- Après tout, cela ne me coûte rien de vous dire ce que je sais de l'Agent X. Vous pourrez toujours m'aider à le coincer. Le véritable X, j'entends.
- Vous voulez le coincer ?
- J'ai un vieux compte à régler avec ce fumier. J'ai beau être un terrible expert en espionnage, ma richesse en témoigne, j'avoue n'avoir jamais gagné une seule fois contre lui. À chaque fois que nous nous sommes trouvés tous les deux en concurrence sur une affaire, il m'a toujours doublé et m'a fait la nique, comme on dit chez vous. J'ai bien sûr cherché à me venger de lui et à l'éliminer, pour qu'il cesse de me faire cette intolérable concurrence, mais je n'ai jamais pu, car je n'ai jamais réussi à percer à jour son identité. Nul n'a jamais vu son vrai visage.
- Lui n'a jamais essayé de vous éliminer à son tour ?
- Assez étonnamment, non. Il aurait pourtant des raisons de le faire, mais il faut croire qu'il aime le sport et prend un malin plaisir à m'humilier. C'est le seul point faible que je lui connais : il préfère toujours laisser ses adversaires en vie pour leur prouver sa supériorité. Il court ainsi le risque qu'à un moment l'un d'eux le batte enfin. Plusieurs fois j'ai été tout près de l'attraper, mais il est trop fort. C'est un expert en déguisement, il parle couramment de nombreuses langues, il est initié aux arts ninja, c'est l'espion parfait.
Lorsque vous repensez à l'invitation de Robert Bolet dans sa propriété de campagne, cela cadre bien avec la personnalité de l'Agent X : il vous aurait tendu un défi, il vous aurait mené en bateau, en vous invitant tout près de lui et en vous glissant des doigts au dernier moment à l'ambassade. Une sorte de challenge, comme pour se prouver qu'il est plus fort que tous ses adversaires de valeur. En revanche, ce qui ne cadre pas, c'est Bolet en assassin ninja. Vu comme il avait peur lors de l'assaut ce matin, vous le voyez mal descendre en rappel le long d'une façade d'immeuble et abattre quelqu'un de sang froid.
- C'est juste pour vous venger de X que vous voulez le coincer ? demandez-vous. Ou bien l'espion que vous êtes a-t-il également des vues sur les plans volés ?
- Vous êtes décidément un homme pertinent, Mr Jacket. Une organisation secrète a fait savoir dans le milieu qu'elle était prête à payer le prix fort pour obtenir ces plans. Cela a attisé la convoitise de l'Agent X, mais aussi la mienne. J'aurais volé ces plans plus tôt si j'avais su où ils étaient cachés. X a réussi à le découvrir avant moi. Il a tué le vieux Dattaque, s'en est emparé, et m'a pris de vitesse. À présent, il les a remis à son contact qui les a certainement vendus...
- Vous savez quelque chose de cette mystérieuse "organisation secrète" ?
- Pas si mystérieuse. Ses membres sont pour la plupart d'anciens espions mis au placard à la fin de la Guerre Froide. Ces nostalgiques de l'ancien ordre mondial disposent de gros moyens. Je ne connais qu'un seul d'entre eux : l'ambassadeur de Biélorussie. Ils uvrent certainement au profit d'une puissance étrangère.
- Et, si vous vous étiez emparé de ces plans avant l'Agent X, vous les auriez vendus à une puissance étrangère ? Vous ne craigniez pas de déclencher un conflit dont les démocraties ne sortiraient pas indemnes ?
- Vous êtes un naïf, Jacket ! Réveillez-vous ! L'Inde a l'arme nucléaire. Israël a l'arme nucléaire. Et vous savez quoi ? Il n'y aura jamais de guerre nucléaire car tous les gouvernements du monde auraient trop à perdre !
Vous ne partagez guère cette vision cynique. Il y a tant de fanatiques rêvant d'un "âge nouveau" ou de fous mégalomanes qui se disent "après moi l'apocalypse". Mais vous préférez ne pas contrarier Delmas, pour qu'il continue de vous faire des révélations.
- Si l'Agent X n'est pas Bolet, il a dû s'enfuir, maintenant. Il a remis hier les plans volés à son contact, c'est trop tard pour les récupérer.
- Je ne crois pas. Je commence à bien connaître l'animal : je suis sûr qu'il va essayer de voler le prototype MB409201 qui sera convoyé demain matin pour être montré à l'État-major.
-
Demain matin ? Comment êtes-vous au courant que le transfert aura lieu à ce moment précis ? Ce prototype n'est-il pas un projet dont le secret n'est connu que de l'armée et de l'entreprise Dattaque Industries ?
- Ha ha ! Vous n'êtes pas si futé que ça, finalement ! rit le PDG. Je sais les détails du convoyage car c'est le Colonel qui me les a donnés, bien sûr ! Vous oubliez que c'était jusqu'à hier soir ma taupe au sein de la société Dattaque. Il m'en a révélé bien des secrets.
Vous enragez. Bolet vous a dit ce matin, à l'entrepôt, qu'il ne savait pas à quel moment le convoyage aurait lieu ! Il cachait bien son jeu, le fourbe !
- Et vous, Mr Delmas, vous croyez pouvoir vous montrer plus malin que l'Agent X, cette fois ? Ou bien vous roulera-t-il une nouvelle fois en beauté ?
- Eh bien sachez, mon cher Jacket, que cette fois je pense que c'est la bonne, je vais vaincre X, vous répond-il du tac au tac, piqué à vif par votre remarque acerbe.
- Comment comptez-vous faire ?
- J'ai un atout décisif dans la manche. J'ai réussi à identifier et soudoyer l'un de ses hommes. Un ancien agent à moi qu'il a eu la bêtise de recruter.
- Votre taupe ne vous a pas dit quelle était l'identité de X ?
- Contrairement à moi, X s'entoure du moins d'hommes de mains possible et préfère accomplir ses opérations lui-même. Il ne leur révèle pas non plus son identité. Mon traître m'a juste confirmé des choses que je savais déjà : l'Agent X qu'il a vu masqué est un homme, il a un tic nerveux de la main. Mais peu importe ces détails. Le plus important, c'est que je sache où je pourrai trouver mon ennemi le moment venu. (il regarde sa montre :) À présent, partez d'ici. Le temps que je vous avais imparti est écoulé. Je ne vous raccompagne pas.
De mauvaise grâce, vous vous levez et prenez congé. Notez les mots-codes "VOLPRO" et "INTFRO" dans votre Journal d'Enquête. Vous allez récupérer votre imper alors que Nelson Delmas vous présente à nouveau le dos de son fauteuil, comme si votre vue l'indisposait. Vous pouvez profiter qu'il ne vous regarde pas pour placer un bip-espion sur sa veste, qui pend au portemanteau (à condition que vous ayez un bip-espion sur vous). Si tel est votre souhait, glissez-le dans une poche intérieure du vêtement.
Rendez-vous au
359.