N'étant pas expert en valse et en menuet, vous vous éloignez de la piste de danse, quand vous tombez nez à nez avec Mlle Zadilova, habillée de ses plus beaux atours ! Ce soir, pour le bal, elle a choisi de porter une robe rouge somptueuse, assortie au carmin de ses lèvres, et épousant parfaitement ses courbes magnifiques, dans le but manifeste de ne pas passer inaperçue. Elle porte les mêmes longs gants de velours noir qu'hier soir et un boléro assorti cache ses épaules, comme cet après-midi. Elle s'est munie d'un éventail qu'elle agite frénétiquement pour se faire de l'air au milieu de cette foule. Elle a ramené ses cheveux blonds en chignon. Elle est toujours aussi belle.
- Où allez-vous comme ça, mon cher Nils ? vous sourit-elle. Nous devions être cavaliers, je vous rappelle.
Et elle vous tend la main, attendant que vous la meniez à la piste de danse.
- Vous ne manquez pas d'audace, lui faites-vous remarquer. Je me demandais si vous oseriez venir ce soir sachant que je vous ai percée à jour.
- C'était justement ce qui me donnait le plus envie d'assister à cette soirée, voyez-vous, vous répond-elle avec un clin d'il espiègle. Vous m'avez impressionnée, tout à l'heure, au salon. J'aime les hommes comme vous. Je ne voulais pas rater l'occasion d'être votre cavalière. Et puis, c'est ce que vous souhaitiez vous aussi, non ?
- Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne vais pas vous arrêter là maintenant ?
- Si vous aviez voulu m'arrêter, vous l'auriez fait au salon de thé. C'était plus simple qu'au beau milieu d'un bal à l'intérieur d'une ambassade étrangère, non soumise aux lois du pays. Je suis intimement persuadée que vous préférez danser avec moi.
Elle passe son bras sous le vôtre et vous entraîne sur la piste de bal. Vous voilà au milieu des autres danseurs, pour une valse. Vous allez faire semblant de savoir la danser. À Dieu vat. La belle mercenaire semblant de bonne humeur, vous essayez de lui soutirer quelques informations :
- Vous m'avez avoué qu'en fait, vous ne travaillez pas pour Bolet. Ce soir, vous n'êtes donc là que pour faire de la figuration ?
- Oh, mais je travaille toujours pour Bolet ! Il m'a payé -très cher- pour que je l'aide à coincer l'Agent X. Je respecte mon contrat.
Conscience professionnelle oblige ! Je suis donc bien votre alliée ce soir. C'est juste que quelqu'un d'autre, très riche lui aussi, m'a payée pour éliminer Didier Dattaque. Je suis une mercenaire multicarte, voilà tout.
- Et quel est cet autre employeur ?
- Tût tût, secret professionnel. Motus et bouche cousue.
Le ton badin de ses réponses est quelque peu surréaliste. Vous avez une dangereuse tueuse, qui a du sang sur les mains, juste à côté de vous, juste
contre vous, et vous dansez avec elle, tout en écoutant ses propos légers.
- Vous dansez plutôt bien, vous savez, Nils. Dommage, cependant, que vous ayez gardé vos vêtements habituels. Un smoking eût été de meilleur goût en pareilles circonstances. Et vous seriez passé un peu plus inaperçu.
- Nul n'est parfait, que voulez-vous. De toutes façons, à la base, je suis là pour mener une enquête, pas pour valser.
- Ne soyez pas obtus. La règle n°1 du bon espion : lorsqu'on espionne quelqu'un, il ne faut jamais rester sans rien faire, ça fait tout de suite louche. Quoi de plus normal, en revanche, qu'un bel homme et une femme sublime qui dansent lors d'un bal ?
Pour votre plus grand bonheur, la valse se termine et l'orchestre entame une série de ballades. Votre cavalière reste dans vos bras pour danser le slow. Sans qu'elle ne le fasse ostensiblement, vous la voyez jeter des regards attentifs aux autres convives.
- Avez-vous remarqué quelque chose pour l'instant ? demandez-vous.
- Tout a l'air calme, mais il faut garder l'il ouvert : il suffit d'une seconde à X pour agir.
- Cette foule est si dense. Comment repérer quelque chose de louche ?
- J'ai toujours l'il sur l'ambassadeur. X doit prendre contact avec lui d'un moment à l'autre.
- Vous savez où est Bolet ?
- Oui. Regardez à votre gauche. C'est lui, là-bas, qui discute avec l'homme barbu.
Vous repérez en effet le crâne chauve de l'homme d'affaires. Il est en train de s'entretenir avec un homme en smoking de grande coupe, et dont la barbe et la moustache lui confèrent une allure méphitique.
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