- Nous arrivons au terme de cette enquête, Laurent, lui expliquez-vous d'une voix ferme. Tu as été viré, moi je suis dessaisi du dossier. Il serait temps de jouer cartes sur table. Je sais qu'Anne-Sophie Dattaque n'était pas chez elle le soir du meurtre de son père, mais qu'elle est restée au building Dattaque.
Votre ami a l'air bouleversé en vous entendant.
- Mais... je... comment as-tu su...?
Vous lui expliquez brièvement pour lui montrer que, vous aussi, vous jouez cartes sur table. Le visage fermé d'inquiétude, il arpente la pièce sans se décider à vouloir vous répondre.
- Si nous sommes amis, Laurent, tu dois me faire confiance, lui dites-vous pour le convaincre. Il finit par craquer :
- Ok, Nils, je vais tout te dire. Mais je te supplie de garder ce secret pour toi et de ne rien dire à la police. Promets-le-moi.
- Je ne peux pas te faire une telle promesse, tu le sais bien. Mais aie confiance en moi : je ne chercherai à nuire qu'au vrai coupable. Si Anne-Sophie est innocente, elle ne risque rien de moi.
- Très bien. Alors voilà de quoi il s'agit : Anne-So et moi avions décidé d'annoncer ce soir-là à son père que nous voulions nous marier. Elle est allée seule le lui dire.
- Quoi ? Elle a rendu visite à son père le soir du meurtre et tu ne m'en as rien dit !
- Je ne voulais pas que des soupçons infondés pesassent sur elle !
- Ok, admettons. Et elle a vu son père avant qu'il ne soit assassiné...?
- Oui, et cela ne s'est pas passé comme nous l'espérions. Ce soir-là elle est venue me rendre visite à mon bureau, sur le coup des 21h. Nous avons discuté longuement puis avons pris notre décision. Vers 21h30-22h, elle est allée, seule, l'annoncer à son père dans son bureau. Il a eu une réaction à laquelle je ne m'attendais pas et il s'est mis en colère. Il m'a accusé de tous les maux, il a dit que j'étais en fait un intriguant qui ne cherchait que le pouvoir, que je ne méritais pas d'être avec elle. Elle en a été choquée et elle a eu une forte dispute avec lui. Elle en avait marre qu'il fît toujours capoter ses idylles. Elle avait bien compris qu'il ne voulait pas qu'elle se mariât car il voulait la garder à ses côtés. Elle l'a traité de pervers et elle est partie précipitamment. Elle a alors échangé quelques mots avec Nache puis elle est venue me trouver dans mon bureau. Je l'ai consolée, mais nous étions embêtés, nous ne savions plus comment nous sortir de cette situation. C'est alors que, un peu après 23h, Nache est venu tambouriner à ma porte, m'annonçant que Mr Dattaque ne répondait plus. Comme Anne-So refusait de revoir et Nache et son père, elle s'est cachée sous mon bureau. Lorsque j'ai trouvé le cadavre, j'ai pris peur. C'était un meurtre, et tout allait accuser Anne-So. Je lui ai donc conseillé de rester cachée dans mon bureau le restant de la nuit. Le temps que j'appelle le Ministère et la police régulière, ce serait le matin et, dans la confusion, tout le monde trouverait normal qu'elle fût déjà présente de façon si matinale, personne ne se dirait qu'il ne l'a pas vue arriver. De son côté, elle a appelé sa bonne pour se forger un alibi.
- Tu as agi comme un criminel, tu sais ? Es-tu sûr d'avoir servi une juste cause ? Tu ne penses pas qu'elle a pu effectivement commettre le crime ?
- Je le lui ai demandé et elle m'a assuré que non, alors je la crois.
- Lors de son témoignage, Nache a tu la présence d'Anne-Sophie la nuit du meurtre. Pourquoi a-t-il menti, selon toi ?
- Pour protéger Anne-Sophie, je suppose. Comme moi. Il savait qu'elle était hors de cause, car Mr Dattaque était vivant quand elle l'a quitté. Il n'a pas voulu qu'elle soit importunée. Elle était déjà assez triste comme ça.
- Ça me semble un peu trop simple... Je me demande dans quelle mesure Nache a menti et combien de secrets il a emporté dans sa tombe... En tous cas, sa mort profite à Anne-Sophie.
- Que veux-tu dire ? demande Laurent, surpris.
- C'était un témoin gênant.
- Je n'aime guère tes insinuations.
Notez le mot-code "ISSUSP" dans votre Journal d'Enquête et soulignez-le. L'infirmière passe dire que c'est la fin des visites. Content de cette diversion, votre ami prend congé. Il vous invite à passer demain matin au siège de Dattaque Industries. Le commandant Montanes y réunit les différents protagonistes de l'affaire, en présence du Ministre de l'Intérieur. Il vous demande avec insistance de ne rien y dire sur le faux alibi d'Anne-Sophie. Il ne veut pas que son honneur soit sali.
Resté seul, vous songez à ce que vous venez d'apprendre. Ce qu'a dit Laurent sur Anne-Sophie Dattaque a de quoi vous faire réfléchir. Et que dire de la nomination de son frère au poste de PDG ! Une véritable surprise. Anne-Sophie n'est pas la seule à avoir menti. Tout le monde dans cette affaire semble vous avoir caché des choses. Ce conseil d'administration extraordinaire vous a peut-être apporté les derniers indices que vous attendiez. Le temps est venu de faire tomber tous ces masques.
Le lendemain matin, après une nuit de repos réparateur à l'hôpital, le docteur vous autorise à sortir. Le commissaire Cardoze vous attend en voiture à la sortie. Il vous conduit au building Dattaque, pour l'événement qui va peut-être mettre un point final au mystère entourant le meurtre de Louis Dattaque.
Si, lors de votre enquête, vous avez fouillé une chambre d'hôtel, rendez-vous au
880. Sinon, rendez-vous au
565.