Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 518

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Son patron est disposé à vous recevoir immédiatement. Quatre brutes du service de sécurité vous prennent alors en charge et vous conduisent à travers un hall luxueux, puis une série de couloirs. À ce stade de votre enquête, vous avez appris que le PDG de FBSA est en réalité un criminel, un trafiquant d'armes doublé d'un espion répondant au nom de code "Lord". Vous êtes en plein dans l'antre de ce génie du mal, cerné par ses hommes de mains qui ont, peut-être à raison, des têtes de tueurs à gages. Leur compagnie n'a rien de rassurant. Arrivés devant une porte d'acajou à double battant, ils vous invitent, sans un mot, à entrer dans cette pièce. Circonspect, vous pénétrez dans une spacieuse salle de conférence. Une grande table en occupe le centre, et autour d'elle sont disposés une trentaine de luxueux fauteuils en cuir noir. Tous vides, à l'exception de la place du président de séance, tout au bout de la table, occupée par Delmas. Son haut fauteuil tourné dos à vous, il vous adresse la parole sans vous voir, avec son accent anglais habituel :

- Veuillez accrocher votre imperméable au portemanteau, Jacket. Puis venez vous asseoir par ici.

Vous vous exécutez et pendez votre vêtement à côté d'une veste sombre qui doit être celle de votre interlocuteur. Lorsque vous prenez un siège, il se tourne vers vous sans prendre la peine de se lever. Il vous fixe avec ses petits yeux noirs, autant que son tic le lui permet. Ce clignement incessant de l'œil qui le trahit toujours.

- Ce matin, vous avez réussi un coup de filet spectaculaire, vous félicite-t-il avec une amabilité suspecte, comme s'il vous estimait grandement.

- Je vous remercie, "mylord", répondez-vous avec malice.

Il ne donne pas l'air de goûter l'allusion, mais il ne riposte pas à votre provocation :

- Vous avez donc fait arrêter Robert Bolet. Je suppose que ce poltron a été trop bavard ?

- C'est exact. Il s'est mis à table et s'est proposé de témoigner contre vous, aussi bien sur votre activité de fourniture d'armes "officieuse" que sur votre activité d'espion.

- Jouons cartes sur tables, je vous prie. Vous savez que je suis Lord, très bien. Mais qu'attendez-vous de moi exactement ? Je ne comprends pas ce que je peux faire pour vous. N'est-ce pas le meurtrier de Louis Dattaque que vous cherchez ? Autrement dit l'Agent X ?

- C'est justement pour vous poser quelques questions sur lui que je voulais vous voir. Comme il se dit prêt à témoigner contre vous, vous aurez certainement envie de témoigner contre lui.

Le visage de Delmas prend une expression troublée, déconcertée.

- Attendez, de qui me parlez-vous ? De Bolet ? Pourquoi me parlez-vous de lui ?

- Parce que Bolet est l'Agent X.

Votre hôte vous regarde un instant avec des yeux totalement ahuris. Puis, à votre surprise, il éclate de rire ! Il n'arrive plus à s'arrêter.

- Qu'y a-t-il de drôle ? voulez-vous savoir, piqué au vif.

- Alors là, c'est la meilleure de l'année ! Bolet l'Agent X ! How funny !

- Les preuves sont confondantes.

- Eh bien vous feriez mieux de les revoir, vos preuves. Comme vous devez le savoir, Bolet, alias le Colonel, était ma taupe au sein de Dattaque Industries. J'ai pu juger de sa valeur. Sa qualité, c'est d'être très discret et consciencieux. Ce qui allait très bien pour le peu qu'il avait à faire. Mais c'est un espion de seconde zone, un être insignifiant. Rendez-vous compte : il a peur du sang ! Vous le voyez en assassin ninja ?

- Qui vous dit que le Colonel n'est pas un autre avatar de X lui-même ? Il ne serait pas le premier espion à adopter plusieurs alias.

- Un machiavélisme de génie, hein ? Non, j'ai la preuve que non. Il y a trois ans, j'ai eu affaire à l'Agent X, dont j'ai pu apercevoir la silhouette ce soir-là. Le Colonel était à côté de moi à ce moment précis. Et puis, il est arrivé plusieurs fois que je sois avec Bolet alors que X était ailleurs au même moment, en train de commettre un forfait et de le signer de son X écarlate.

Les propos que vous venez d'entendre ont de quoi vous inquiéter. Delmas vous a mis un gros doute dans l'esprit : et si l'histoire que Bolet a racontée était vraie ? Voilà qui est très embêtant : cela voudrait dire qu'il est innocent et que le vrai Agent X, lui, est toujours en liberté. Vous auriez à reprendre à zéro tout votre raisonnement.


