Vous criez à l'aide, dans l'espoir que les salariés de cette entreprise ne sont pas tous compromis avec les mafieux à qui vous avez eu affaire. Mais personne ne prête attention à vous. Vous êtes seul. Vous empoignez un balai pour essayer d'enfoncer la serrure, mais cette dernière s'avère plus solide que le plastique dont est fait votre ustensile. De guerre lasse, vous finissez par vous écrouler sur le sol de votre prison. Vous savez que vous allez rester enfermé ici, à la merci du bon vouloir de vos ennemis. Ils peuvent très bien vous mettre une balle dans la tête et jeter votre cadavre dans le fleuve. Vous regrettez d'avoir été trop curieux.
Vous croupissez dans cette cellule, sans manger, jusqu'au lendemain matin. Les malfrats vous réveillent à coups de pied dans le ventre. Vous n'avez pas le temps d'ouvrir les yeux que vous vous retrouvez les yeux bandés, bâillonné et les mains attachées dans le dos. Vous êtes jeté à l'arrière d'une camionnette qui quitte le site et fait un bout de route. À aucun moment l'un de vos tortionnaires ne vous a adressé la parole. Couché comme un sac à patates, vous ne sentez que le cahot irrégulier de la route, les virages et les arrêts de la camionnette, et la présence de ces mauvais esprits invisibles.
Au bout d'un moment qui vous a semblé l'éternité, le véhicule s'immobilise, sans que le contact ne soit coupé. Une portière claque. Des mains fermes vous empoignent et vous font sortir. Une voix à l'accent slave vous adresse alors la parole :
- Le patron a découvert qu'en réalité, t'étais inoffensif. Tu ne représentes aucun danger. Alors oublie tout ce qui s'est passé et cesse de fouiner partout. Ça vaudra mieux pour toi. Estime-toi heureux d'être en vie. Adieu, Nils Jacket.
On vous ôte votre bandeau et votre bâillon. Vous réalisez alors qu'il fait encore nuit. Le soleil ne s'est pas encore levé. Vous vous trouvez sur un terrain vague et vous voyez la camionnette blanche de vos ennemis s'éloigner à toute allure.
Vous parvenez à couper la ficelle qui vous attache les mains sur une pierre anguleuse et vous regagnez la route la plus proche. Vous êtes en rase campagne et votre tenue pour le moins négligée après votre captivité ne suscite la confiance d'aucun preneur d'auto-stoppeur ; toutes les voitures accélèrent en vous voyant sur le bord de la route. Par chance, une voiture de police finit par passer. Vous l'arrêtez et expliquez votre situation aux gardiens de la paix.
- Vous êtes Nils Jacket ? Ça tombe bien, le commissaire Cardoze a fait passer un message comme quoi vous étiez porté disparu. Montez, on vous emmène le voir.
Une demi-heure après, vous vous trouvez assis en face de Cardoze, au commissariat, un bon café chaud et des croissants à portée de la main. Vous dévorez tout avec un appétit d'ogre.
Votre allié policier s'inquiétait de votre disparition, car votre cabinet a été trouvé sens dessus dessous cette nuit, et vous aviez disparu. Ce sont vos voisins qui ont signalé des bruits suspects, des bruits d'effraction. Les coupables ont tout ravagé. La seule chose à laquelle ils n'ont pas touché, c'est au contenu de votre réfrigérateur : un restant de poulet mayonnaise qui constitue vos toutes dernières provisions (notez le poulet mayonnaise dans la case "cabinet" de votre Journal d'Enquête). En revanche, si vous comptiez récupérer certains objets laissés à votre cabinet, vous pouvez faire une croix dessus, il ne vous reste plus rien.
- En plus, il était impossible de vous joindre. J'ai préféré passer le mot aux patrouilles.
Vous lui expliquez pourquoi vous aviez disparu de la circulation : votre mésaventure chez FBSA. Il n'en revient pas, mais vous croit sur parole. Il n'a que votre témoignage, il n'a aucune preuve, mais savoir que vous avez été en danger le met hors de lui. Il décide d'agir sans attendre, pour être sûr de cueillir ces malfrats avant qu'ils ne mettent les voiles.
