieux avant que Mlle Zadilova ne revienne.
- Mais... mais nous ne ferons pas deux pas dans l'ambassade sans nous faire prendre !
- Vous préférez rester ici avec votre charmante mercenaire ?
- Euh... non, non... tout compte fait...
Vous le tirez comme un sac derrière vous et fuyez par le couloir puis par un escalier humide qui mène au rez-de-chaussée. Très vite, vous vous rendez compte que vous ne vous trouvez pas à l'ambassade. Durant votre inconscience, vous avez été transportés dans un autre lieu. Une sorte de ferme abandonnée. Il fait jour, vous devez être le matin. Vous êtes restés inconscient toute la nuit. Vous entendez distinctement la voix de Mlle Zadilova en train de parler en russe (ou en biélorusse ?) au téléphone. Plusieurs hommes sont avec elles ; vous ne sauriez dire combien exactement, mais sans doute plus de cinq. Vous prenez la direction opposée et sortez par l'arrière de la maison, via la cuisine. Vous avez repéré dehors un homme en train de parler à son smartphone, en russe lui aussi, à côté d'une voiture dont le moteur tourne. Vous vous glissez derrière lui et l'assommez d'un bon coup du manche de votre couteau.
- Nous n'allons jamais y arriver ! se lamente votre boulet de Bolet. Ils vont nous tuer...
- C'est ce qu'ils auraient fait de toutes façons si nous étions restés. Grouillez-vous de monter ! lui ordonnez-vous tandis que vous faites les poches du sbire.
Vous lui prenez ses clefs, son portefeuille et un pistolet-mitrailleur. Prenant place à côté de Bolet, vous démarrez au quart de tour et quittez les lieux à toute vitesse. Mlle Zadilova vêtue en amazone et ses hommes sortent de la ferme et vous canardent avec le même type d'armes. Inutile de rester ici plus longtemps. Les vitres explosées, vous mettez de nombreux kilomètres entre eux et vous avant qu'ils n'aient pu se lancer à votre poursuite.
Notez les mots-codes "ASSCOM" et "COMPZA" dans votre Journal d'Enquête. Vous ne tardez pas à vous repérer à l'aide des premiers panneaux indicateurs que vous croisez. Vous n'êtes qu'à quelques kilomètres de la ville, sur laquelle vous mettez le cap. Bolet a toujours son air pleurnichard, mais au moins, il reste silencieux, ce qui vous convient parfaitement. À l'approche des premiers immeubles, il commence à retrouver des couleurs. La mauvaise épreuve est passée. Il vous remercie pour l'avoir tiré d'affaire.
- Ne croyez pas que je ne vous ai emmené que pour vos beaux yeux ! riez-vous. Vous êtes en état d'arrestation pour espionnage. Et j'attends de vous la plus transparente des collaborations.
Il se tait et repâlit d'un coup.
Au commissariat, vous informez Cardoze des derniers événements. Vous deviez le voir ce matin, il s'inquiétait de votre disparition. Votre 106 étant restée orpheline à l'ambassade, en stationnement gênant, il l'avait fait ramener au commissariat par l'un de ses hommes (notez 1 trajet de voiture de plus dans votre Journal d'Enquête). Il fait placer Bolet en détention et lance un mandat d'arrêt contre Mlle Zadilova. Avec vos indications, ses policiers vont foncer à la ferme voir s'ils peuvent trouver des indices.
- Les zigues que vous m'avez décrits sont manifestement des pros. Ils doivent déjà être loin maintenant, et je doute qu'ils aient laissé la moindre trace.
Vous lui laissez les effets du malfrat que vous avez assommé pour analyse. Mais ses papiers sont des faux, le commissaire le remarque du premier coup d'il.
- Nous n'allons pas avec vos hommes à cette ferme ?
- C'est que, Jacket..., commence-t-il, gêné, je ne peux pas bouger d'ici. Et il faut que je vous présente quelqu'un.
L'homme vous attend dans le bureau du commissaire, assis tranquillement. À votre entrée, il tourne la tête vers vous et vous toise d'un regard dédaigneux. La quarantaine environ, et d'allure quelque peu guindée, il a des traits durs et des cheveux noirs gominés que vous avez peut-être déjà vus hier soir au bal. Vous remarquez qu'il a tendance à froncer les sourcils nerveusement, mais son regard n'en est que plus autoritaire. Il est évident que vous avez affaire à un haut gradé. Le commissaire fait les présentations : Commandant Cyprien Montanes, du contre-espionnage. L'homme n'a rien d'aimable ; il doit tout juste se demander ce que vous venez faire dans cette histoire, avec votre smoking défraîchi.
Il vous met d'emblée au parfum : le sommet de l'État l'a chargé de l'affaire du meurtre de Louis Dattaque, qu'il va à présent superviser à la place du commissaire Cardoze. Ce crime n'est pas qu'un banal assassinat. Il est du ressort de la sécurité nationale. Le "super flic" suppose que vous ignorez tout de ce qu'il se trame et vous fait un topo de la situation :
- Dattaque Industries travaille depuis plusieurs mois sur un projet top secret, confié par l'État, concernant un nouveau système de défense de nos sous-marins nucléaires. Mr Dattaque en gardait les plans dans le coffre de son bureau. Lorsqu'il a été retrouvé assassiné, il est apparu que son coffre avait été vidé. On en déduit aisément le mobile du crime : le meurtrier a forcé Dattaque à lui ouvrir le coffre puis l'a réduit au silence.
Vous voulez intervenir, mais Montanes ne vous en laisse pas le temps.
- Mes services savent depuis longtemps qu'une puissance étrangère cherche à obtenir ces plans par tous les moyens. Il est vital pour la sûreté de notre pays que ce secret ne tombe pas entre leurs mains. Comme vous pouvez le constater, Mr Jacket, vous êtes tombé dans une terrible affaire d'espionnage, et le meurtre sur lequel vous enquêtez n'est que la partie apparente de l'iceberg. Un complot qui pourrait bien faire sombrer notre nation. Ma mission est donc capitale : arrêter le coupable le plus vite possible, avant qu'il ne transmette nos secrets à l'ennemi. Le commissaire Cardoze m'a dit que vous étiez en charge de l'enquête pour le compte de Dattaque Industries et travailliez avec lui. Vous allez désormais enquêter dans votre coin. L'affaire est trop importante pour un petit détective. Je tenais néanmoins à vous exposer la situation, afin que vous compreniez ma position.
- C'est trop d'honneur..., ironisez-vous devant tant de condescendance. Une ironie que ne manque pas de remarquer le haut gradé :
- Sérieusement, vous vous croyez à la hauteur de l'enjeu ? vous apostrophe-t-il soudain. Vous ne savez pas à qui vous avez affaire ! C'est du trop gros calibre pour vous.
- Mr Jacket a été kidnappé cette nuit par des espions à l'ambassade. Je pense qu'il a parfaitement compris à quel genre de criminels il avait affaire !
- Ah oui ? Mônsieur le détective s'y connaît en espion ? Ce n'était pas sur un meurtre que vous deviez investiguer ? Savez-vous seulement qui étaient ces "espions", pour pouvoir affirmer qu'ils en étaient bien ?
- Ils travaillaient pour quelqu'un que je recherche dans le cadre de mon enquête. Un certain Agent X.
L'espace d'un instant, le commandant demeure interdit. Votre réplique l'a laissé coi.
Rendez-vous au
627.