Votre ami vous conduit au bureau de Mr Dattaque. Vous remarquez que le bureau de Loyson n'est qu'à un couloir de celui de feu son patron. Le couloir fait un coude et seule une double porte battante coupe-feu sépare les deux espaces. C'est étonnant que votre ami n'ait rien entendu si Dattaque se faisait égorger.
Sur le seuil du bureau où le meurtre a été perpétré, quatre membres du service de sécurité de l'entreprise sont postés en sentinelles devant la porte défoncée. Sur signe de Loyson, ils vous laissent entrer, et vous découvrez la scène du crime. Le bureau de Dattaque est encore plus grand que celui d'où vous venez. Meubles d'acajou, moquette luxueuse, bibelots de prix, tout y est encore plus cher ici. Un grand aquarium occupe le meuble du fond. Il n'y a aucune trace de lutte. Vous vous approchez du bureau et, juste derrière, vous découvrez le cadavre étendu sur le sol. Le visage tourné vers le plafond. Baignant dans une flaque de sang qui forme maintenant une vilaine tache sur la moquette et qui a souillé à jamais son beau costume italien.
Dattaque n'était pas si vieux que ça. Il avait la bonne cinquantaine, le crâne dégarni, les cheveux grisonnants et une taille moyenne. Son visage est figé dans une expression de surprise, les yeux grands ouverts. Sa main gauche reste crispée sur une paire de lunettes ; les siennes, d'après Loyson. Vous découvrez l'arme du crime plantée dans la gorge de la victime : une espèce de poignard à la lame ondulée. C'est un kriss, un poignard de sacrifice, une arme peu banale. Vous demandez à Laurent si son patron possédait des armes de collection.
- Pas que je sache, non, vous répond-il. Les armes qui l'intéressaient, c'étaient surtout les missiles. Je suis certain de n'avoir jamais vu de couteau de ce style dans cet immeuble !
Notez le mot-code "DECONT" dans votre Journal d'Enquête. En relevant la tête, vous découvrez sur le mur quelque chose que vous n'aviez pas remarqué jusqu'alors. Quelque chose d'étonnant et de particulièrement troublant : une énorme croix en forme de X y a été tracée... avec du sang. Celui de la victime, vraisemblablement. Qu'est-ce que cela veut dire ? À vue d'il, ce sinistre graffiti a été fait avec le kriss. Le meurtrier a donc pris soin de replanter la lame dans la gorge après avoir dessiné avec. Voilà qui est des plus étranges...
- Tu ne m'as pas parlé de gribouillis, dites-vous à votre ami en désignant le mur avec votre menton.
- C'est que... je ne voyais pas en quoi c'était important... C'est important ?
Vous levez les yeux au ciel en guise de réponse.
Dans le mur, à côté du X de sang, s'ouvre un petit coffre-fort. Il doit habituellement se trouver caché derrière un tableau, mais on a fait coulisser ce dernier de côté sans prendre la peine de le remettre en place, et le coffre est resté grand ouvert. Vide. Vous interrogez Loyson du regard. La mine dépitée, il vous explique que c'était le coffre personnel de Dattaque. Lui seul en connaissait la combinaison, ainsi que le contenu. Tout a disparu.
- Lui seul en connaissait la combinaison, mais combien de personnes savaient qu'il y avait un coffre à cet endroit ? demandez-vous.
- Tous ses proches collaborateurs, je suppose...
Vous vous demandez si vous ne tenez pas là le mobile du crime.
Vous examinez à présent la rangée de fenêtres qui éclaire le bureau. Quatre fenêtres coulissantes côte à côte, qui donnent sur la cour. Si le garde du corps dit vrai et qu'il n'a laissé personne entrer par la porte, cela voudrait dire que l'assassin se serait introduit par là. Vous vous assurez qu'il n'y a pas d'autre entrée que la porte et la fenêtre avant de réfléchir... Il semble difficile à croire qu'une personne venue de l'extérieur ait pu faire le coup. Vous ne relevez aucune trace d'effraction sur les fenêtres. Vous notez juste que l'une d'elle n'était pas verrouillée de l'intérieur.
- C'est la fenêtre qui était grande ouverte quand nous sommes entrés, précise Laurent.
Vous en êtes à ce point de vos investigations quand l'irruption de plusieurs personnes dans la pièce vous en tire. Il s'agit de la police criminelle, experts scientifiques en tête. Ils viennent prendre possession des lieux pour effectuer leurs relevés et analyses. Autrement dit vous devez quitter les lieux. Loyson intervient avant qu'ils ne se méprennent à votre sujet et vous présente comme l'enquêteur de l'entreprise. Vous leur assurez n'avoir touché à rien. Ils vous invitent à aller voir le commissaire qui a été chargé de l'affaire.
Ce que vous faites en vous rendant au
9.