Le jour se lève à peine quand une dizaine de voitures de police sans sirènes ni gyrophares arrive en vue du siège de FBSA Industries. Sur ordre du commissaire, dans le véhicule duquel vous avez pris place, elles encerclent le complexe et allument leurs lumières toutes en même temps. Cardoze se présente à la réception et ordonne qu'on laisse ses hommes perquisitionner. Le service de sécurité n'ose pas s'opposer. Les policiers investissent les lieux, à la recherche des individus auxquels vous avez eu affaire. Hélas, l'opération fait vite chou blanc. La police ne trouve aucun des bandits, ni aucune trace de leur présence. Vous retrouvez l'entrepôt où vous étiez séquestré et en gagnez le sous-sol, sans avoir à passer par le soupirail cette fois. Vous retrouvez le placard où vous avez passé la nuit. Les caisses d'armes stockées dans la remise ont disparu. Vous reconnaissez la salle où vous avez vu le "
Lord" à l'accent anglais, mais il n'y a plus les schémas et plannings aux murs. Les malfaiteurs se sont envolés.
Le directeur adjoint de l'entreprise arrive furieux, flanqué d'un grand escogriffe à lunettes qu'il présente comme l'avocat de la société. Ce directeur adjoint vous déplaît d'emblée, avec son ton pincé et outré, ses manières affectées et son brushing à la mode. Il s'indigne de cette opération de police qui n'avait pas lieu d'être et menace le commissaire Cardoze de poursuites terribles. Ce dernier, bien embêté, lui explique qu'il est à la recherche d'un gang de trafiquants et que, sur la foi de votre témoignage, il a dû fouiller le complexe, car c'est là que vous avez formellement reconnu avoir été retenu prisonnier cette nuit.
- Vous n'auriez jamais dû employer des méthodes aussi tape-à-l'il, lui reproche le directeur adjoint d'un ton cassant. Vous avez gravement nui à l'image de FBSA. Tout ça pour rien. La prochaine fois, tâchez de collecter davantage de preuves avant de lancer des opérations de cette importance.
- Votre entreprise a quand même servi de refuge à des criminels, rétorque Cardoze.
- Et alors ? Si des malandrins s'introduisent dans nos locaux pour y mener des actions répréhensibles, nous en sommes les victimes, pas les coupables !
- Où est Sorche ? vous enquerrez-vous.
- Mr Sorche est introuvable et injoignable depuis ce matin.
Le commissaire doit bien reconnaître son échec, et tous ses hommes sont obligés de rentrer au bercail. Vous en profitez pour récupérer votre 106 et suivez leur convoi (+1 trajet de voiture dans votre Journal d'Enquête). Vous retrouvez votre imper et votre feutre qui vous seyent tant. Ainsi que ce que vous aviez laissé dans votre boîte à gant. Si votre cabinet a été cambriolé, vous n'y retrouverez plus grand-chose. C'est donc tout ce qu'il vous reste.
Au poste, conciliabule avec Cardoze. À aucun moment ce dernier ne remet en cause votre témoignage. Vous n'êtes qu'un simple détective, lui est un officier de police en vue, et il vous traite pourtant d'égal à égal. Il est convaincu qu'un groupe de trafiquants d'armes opère au sein de FBSA Industries, mais ces derniers ont été assez malins pour vider les lieux avant de vous relâcher. Dieu seul sait où ils se trouvent à présent.
- Vous pensez que les dirigeants de l'entreprise n'étaient au courant de rien ? lui demandez-vous.
- C'est possible. Ces technocrates sont souvent coupés de la réalité du terrain. Puisque le dénommé Zork travaillait là-bas, j'aurais tendance à penser que c'est lui qui chapeautait tout ça.
- Un lien avec la mise à sac de mon cabinet ?
- Possible. Ils ont voulu s'assurer de ce que vous saviez sur eux. À ce propos, mon beau-frère est artisan. Je l'ai contacte pour qu'il s'occupe de votre porte. Il viendra la réparer dans la journée. En attendant, j'ai laissé l'un de mes inspecteurs sur place. Il pourra ainsi superviser les travaux et garder vos clefs jusqu'à votre retour.
Vous le remerciez chaleureusement. C'est vraiment un chic type, ce Cardoze. Que feriez-vous sans lui ? commencez-vous à vous dire.
Votre mésaventure de cette nuit ne vous aura finalement apporté que des ennuis. Et vous vous êtes sans doute fait un ennemi mortel, le dénommé Lord. Néanmoins, vous vous rappelez les propos que vous avez entendus : l'Agent X... Rien ne dit que cela vous aidera dans votre enquête, mais qui sait...
Ce matin, le commissaire a rendez-vous avec Didier Dattaque pour l'interroger. Il doit le retrouver à un café du centre commercial. Il vous propose de venir avec lui, une marque de considération que vous acceptez avec honneur. Prenez de nouveau place dans sa voiture et rendez-vous au
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