Située à l'orée d'un charmant petit bois, à l'écart de la ville, l'ambassade de Biélorussie est un bâtiment assez luxueux, une sorte de villa démesurée aux murs tapissés de lierre, avec un perron couvert par un toit soutenu par des colonnades. La nuit est tombée mais c'est l'effervescence tout autour de vous. Les limousines font la queue pour déposer leurs riches et réputés passagers. Vous allez vous garer un peu plus loin, pour que personne ne vous voie arriver dans une 106 Kid toute cabossée. Notez 1 trajet de voiture dans votre Journal d'Enquête. C'est une chaude soirée d'été, vous laissez votre imper dans votre coffre. Au cours de votre trajet, vous avez pu constater, au cas où vous l'eussiez craint, que nul ne vous a suivi.
Tout le gratin que compte la ville semble de sortie. Les hommes en smoking et les dames en robes de grands tailleurs se saluent, apparemment heureux de se retrouver. Vous reconnaissez des hommes d'affaires ou des vedettes. Personne ne vous reconnaît. Vous traversez la route pour pénétrer à votre tour dans la propriété. Puisque vous êtes ici pour une arrestation, vous tâchez de repérer les lieux, histoire de prévenir toute tentative d'intrusion... ou de fuite. Sur un côté de l'ambassade, de larges vérandas donnent sur une cour en gravier où des tables garnies de cocktails ont été installées. Au-delà de la cour s'étend un jardin, où trônent de magnifiques massifs de roses, ainsi que de grands arbustes touffus, taillés selon des formes géométriques : pyramides, cônes ou sphères. Il vous semble même deviner que les haies d'apparence asymétrique dans le fond du jardin s'avèrent un labyrinthe végétal. Sans doute l'ambassadeur aime-t-il y perdre ses invités pour leur offrir une distraction. Vous remarquez, non sans étonnement, que le mur qui ceint la propriété n'est en fait qu'un muret haut d'1m50 environ, doublé d'une haie de buissons de 3 mètres de haut. Il n'y a pas de grille. Autrement dit, n'importe qui peut s'introduire dans l'enceinte de l'ambassade. Il suffit d'enjamber le muret et de se faufiler dans les buissons. Voilà qui n'est guère prudent. Il n'y a même pas de portail d'entrée ; vous pénétrez dans la cour par une simple allée de gravier.
L'ambassadeur ne compte-t-il que sur son service de sécurité pour les protéger, ses convives et lui ? Vous ne trouvez pas les vigiles très présents. Des hommes en costards noirs, certainement armés, font le guet à chaque coin du bâtiment, tandis que trois de leurs sosies s'occupent de contrôler les invitations à l'entrée et de fouiller légèrement les invités. Vous avez suivi l'allée de gravier jusqu'à une file de convives attendant qu'on les contrôle. Lorsque vient votre tour, les gardes abandonnent immédiatement leurs visages avenants et prennent des mines de tueurs à gages. "Votre invitation, s'il vous plaît, Monsieur ?" vous demande l'un d'eux, plus sur le ton de l'ordre que de la prière, tandis que ses deux compères vous toisent de haut. À peu près tous les invités portent des habits de prix. Votre vieil imper vous donne, à leurs yeux, l'allure d'un manant. Vous risquez de connaître cette réaction à plusieurs reprises lors de la soirée, même si la bienséance des gens les obligera à n'en rien laisser paraître en votre présence.
Le gorille est tout surpris lorsqu'il voit que votre invitation est authentique. Il vous laisse à ses pairs, qui entreprennent de vous fouiller. Si vous avez sur vous un pistolet, un poing américain, un mini-pistolet ou un couteau caché dans votre manche, rendez-vous au
546. Sinon, rendez-vous au
300.