Il ne vous reste plus qu'à attendre l'arrivée des secours. Pourquoi mettent-ils tant de temps ? Heureusement, vous finissez par entendre les sirènes de police au dehors. On dirait que les voitures des forces de l'ordre encerclent le bâtiment. La voix du commissaire retentit alors, portée par un mégaphone. Il interpelle les occupants de l'entrepôt et les invite à se rendre sans délai.
Soudain, un grand bruit de moteur se met à rugir sourdement. C'est le camion que les ninjas remplissaient de caisses. Vous entendez alors le crissement d'un rideau métallique qui se soulève et... une gigantesque explosion ! Vous sentez les murs trembler !
- Vertubleu, que se passe-t-il ? demandez-vous.
- Ils vont essayer de sortir en force..., vous répond Bolet sur un ton indéfinissable. J'espère que les forces déployées par le commissaire sont conséquentes. Sinon...
Les bruits de moteurs indiquent, effectivement, que vos ennemis sortent de l'entrepôt. Suit le tumulte d'une fusillade. Puis le calme finit par revenir.
Au bout d'un moment, vous entendez des gens investir les lieux. C'est la police. Vous appelez à l'aide et ils viennent vous délivrer. Cardoze est content de vous retrouver vivant ; il vous sert fort dans ses bras, ce qui vous prend de cours, il faut dire. Il se montre surpris de voir Bolet enfermé avec vous.
- C'est une longue histoire, faites-vous. Mais d'abord dites-moi : que s'est-il passé ? C'était quoi, cette explosion ? Vous avez eu X ?
Le commissaire adopte subitement une mine grave, préfigurant de sa réponse. Bien sûr, il a entendu la fusillade entre les ninjas de l'Agent X et les sbires de Lord, mais il ne pouvait pas intervenir de suite car les renforts ont mis du temps à arriver. En effet, il a cherché à joindre Montanes pendant un long moment, sans succès. Il a fini par appeler l'un de ses hommes réquisitionnés qui lui a dressé le topo : Montanes les a envoyés par petits groupes aux quatre coins de la ville, puis il a disparu de la circulation.
- Son téléphone sonnait continuellement occupé, maugrée Cardoze. Il a dû passer l'après-midi le portable vissé à l'oreille. Alors que s'il avait décroché j'aurais pu lui dire que l'homme qu'il recherchait était ici même... Quelle ironie...! En tous cas, ordres du commandant ou pas, j'ai fait rappliquer mes gars ici.
Il vous explique avoir fait disposer la dizaine de voitures disponibles autour du bâtiment puis fait donner l'assaut. Le store métallique du hangar s'est levé et ils ont alors été surpris par... un tir de roquette ! L'explosion, c'était une voiture de police soufflée par cette attaque dévastatrice. Le camion, le 4x4 noir et le break Volkswagen ont surgi et se sont frayé un chemin. Ses policiers étaient dépassés, ils n'étaient pas en mesure de faire face à une telle puissance de feu. L'un d'eux a bien tiré sur le 4x4 et sur le break mais ses tirs ont ricoché sur un revêtement pare-balles. Le sinistre convoi a forcé le passage et pris le large. Les policiers ont mis du temps à se remettre de leurs émotions et se sont lancés à sa poursuite sans doute trop tard. Cardoze a demandé de toute urgence tous les renforts possibles pour que des barrages soient disposés partout, pour empêcher l'ennemi de sortir de la ville.
Vous êtes sorti de votre prison et voyez les policiers de la brigade scientifique grouiller partout dans l'entrepôt. Ils photographient les cadavres et prélèvent des indices sur eux, avant qu'ils ne soient emmenés à la morgue. Ils ouvrent les caisses stockées ici : elles s'avèrent toutes vides, ce qui vous paraît très curieux. Pourquoi vos ennemis s'amusaient-ils à charger des caisses vides dans leur camion ? Vous racontez à Cardoze tout ce qu'il vous est arrivé et comment Nelson Delmas et ses hommes ont trouvé la mort.
