C'est la stupeur générale dans l'assemblée quand vous annoncez ce nom. À commencer chez le commissaire qui, juste à côté de vous, vous regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes. Il n'en revient pas que vous l'incriminiez ainsi.
- Votre accusation est très grave, dit le Ministre. J'espère que vous avez une véritable preuve pour affirmer une chose pareille, Mr Jacket.
- Cardoze et moi avons travaillé de paire pendant toute cette enquête, et j'ai pu constater un certain nombre de choses troublantes.
Vous énoncez vos arguments en faveur de votre thèse, mais ils viennent vite se briser sur une défense dure comme le roc : à chaque apparition de l'Agent X lors de cette affaire, le commissaire avait un alibi solide, avec plusieurs témoins à chaque fois, dont des policiers au-dessus de tout soupçon. Vous n'avez pas réuni assez de preuves pour accuser quelqu'un ainsi et jeter l'opprobre sur lui. On ne veut plus vous écouter davantage. En prenant la parole comme vous l'avez fait, il vous fallait une argumentation solide pour étayer vos théories. En lançant une accusation en l'air, vous n'avez réussi qu'à vous couvrir de ridicule, et devant un membre du gouvernement de surcroît. Ce dernier vous désavoue, et Montanes ne rate pas l'occasion de vous railler. Vous avez prouvé qu'il avait vu juste sur vos piètres compétences de détective. Et, pire que tout, vous venez de perdre le seul soutien que vous avez jamais eu durant cette enquête. Cardoze est dégoûté de votre attitude, après tout ce qu'il a fait pour vous.
La réunion est levée. Dans un climat lourd, les personnes présentes sortent en vous regardant du coin de l'il. L'assassin de Louis Dattaque court toujours et des plans top secrets peuvent passer d'un jour ou l'autre entre des mains ennemies. Un fiasco.
Avant que vous ne partiez, Didier Dattaque vient vous trouver et vous invite à le suivre dans son bureau. Il a repris celui de son père. Le X de sang est toujours tracé sur le mur, comme le symbole de la victoire de votre adversaire. Le sol, lui, a été lavé et l'ameublement a même été changé.
- C'était le bureau de mon père, mais je ne suis pas du genre nostalgique, se justifie l'héritier. Il est normal que j'y mette ma touche, c'est le mien maintenant.
Le sourire avec lequel il a ponctué sa phrase ne vous a pas échappé. Sa nouvelle secrétaire, une pin-up à la poitrine volumineuse, vous remet un chèque au généreux montant, que le jeune PDG vous signe dans l'instant.
- Votre enquête est terminée, Jacket. Voici vos honoraires. Je vous remercie pour les efforts que vous avez fournis pour confondre le meurtrier de père, même s'ils se sont avérés... peu payants. À présent, l'affaire est entre les mains des plus hautes huiles de la police et du contre-espionnage. Prions pour qu'ils mettent vite la main sur ce satané espion.
Quand bien même c'est Laurent Loyson qui vous a engagé, le fils Dattaque aura été des plus corrects avec vous et aura tenu -non sans largesse- les engagements pris par son entreprise envers vous. D'autant plus que vos résultats ne sont pas à la hauteur du salaire. Vous n'avez d'ailleurs pas manqué de relever le ton sarcastique avec lequel il a asséné ses euphémismes. En tous cas, ce chèque vient vraiment à point nommé pour votre compte en banque.
Fort de cette nouvelle fortune, vous allez pouvoir vivre très correctement pendant un moment. C'est toujours ça. Cependant, au fond de vous, vous ne pouvez vous empêcher de ressasser la honte que vous vous êtes payée en sortant une thèse aussi grotesque.
Si le mot-code PRIZAD est inscrit sur votre Journal d'Enquête, rendez-vous au
615.
S'il n'y est pas, rendez-vous au
666.