Le tumulte laisse place à un moment de latence. Les ninjas vous conduisent de force au centre de l'entrepôt et vous font mettre à genoux. Ils font subir ensuite le même sort à l'un des seuls rescapés de la fusillade : Nelson Delmas. Le fier PDG a l'il poché, un filet de sang à la bouche et son costume est déchiré. Il n'en croit pas ses yeux de vous voir ici :
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Good heavens, mais que faites-vous là, Jacket ?!
Les ninjas vous intiment le silence quand vous voulez lui répondre. Vous restez près d'un quart d'heure dans cette position, à genoux, en silence, la tête baissée, sous la menace de leurs armes. Qu'attendent-ils pour faire quelque chose de vous ? Essaient-ils de vous détruire psychologiquement, en vous tenant ainsi à leur merci, prêts à vous exécuter d'une simple pression sur la gâchette ? Côté Delmas, cela paraît efficace : son visage se décompose minute après minute. Bien que vous n'ayez jamais été dans votre vie si près de la perdre, vous restez serein. Vous ne vous expliquez pas pourquoi, mais la peur de la mort ne parvient pas à vous tarauder. Vous avez la conviction que votre ennemi ne veut pas votre trépas. Vous savez aussi que le temps joue en votre faveur. Les renforts demandés par le commissaire doivent déjà être arrivés.
Mlle Zadilova fait enfin son apparition. Elle a enfilé un blouson de cuir marron aviateur. Elle pousse devant elle Robert Bolet, menotté et bien amoché lui aussi.
- Celui-ci était tellement couard qu'il se cachait dans un recoin, dit-elle à ses hommes. J'ai réussi à l'arrêter avant qu'il ne s'enfuie.
Elle lui ordonne de s'agenouiller à côté de Delmas et vous. Vous êtes trois prisonniers encerclés de ninjas qui pointent sur vous le canon de leurs armes. La blonde fatale se penche vers vous :
- Vous n'étiez pas prévu au programme cet après-midi, Nils. Mais c'est ce que j'aime chez vous. Vous êtes la dose de doux inattendu dans ma vie. Vous m'obligez à improviser et à me surpasser.
Bolet, hors de lui, ne parvient plus à se contenir. Il se met à insulter celle qu'il croyait sa fidèle employée :
- Espèce de sorcière...! Traîtresse ! Je vous avais engagée pour m'aider. Depuis le début vous m'avez abusé. Vous êtes la perfidie incarnée ! Vous mériteriez de brûler vive sur un bûcher !
- Oh, que de compliments ! Mais pareils propos me font bien rire venant de quelqu'un qui trahit son entreprise depuis si longtemps. Vous êtes mal placé pour donner des leçons de loyauté !
- Harpie !
- Économisez votre salive, Bolet, le fait-elle taire avec un ton soudain supérieur. Vous en aurez besoin pour vos prières.
Les mains dans les poches de son blouson, elle s'assied avec désinvolture sur le capot de la Passat et vous décoche un sourire malfaisant :
- Mon patron aimerait vous dire quelques mots. Je vous conseille d'écouter en silence, il déteste être interrompu.
Une lumière s'allume sur la passerelle. C'est un projecteur qui vous éblouit. Une voix masculine retentit alors, sépulcrale, résonnant dans tout le hangar. Son propriétaire parle dans un microphone qui l'amplifie et la déforme artificiellement, lui conférant un timbre grave et robotique qui vous glace le sang.
- C'est l'Agent X ! prend peur Bolet. C'est lui...!
Vous entendez pour la première fois la voix de votre ennemi s'adresser à vous. Le ton est monocorde mais théâtral :
- Une fois de plus, il semblerait que c'est moi qui l'emporte. Les plans de Dattaque et maintenant le prototype MB409201 sont entre mes mains. Et j'ai tous mes meilleurs adversaires à ma merci. Je ne pouvais pas rêver d'une meilleure fin de carrière ! Ce dernier coup d'éclat très lucratif va me permettre de prendre ma retraite et de disparaître dans la nature sans que personne ne sache jamais qui je suis. (il s'adresse soudain à Delmas :) Cette fois, mon cher Lord, preuve est faite que le meilleur espion au monde, c'est moi. Je n'ignorais nullement que l'un de mes ninjas était un traître à votre solde. Je vous ai sciemment laissé venir jusqu'ici, afin de vous tendre ce guet-apens et réduire à néant votre minable petit gang de trafiquants. Pour bien montrer qui est le maître. Maintenant vous m'avez assez amusé, je n'ai...
