Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 218

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De mauvaise grâce, le contre-espion est bien obligé de reconnaître que ce que vous dites est parfaitement exact. Vous avez découvert que Bolet se trouvait dans la bibliothèque, précisément là où était caché le mystérieux détenteur des plans qui s'est rendu après dans le bureau de l'ambassadeur.

- Lorsque le Colonel a été arrêté, je croyais que nous tenions l'Agent X, poursuivez-vous. Mais le spectaculaire vol du prototype, signé X, a disculpé Bolet, que l'on était alors obligé de relâcher. Seulement voilà, si on part du principe que l'Agent X n'est rien qu'un personnage incarné à tour de rôle par plusieurs acteurs, tout s'explique, il n'y a plus d'alibi qui tienne. Ma première déduction était la bonne : c'est le Colonel qui a transmis les plans à l'ambassadeur.

- Mais alors, s'enquiert le Ministre, si c'est Robert Bolet qui a vendu les plans volés par Nache, lui-même tué par Mlle Zadilova, cela veut dire que Bolet et Zadilova sont véritablement complices ? Nache remettant à Bolet les plans qu'il a volés et la mercenaire se chargeant de le faire taire ?

- Tout à fait. Ils ont toujours été complices. Il y a quelques minutes, il l'a traitée de harpie : c'était de la comédie. Au "QG de l'Agent X", ils ont joué les ennemis : encore de la comédie. Mais lorsqu'on les surprend à parler sans témoins, on peut noter leur complicité. Comme au bal, lorsque j'ai surpris le Colonel en train de dire à Mlle Zadilova qu'il se rendait à la bibliothèque. La mission de la mercenaire était de me surveiller, pas d'arrêter X.

L'homme d'affaires proteste avec véhémence. Il continue de clamer qu'il n'a pas réussi à atteindre la bibliothèque et qu'il ne peut pas faire partie du complot : Mlle Zadilova l'a trahie. Mais vous n'êtes pas dupe :

- Ils avaient bien préparé leur comédie. C'était un plan réfléchi depuis longtemps. Le premier soir de l'enquête, ils m'ont invité à la maison de campagne de Bolet pour me mettre sur la piste de l'Agent X, pour me mettre dans la tête qu'il existait. Ils m'ont invité au bal pour que je sois leur alibi. Interrogé par le contre-espionnage, je n'aurais pas manqué de me vanter en disant que X était derrière ces méfaits, mais qu'il ne pouvait pas être Bolet, son adversaire. Hélas pour eux, je ne me suis pas laissé avoir. C'était quand même étrange qu'ils fissent appel à un jeune détective inexpérimenté comme moi pour aider des espions de leur expérience à chasser le plus grand espion de tous les temps.

La tueuse slave lâche un sourire désabusé en baissant la tête.

- Lorsque j'ai compris que Mlle Zadilova était la complice de l'Agent X, elle a su garder son sang froid et a très bien joué le coup. Elle a avoué sa complicité mais a cherché à disculper Bolet. Elle m'a attendu à mon cabinet, avec des ninjas ostensibles, pour bien me répéter que l'homme d'affaires était innocent.

Vous jetez un nouveau regard à la mercenaire, qui ne vous quitte plus des yeux, avant de poursuivre vos éclaircissements :

- Je suis persuadé que cette comédie bien huilée ne date pas d'hier. Le commandant Montanes a la conviction que l'Agent X est lié de près ou de loin à Dattaque Industries. Il m'a également appris que le Colonel avait plusieurs fois été soupçonné d'être X par le passé, mais n'avait jamais été inquiété. On le considérait comme du menu fretin.

- Il avait toujours des alibis, objecte Montanes.

- À chaque fois que l'on suspectait Bolet, le personnage de l'Agent X apparaissait comme par hasard en un autre lieu, en présence de nombreux témoins, c'est ça ? L'alibi infaillible. Comme cela a été le cas à l'occasion du vol du prototype. Mais c'était juste quelqu'un d'autre qui interprétait le rôle.


L'espion chauve n'ose plus rien dire. Il vous toise d'un regard sombre. Montanes, lui, n'en revient toujours pas :

- Ce n'est pas possible, j'ai côtoyé X depuis des années, je saurais reconnaître son style entre mille.

- C'est normal que vous ayez reconnu le style de X. Quel que soit l'acteur qui campe le personnage, il adopte le style spécifique -et purement inventé- de X, avec notamment son tic de la main. Mais cette fois, notre équipe de cinéma a eu un petit souci dans le déroulement de son scénario : moi. J'ai découvert que c'était Bolet qui avait remis les plans à l'ambassadeur, ce qu'ils n'avaient sans doute pas prévu. Heureusement pour eux, ce n'était pas à Bolet d'incarner l'Agent X à sa prochaine apparition. En effet, la tâche était trop physique pour un homme de son âge : il s'agissait de voler le prototype à une escouade de militaires.

- Vous voulez dire, veut savoir le Ministre, que lors du vol c'était Mlle Zadilova qui incarnait l'Agent X ?


Attention à ce que vous allez répondre ; votre théorie audacieuse ne tient qu'à un fil. Elle est tellement incroyable qu'une seule mauvaise réponse risquerait de la faire s'effondrer.

Si vous dites que oui, Mlle Zadilova a volé le prototype, rendez-vous au 608.

Si vous dites que le vol a été commis par une autre personne, rendez-vous au 714.