Lorsque vous ouvrez la porte flambant neuve de votre cabinet, vous sentez tout de suite que quelque chose cloche. Elle n'était pas verrouillée. Vous êtes pourtant certain d'avoir bien fermé à clef ce matin. Le cambrioleur n'aurait quand même pas osé revenir ? Le soleil s'est couché, la pénombre du crépuscule a envahi la pièce. Vous voulez allumer mais une voix féminine vous en dissuade :

- Refermez la porte et avancez doucement, Nils. Pas de geste brusque.

Vous distinguez quatre silhouettes se découpant dans l'ombre. Aux poings de trois d'entre elles des pistolets avec silencieux ! Autant ne pas les contrarier et faire ce qu'ils demandent. La plus longiligne des ombres s'avance alors vers vous : c'est Mlle Zadilova. Vous aviez reconnu sa voix enrouée. Ce soir, elle porte un pantalon de cuir noir moulant et une chemisette jaune nouée au-dessus du nombril. La parfaite amazone ! Derrière elle, les trois hommes en noir qui vous menacent de leurs flingues sont sûrement de ses séides, mais leurs visages restent dans l'ombre. Si vous comptiez vous lancer à la recherche de la belle mercenaire, peut-être n'auriez-vous pas commencé par regarder dans votre propre bureau !


Le sourire toujours aussi carmin, elle semble ravie de la surprise qu'elle vient de vous faire.

- Alors, Nils, épaté de me trouver là ? Vous me pensiez à l'autre bout du pays, j'imagine.

- Après notre rencontre de la nuit dernière, j'espérais bien que nous ne resterions pas sur cette mauvaise impression.

- De mon côté, l'impression n'est pas si mauvaise. Certes, j'ai failli être prise cause de vous. Mais vous m'avez rattrapée avant que je ne tombe, alors que j'essayais de vous tuer. Un geste chevaleresque, rare de nos jours.

- Je ne voulais pas faire l'erreur de briser le beau couple que nous formons.

Pour toute réponse, elle se contente d'un nouveau sourire. Sincère, vous le sentez.

- Alors, vous êtes venue répondre à mes questions au sujet de ce que vous fabriquiez masquée dans la partie privée de l'ambassade ?

- Je ne pense pas que vous soyez dans la posture adéquate pour avoir des exigences, Nils... En fait, je suis venue vous éliminer. Vous êtes devenu dangereux pour moi.

- Je suis sûr que vous ne supprimerez pas le dernier homme galant sur cette Terre.

- Hier, mon rôle à l'ambassade n'était pas d'arrêter l'Agent X, finit-elle par avouer. Je devais surveiller la réunion des acheteurs. Je devais notamment vous empêcher de vous en approcher. Mais je vous ai perdu de vue et, je ne sais comment, vous avez réussi à accéder à la partie privée des lieux. J'ai dû intervenir avant que vous n'en sachiez trop.

- Vous portiez le même masque qu'au centre commercial, si je ne m'abuse...?

- Beau sens de l'observation.

- Pourquoi ce masque ?

- Ça suffit avec les questions, maintenant ! J'ai été suffisamment gentille pour aujourd'hui, je crois !

- Très bien, dites-moi ce que vous voulez, maintenant que j'ai fait mettre l'Agent X derrière les barreaux ?


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