Delmas proteste et l'insulte copieusement. X s'interrompt brusquement. Un coup de feu éclate ! Le PDG de FBSA tombe raide mort, une balle dans le front.
- Je vous l'avais dit qu'il n'aimait pas être interrompu, rit Mlle Zadilova.
L'Agent X reprend son propos là où il l'avait arrêté, sous forme d'une sentence implacable :
- ...plus besoin de vous. Adieu, "mylord".
Le coup de feu semble avoir été tiré d'en haut, depuis la passerelle. Mais, à cause de la lumière du projecteur qui vous aveugle, vous ne distinguez pas si quelqu'un s'y tient. Vous croyez discerner une silhouette, une ombre incertaine qui tient quelque chose à la main, un pistolet peut-être. À ses pieds, on dirait qu'il y a un objet, de la forme d'une mallette, sans doute le baffle de son micro.
X reprend là où il en était resté, inflexible, en s'adressant cette fois à Bolet de la même voix monocorde. L'homme d'affaires est terrifié par le cadavre de Delmas à côté de lui, il n'ose rien dire.
- Ah, ce cher Colonel ! Un bien brave bras droit. Mais un peu bête de s'être laissé convaincre de venir jusqu'ici. J'avoue que vous avez fait très fort en engageant ma belle Miss Zadilova. J'imagine votre désarroi aujourd'hui de savoir que celle que vous avez chargée de me traquer travaille en réalité pour moi.
Mlle Zadilova était donc la complice, depuis le début, de ce satané Agent X. Si vous ne le saviez pas encore, notez le mot-code "COMPZA" dans votre Journal d'Enquête.
- Alors, dites-moi, Colonel, quel châtiment méritez-vous ?
L'intéressé fixe le sol et se met à pleurer en implorant pitié. X éclate de rire et le traite de pleutre :
- Vous n'avez jamais eu la carrure d'un espion, vous êtes une lavette !
Votre funeste ennemi s'adresse alors à vous, sans attendre de réponse de votre part :
- C'est la première fois que j'ai le plaisir de vous parler, Mr Jacket ! J'ai suivi votre enquête depuis le début, et je dois dire que vous aurez été un adversaire retors. Je ne pensais même pas qu'un détective de seconde zone tel que vous soupçonnerait un instant que c'était moi l'assassin de Louis Dattaque. Vous voir ici cet après-midi prouve que j'ai eu raison de ne pas vous sous-estimer. Mais vous non plus n'étiez pas de taille contre moi, désolé. C'était une affaire trop grosse pour vous. Encore une fois, j'écrase mes adversaires de ma supériorité. Je suis le plus fort. Mais il me répugnerait de vous tuer, Mr Jacket. Ce ne serait pas très
gentleman. Je préfère que vous alliez raconter au monde de quelle façon l'Agent X a triomphé. Miss Zadilova, enfermez nos invités dans la resserre.
- Vos désirs sont toujours des ordres, cher Mr X.
- Adieu Mr Jacket.
La partie de jeu de société dont vous parlait Montanes hier matin vient de se dérouler sous vos yeux. Avec ses 4 protagonistes : Lord, le Colonel, Mlle Zadilova et le mystérieux Agent X qui n'a pas encore dévoilé son visage. Le tandem X/Mlle Zadilova a battu l'équipe Lord Delmas/Colonel Bolet, et le PDG est même resté sur le carreau.
Les ninjas vous font lever, Bolet et vous, et ils vous conduisent sans ménagement jusqu'à une petite pièce sans fenêtre qui ne contient que des couvertures déchirées et des barils en plastique vides. Ils vous confisquent toutes les armes que vous avez pu garder sur vous (pistolets, mini-pistolet, poing américain ou encore couteau), ainsi que votre téléphone portable et votre bip-espion, si vous possédez ces objets. Si vous l'aviez, ils vous prennent le pistolet du commissaire Cardoze ; vous ne pourrez pas le lui rendre quand vous le reverrez (mais lui vous rendra le vôtre si vous le lui avez laissé).
Si l'un ou l'autre des mots-codes ZADENF ou ZADSUR est inscrit sur votre Journal d'Enquête, rendez-vous au
22.
Si vous ne disposez d'aucun de ces mots, rendez-vous au
535.