Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 503

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- Si Mlle Dattaque a téléphoné à sa bonne le soir du meurtre de son père, ce n'est pas parce qu'elle avait la flemme de descendre lui parler, commencez-vous. C'est tout simplement parce qu'elle ne se trouvait pas chez elle.

- Ah bon ? Et où était-elle, alors ? demande Montanes, sceptique.

- Une localisation de portable vous le confirmera : dans le bureau de son père.

Le Ministre, le contre-espion et l'assistance en restent cois. Votre nouvelle révélation les achève. Anne-Sophie, elle, a sévèrement blêmi. Tétanisée, elle n'arrive pas à répondre le moindre mot aux regards portés sur elle. Elle se tourne vers Laurent, le regard implorant. Ce dernier, prudent, vous demande d'où vous tenez votre information. Vous expliquez alors comment vous l'avez découverte et votre thèse prend une consistance qui convainc immédiatement. Le Ministre presse Anne-Sophie de s'expliquer. Défaite, incapable de dire quoi que ce soit, elle regarde fixement le sol. C'est Laurent qui décide de tout raconter :

- La situation est trop grave et je crois qu'il vaut mieux que nous disions toute la vérité, pour qu'elle ne se retourne pas contre nous. Anne-Sophie et moi avions décidé d'annoncer ce soir-là à son père que nous voulions nous marier. Elle est allée seule le lui dire.

- Quoi ? s'étouffe Montanes. Elle était avec son père le soir du meurtre et vous n'avez rien dit à la police ?!

- Nous savons que nous avons fait une erreur. Mais écoutez la fin de notre histoire avant de juger. Ce soir-là, Anne-Sophie est venue me rendre visite dans mon bureau, sur le coup des 21h. Nous avons discuté longuement puis avons pris notre décision. Vers 21h30-22h, elle est allée, seule, annoncer la nouvelle à son père, dans son bureau. Mais cela ne s'est pas passé comme nous l'espérions. Il a eu une réaction inattendue : il s'est mis en colère. Il m'a accusé de tous les maux, il a dit que j'étais en fait un intriguant qui ne cherchait que le pouvoir, que je ne méritais pas d'être avec sa fille. Elle en a été choquée et elle a eu une forte dispute avec lui.

- J'en avais marre ! s'écrie soudain l'intéressée. Papa faisait toujours tout pour ruiner mes liaisons. J'avais bien compris qu'il ne voulait pas me voir mariée, qu'il tenait à ce que je restasse à ses côtés. Je l'ai traité de pervers et je suis partie précipitamment.

- Votre père était toujours en vie quand vous l'avez quitté ? demande le Ministre.

- Je vous jure que oui !

- Qu'avez-vous fait après ?

- Elle est venue me trouver dans mon bureau, reprend Loyson. Je l'ai consolée, mais nous étions embêtés, nous ne savions plus comment nous sortir de cette situation. C'est alors que, un peu après 23h, Nache est venu tambouriner à ma porte, m'annonçant que Mr Dattaque ne répondait plus. Comme Anne-Sophie refusait de revoir et Nache et son père, elle s'est cachée sous mon bureau en attendant mon retour. Lorsque nous avons découvert le cadavre, j'ai pris peur. C'était un meurtre, et tout allait accuser Anne-Sophie. Je lui ai donc conseillé de rester cachée dans mon bureau pour toute la nuit. Le temps que j'appelle Monsieur le Ministre et la police régulière, ce serait le matin et, dans la confusion, tout le monde trouverait normal qu'elle soit déjà présente, personne ne se dirait qu'il ne l'a pas vue arriver. De son côté, elle a appelé sa bonne pour se forger son alibi.


Dans la pièce, tout le monde est effaré. Le Ministre vous concède que cette révélation inattendue est un point important de l'enquête. Il ne manque pas de condamner l'attitude de l'héritière. Elle a agi comme si c'était elle qui avait commis le crime, ce dont elle se défend encore bec et ongles. Pourtant, avec cet aveu, toute l'assistance a la preuve que vous disiez vrai. On vous regarde maintenant avec respect. Montanes a encore une question pour l'héritière :

- Dans son témoignage, le garde du corps Nache n'a pas signalé vous avoir vue. Vous avez pourtant dû passer devant lui pour vous rendre dans le bureau de votre père.

- Thomas est... est un ex à moi, balbutie-t-elle, gênée. Il l'a fait pour me couvrir, sans doute. Il ne voulait pas que l'on me fît des tracas pour rien.

- Cette histoire de ninja qui s'enfuit par la fenêtre après son forfait était une fausse piste, intervenez-vous. Une comédie pour égarer les enquêteurs. Si Louis Dattaque n'a pas eu le temps de crier avant de mourir, c'est qu'il a été tué par quelqu'un qu'il connaissait et dont il ne s'attendait pas à l'attaque. Et, à part Mademoiselle, personne de l'entourage de Mr Dattaque n'est venu le voir ce soir-là. On constatera, bizarrement, que Nache, le seul autre témoin avec Laurent à l'avoir vue avec son père ce soir-là, a malencontreusement été abattu avant de pouvoir nous en dire plus.

Anne-Sophie, outrée par cette insinuation, fait un véritable scandale. À bout de nerfs, elle veut quitter la réunion pour aller voir ses avocats. Mais Montanes la retient :

- Pas besoin d'hommes de loi, Mademoiselle. Juste d'un enquêteur plus malin que ce crétin de Jacket. Il est fort pour révéler au grand jour les affaires de famille, mais là, il s'agit d'une affaire d'espionnage.

- Il est vrai, enchérit le Ministre, que Mlle Dattaque avait l'opportunité de commettre le crime et peut-être un mobile. Mais pourquoi donc aurait-elle volé les plans dans le coffre ?

- Parce qu'elle est l'Agent X ! répétez-vous.

- Vous avez démonté l'un des alibis de votre suspecte, Jacket, souligne Montanes. Mais quid des deux autres ? Comment pouvait-elle transmettre les plans à Sakadov à l'ambassade et comment pouvait-elle voler le prototype, vu qu'elle se trouvait ailleurs, devant des témoins ?

- À chaque fois, son témoin c'est Laurent Loyson, répondez-vous. Il a menti une fois pour la couvrir. Il l'a fait les autres fois.

- Nous étions au restaurant ensemble le soir du bal ! proteste Laurent. Il y avait de nombreux témoins !

- Ça, c'est toi qui le dis.

Hélas pour vous, le commissaire Cardoze vient corroborer l'alibi. Ayant mis sous surveillance les principaux suspects de cette affaire, deux de ses hommes se trouvaient au restaurant en question et peuvent témoigner qu'Anne-Sophie y était bien avec Laurent. Vous essayez alors d'expliquer que la personne qu'ils ont vue ne pouvait pas être Anne-Sophie, qu'ils ont vu une personne déguisée, mais vous n'êtes plus très crédible.


Rendez-vous au 631.