- Après Louis Dattaque il y a quatre jours, c'est l'autre grand PDG de l'armement qui est assassiné à son tour, constate le commissaire. La presse va faire ses choux gras de cette histoire...
Soudain, à côté de vous Bolet s'écrie :
- Regardez ! X est toujours là-haut !
Vous levez tous les yeux : la silhouette se découpe toujours dans la pénombre de la coursive. Vous gravissez quatre à quatre les marches de l'escalier métallique et vous vous précipitez pour empêcher l'espion de s'enfuir. Mais vous déchantez vite : en fait d'Agent X, la silhouette n'est autre que celle... d'un mannequin.
- Il nous a eus, rage Cardoze, il s'est déjà enfui.
Mais vous ne répondez pas. Vous demeurez pensif. Vous marchez silencieusement et finissez de parcourir la passerelle, au bout de laquelle vous trouvez une grande salle pleine d'ordinateurs, d'écrans et de consoles de contrôle, le tout piloté par une table de mixage comme dans les régies de télévision. Au vu des accessoires entassés ici (micros, caméras, mannequins...), vous en déduisez que ce lieu devait être un ancien studio d'enregistrement de cinéma. Ce qui explique comment X a pu s'exprimer en déformant sa voix.
Le SAMU est arrivé pour emmener les policiers blessés à l'hôpital. Déjà des journalistes sont sur place. Le commissaire fait mettre Bolet dans une voiture de police, afin qu'il soit conduit en garde à vue une nouvelle fois. L'homme d'affaire paraît nettement moins contrarié cette fois-ci, s'estimant heureux de s'en être sorti vivant. Notez le mot-code "COLPRI" dans votre Journal d'Enquête.
C'est alors que, fendant la foule des curieux et des reporters, le commandant Montanes vient vous retrouver. Il arrive bien tard... Il dit avoir accouru sur les lieux sitôt averti des événements. Il est effaré que vous ayez trouvé l'Agent X, alors que lui l'a cherché partout depuis le début d'après-midi.
- Mais bon sang, Montanes, l'apostrophe Cardoze, vous pouvez me dire ce que vous fichiez pendant que mes hommes se faisaient tirer dessus au bazooka ?! J'ai essayé de vous joindre pendant des heures !
- Adoptez un autre ton avec moi, commissaire, je vous prie. Les émotions vous font perdre votre sang-froid. Je menais mon enquête, voilà tout. J'avais besoin que vos hommes quadrillassent la ville pour limiter les mouvements de mon ennemi. Je sentais que j'étais sur la bonne piste, à tort, on dirait... Mais vous auriez pu me dire que X était là ! J'aurais alors fait intervenir l'armée. S'il y a un responsable à ce fiasco, c'est vous !
- Si vous commenciez par nous dire, vous, qu'elle était votre piste ? intervenez-vous avant que Cardoze n'explose et ne commette une agression susceptible de nuire à sa carrière.
- Pourquoi le devrais-je ? Je suis officier du contre-espionnage. Je n'ai de comptes à rendre qu'à mon directeur et à mon ministre de tutelle. D'ailleurs, ce dernier présidera une réunion de crise demain matin. Votre présence y est exigée. J'espère pouvoir lui annoncer que j'ai repris ce camion et ces voitures que vous avez laissés s'échapper. Ce qu'il s'est passé cet après-midi est un grand pas de fait. La partie de jeu de société dont je vous parlais a eu lieu. C'est grâce à elle que je vais résoudre cette énigme.
- Mais quel bougre de c.. ! s'emporte le commissaire alors que Montanes s'est éloigné. Nous avons fait son boulot et en plus, il est pas content ! Je parie qu'il va faire croire au Ministre que c'est lui qui a tout fait !
- Nous avons fait notre devoir jusqu'à présent. Continuons sans nous préoccuper des excès d'un jaloux.
Lorsque vous revenez au commissariat, vous apprenez que l'on a perdu toute trace du camion et des voitures. Les patrouilles lancées à leur poursuite ne comprennent pas. Personne ne les a vus sortir de la ville. Ils se sont volatilisés. Et vous n'êtes pas au bout de vos peines.
Rendez-vous au
273.