- Si l'Agent X n'est pas Bolet, il a dû s'enfuir, maintenant, vous désolez-vous. Il a remis hier les plans volés à son contact, c'est trop tard pour les récupérer.

- Je ne crois pas. Je commence à bien connaître l'animal : je suis sûr qu'il va essayer de voler le prototype MB409201 qui sera convoyé demain matin pour être montré à l'État-major.

- Demain matin ? Comment êtes-vous au courant que le transfert aura lieu à ce moment précis ? Ce prototype n'est-il pas un projet dont le secret n'est connu que de l'armée et de l'entreprise Dattaque Industries ?

- Ha ha ! Vous n'êtes pas si futé que ça, finalement ! rit le PDG. Je sais les détails du convoyage car c'est le Colonel qui me les a donnés, bien sûr ! Vous oubliez que c'était jusqu'à hier soir ma taupe au sein de la société Dattaque. Il m'en a révélé bien des secrets.

Vous enragez. Montanes, Bolet, tous se sont bien gardés de vous dire quand aurait lieu le convoyage !

- Mais sachez, mon cher Jacket, que cette fois je pense que c'est la bonne, je vais enfin vaincre X. Ce qui m'intéresse, à défaut de m'emparer des plans, c'est de me venger de toutes les humiliations qu'il m'a fait subir. Je vous le livrerai et vous aurez résolu votre enquête. En échange, vous oublierez qui est Lord. Qu'en dites-vous ?

- Comment comptez-vous faire pour arrêter X ?

- J'ai un atout décisif dans la manche. J'ai réussi à identifier et soudoyer l'un de ses hommes. Un ancien agent à moi qu'il a eu la bêtise de recruter.

- Votre taupe ne vous a pas dit quelle était l'identité de X ?

- Contrairement à moi, X s'entoure du moins d'hommes de mains possible et préfère accomplir ses opérations lui-même. Il ne leur révèle pas non plus son identité. Mon traître m'a juste confirmé des choses que je savais déjà : l'Agent X qu'il a vu masqué est un homme, il a un tic nerveux de la main. Mais peu importe ces détails. Le plus important, c'est que je sache où je pourrai trouver mon ennemi le moment venu.

- Pourquoi m'en révélez-vous autant sur vos plans ? Vous pensez vraiment que je ne vais pas tout raconter à la police ?

- Je prends le risque. Le seul point faible que je connais à X, c'est son irrésistible envie de prouver qu'il est plus fort que ses adversaires. Il n'hésite pas à les défier et à les mettre sur sa piste, pour mieux jubiler de leur déconfiture. Et il y arrive à chaque fois parce qu'il sait manipuler les gens. Depuis le début de cette enquête, X vous manipule, vous êtes un pion de son plan, tout comme je le suis. La seule façon de l'avoir, c'est d'agir comme il ne l'a pas prévu. C'est ce que je pense réussir à faire en vous informant comme je le fais. Je vous donne ainsi plus de liberté d'initiative qu'il ne vous en prête ; vous avez davantage de moyens de le gêner.

- En quoi puis-je le gêner plus que vous ? Si vous avez un agent auprès de lui, vous pouvez aller l'arrêter dès maintenant, non ?

- À force de nous affronter, il ne nous connaît que trop bien, Montanes et moi. Il anticipe nos mouvements facilement, nous ne pouvons plus le surprendre. Il aura toujours un coup d'avance sur nous. Vous, vous êtes moins prévisible, vu que vous venez de débarquer dans l'histoire. Vous pouvez profiter de sa trop grande confiance en lui et l'avoir. Vous êtes peut-être même ma seule chance d'enrayer sa machine bien huilée. J'attendrai le dernier moment pour frapper et vaincre X. Le vrai.

Ses éloges paraissent sincères. Venant d'un tel magnat du crime, c'est plutôt encourageant. Mais vaincre l'Agent X sera une tâche plus facile à dire qu'à faire, si tant est que vous soyez allé trop vite en besogne avec Bolet. Lord regarde sa montre :

- À présent, partez d'ici. Le temps que je vous avais imparti est écoulé. Je ne vous raccompagne pas.


Vous vous levez et prenez congé. Notez les mots-codes "VOLPRO" et "INTFRO" dans votre Journal d'Enquête, si ce n'est déjà fait. Vous allez récupérer votre imper alors que Nelson Delmas vous présente à nouveau le dos de son fauteuil, comme si votre vue l'indisposait. Vous pouvez profiter du fait qu'il ne vous regarde pas pour placer un bip-espion sur sa veste, qui pend au portemanteau (à condition que vous ayez un bip-espion sur vous). Si tel est votre souhait, glissez-le dans une poche intérieure du vêtement.

Rendez-vous au 359.