Raccrochant son combiné, la réceptionniste vous annonce avec sourire que Mr Delmas est disposé à vous recevoir. Quatre membres patibulaires du service de sécurité vous prennent alors en charge et, vous encadrant comme des gardiens de prison escorteraient un prisonnier mené au gnouf, ils vous conduisent à travers un hall luxueux au look futuriste, jusqu'à une série d'ascenseurs. Ils vous invitent à monter dans celui qui s'ouvre devant vous et, à l'intérieur, utilisent une carte magnétique pour le faire démarrer. Les rufians observent un mutisme qui vous met mal à l'aise. Leur compagnie n'a rien de rassurant. Votre terminus est le dernier étage. À l'extrémité d'un salon accueillant, au design résolument avant-gardiste mais décoré d'une multitude de plantes vertes, vous êtes présenté à la secrétaire de direction, une vieille sèche comme un coup de trique.
- Mr Delmas vous attend, Mr Jacket, vous dit-elle d'un ton tout sauf aimable. Si vous voulez bien prendre la peine d'entrer...
Les quatre molosses lâchent vos basques sitôt que vous avez franchi une grande porte d'acajou à double battant. Vous pénétrez dans un bureau spacieux, très spacieux, même. Cela ressemble plus à un studio en duplex qu'à un bureau. Des fauteuils en cuir noir sont disposés autour d'une table basse. Une mezzanine semble contenir une bibliothèque remplie d'ouvrages et de classeurs. Des tableaux de style abstrait ornent les murs sur votre gauche, alors que sur votre droite une immense baie vitrée donne sur une large terrasse. Les vitres sont tout de même teintées, on n'est jamais trop prudent. Des bibelots d'art contemporain sont disposés bien en vue sur un meuble du fond, et au milieu d'eux trône un magnifique violon Stradivarius, seule concession faite au passé dans la décoration de la pièce. Le bureau ultramoderne de l'occupant des lieux se trouve sur une estrade, vers laquelle vous vous dirigez. Nelson Delmas s'est levé et vient vous accueillir.
Vous rencontrez enfin le PDG de FBSA. Le rival déclaré et acharné de Louis Dattaque. Il n'est pas d'allure très impressionnante : de taille moyenne, d'un âge incertain, vêtu d'un costume-cravate quelconque. Son crâne légèrement dégarni et sa barbe noire impeccablement taillée en bouc lui donnent quand même près de la cinquantaine, ainsi qu'un air quelque peu méphitique, pour peu qu'on ait de l'imagination.
- Entrez donc, Mr Jacket. Charmé de faire votre connaissance. Installons-nous autour de la table basse, je vous prie.
Au moment où vous entendez son accent anglais et où ses petits yeux noirs plongent leur regard dans les vôtres, vous en avez la certitude : vous avez devant vous "Lord", le chef des trafiquants d'armes que vous avez fait coffrer hier soir.
- Quelque chose ne va pas, Mr Jacket ? Vous allez bien ?
Le tic convulsif qui a agité sa paupière droite à l'instant vous le confirme.
Ce n'est finalement pas une surprise. Le chef du gang devait être un dirigeant de la société, forcément. Comment ces hommes auraient-ils pu établir leur base au siège même de l'entreprise, si l'entreprise elle-même n'était pas complice ? En fait, le cerveau est tout simplement le PDG de la Firme. Il a organisé l'activité de sa boîte en séparant fabrique d'armes "officielles", pour les armées, et fourniture d'armes "officieuse", pour les mafias, donc, mais sans doute aussi pour des terroristes ou des guérilleros. Le B.A.BA du marché parallèle de l'armement, somme toute. Hier, il discutait tranquillement avec ses employés lorsque vous avez été attrapé en train de les espionner. Au lieu de vous traiter en simple intrus, il vous a pris pour un homme de main de "l'Agent X" et a pris peur. Il s'est alors masqué le visage et vous a interrogé. Il a dû être déçu en apprenant que vous étiez en fait le détective engagé par Dattaque. Et encore plus lorsque vous avez fait arrêter son personnel.
Notez le mot-code "DELLOR" dans votre Journal d'Enquête. Vous savez que vous avez affaire à un dangereux personnage. vous de choisir la tactique la plus judicieuse :
Si vous lui dites que vous l'avez démasqué, pour le déstabiliser, rendez-vous au
87.
Si vous préférez jouer la prudence et gardez pour vous cette découverte, histoire de conserver un coup d'avance sur votre adversaire, rendez-vous au
434.