Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 554

554
Faisant fi des critiques, vous commencez votre démonstration :

- Si Mlle Dattaque a téléphoné à sa bonne le soir du meurtre de son père, ce n'est pas parce qu'elle avait la flemme de descendre lui parler. C'est tout simplement parce qu'elle ne se trouvait pas chez elle.

- Ah bon ? Et où était-elle, alors ? demande Montanes, sceptique.

- Une localisation de portable vous le confirmera : dans le bureau de son père.

Anne-Sophie blêmit d'un coup. Tétanisée, elle n'arrive pas à articuler le moindre mot et se tourne vers Laurent, le regard implorant. Ce dernier, prudent, vous demande d'où vous tenez votre information. Vous expliquez alors comment vous l'avez découverte et votre thèse prend une consistance qui convainc immédiatement. Le Ministre presse Anne-Sophie de s'expliquer. Défaite, elle est incapable de dire quoique ce soit et regarde fixement le sol. C'est Laurent qui décide de tout raconter :

- La situation est trop grave et je crois qu'il vaut mieux que nous disions toute la vérité, pour qu'elle ne se retourne pas contre nous. Anne-Sophie et moi avions décidé d'annoncer ce soir-là à son père que nous voulions nous marier. Elle est allée seule le lui dire.

- Quoi ? s'étouffe Montanes. Elle était avec son père le soir du meurtre et vous n'avez rien dit à la police ?!

- Nous savons que nous avons fait une erreur. Mais écoutez la fin de notre histoire avant de juger. Ce soir-là, Anne-Sophie est venue me rendre visite dans mon bureau, sur le coup des 21h. Nous avons discuté longuement puis avons pris notre décision. Vers 21h30-22h, elle est allée, seule, annoncer la nouvelle à son père, dans son bureau. Mais cela ne s'est pas passé comme nous l'espérions. Il a eu une réaction inattendue : il s'est mis en colère. Il m'a accusé de tous les maux, il a dit que j'étais en fait un intriguant qui ne cherchait que le pouvoir, que je ne méritais pas d'être avec sa fille. Elle en a été choquée et elle a eu une forte dispute avec lui.

- J'en avais marre ! s'écrie soudain l'intéressée. Papa faisait toujours tout pour ruiner mes liaisons. J'avais bien compris qu'il ne voulait pas me voir mariée, qu'il tenait à ce que je restasse à ses côtés. Je l'ai traité de pervers et je suis partie précipitamment.

- Votre père était toujours en vie quand vous l'avez quitté ? demande le Ministre.

- Je vous jure que oui !

- Qu'avez-vous fait après ?

- Elle est venue me trouver dans mon bureau, reprend Loyson. Je l'ai consolée, mais nous étions embêtés, nous ne savions plus comment nous sortir de cette situation. C'est alors que, un peu après 23h, Nache est venu tambouriner à ma porte, m'annonçant que Mr Dattaque ne répondait plus. Comme Anne-Sophie refusait de revoir et Nache et son père, elle s'est cachée sous mon bureau en attendant mon retour. Lorsque nous avons découvert le cadavre, j'ai pris peur. C'était un meurtre, et tout allait accuser Anne-Sophie. Je lui ai donc conseillé de rester cachée dans mon bureau pour toute la nuit. Le temps que j'appelle Monsieur le Ministre et la police régulière, ce serait le matin et, dans la confusion, tout le monde trouverait normal qu'elle soit déjà présente, personne ne se dirait qu'il ne l'a pas vue arriver. De son côté, elle a appelé sa bonne pour se forger son alibi.


Dans la pièce, tout le monde est effaré. Le Ministre vous concède que cette révélation inattendue est un point important de l'enquête. Il ne manque pas de condamner l'attitude de l'héritière. Elle a agi comme si c'était elle qui avait commis le crime, ce dont elle se défend encore bec et ongles. Pourtant, avec cet aveu, toute l'assistance a la preuve que vous disiez vrai. On vous regarde maintenant avec respect. Montanes a encore une question pour l'héritière :

- Dans son témoignage, le garde du corps Nache n'a pas signalé qu'il vous avait vue. Vous avez pourtant dû passer devant lui pour vous rendre dans le bureau de votre père.

- Thomas est... est un ex à moi, balbutie-t-elle, gênée. Il l'a fait pour me couvrir, sans doute. Il ne voulait pas que l'on me fît des tracas pour rien.

- Cette histoire de ninja qui s'enfuit par la fenêtre après son forfait était une fausse piste, intervenez-vous. Une comédie pour égarer les enquêteurs. Si Louis Dattaque n'a pas eu le temps de crier avant de mourir, c'est qu'il a été tué par quelqu'un qu'il connaissait et dont il ne s'attendait pas à l'attaque. Et, à part Mademoiselle, personne de l'entourage de Mr Dattaque, n'est venu le voir ce soir-là. On constatera, bizarrement, que Nache, le seul autre témoin avec Laurent à l'avoir vue avec son père ce soir-là, a malencontreusement été abattu avant de pouvoir nous en dire plus.

Anne-Sophie, outrée par cette insinuation, fait un véritable scandale. À bout de nerfs, elle veut quitter la réunion pour aller voir ses avocats. Mais Montanes la retient :

- Attendez, Mademoiselle. Ce m'as-tu-vu de Jacket a seulement prouvé que vous aviez l'opportunité de commettre le crime et peut-être un mobile, passionnel. Cela suffit pour vous suspecter, mais pas pour vous inculper.

- Il est vrai, enchérit le Ministre, que le crime reste loin d'être élucidé. Le vol des plans dans le coffre indique que le mobile était bien l'espionnage. Et la mise en scène morbide prouve la préméditation, je pense. Selon vous, Mlle Dattaque aurait pu assassiner aussi sauvagement son père, juste pour vendre les secrets de son pays ? Et elle aurait maquillé la scène pour faire croire à un forfait de l'Agent X qui, en réalité, n'existerait pas ? Cela me semble un peu gros.


Si vous dites :

Que c'est effectivement le cas, rendez-vous au 619.

Que le crime était bel et bien passionnel, mais qu'une tierce personne en a profité pour maquiller la scène du crime et voler les plans, rendez-vous au 35.