- Cet itinéraire avait été décidé par Mr Dattaque avant qu'il ne me nomme directeur adjoint. J'en ai été informé seulement après le décès de mon patron. La seule autre personne au courant était Robert Bolet.
- Vraiment ? Et une autre personne a-t-elle pu avoir accès à cette information de façon fortuite ?
- Impossible ! La carte de l'itinéraire était enfermée dans mon coffre-fort. Je te jure que je ne l'ai fait voir à personne ! Même à des gens de confiance. Être directeur par intérim, si jeune, d'une société comme celle-là, je ne voulais pas commettre d'impair, tu penses bien ! Toute ma carrière aurait été bousillée. Peut-être que Bolet a vendu l'information à quelqu'un de son côté. Il a pu photocopier la carte avant de me la remettre. Ce qui expliquerait bien des choses.
- Quelles choses ?
- Au tout début de cette affaire, quand je t'ai appelé, je soupçonnais Nelson Delmas, le patron de FBSA, d'avoir commandité le meurtre. Cet homme a des accointances avec la mafia, c'est certain, alors je me disais qu'il avait fait voler les plans. Mais j'ai la certitude désormais que ce n'est pas lui.
- Comment peux-tu en être sûr ?
- Depuis cet après-midi, je suis persuadé que Didier est mêlé à tout ça. Il est totalement incompréhensible qu'il ait pu récupérer 49% des actions de la société. Vois-tu, son père avait pris des mesures, avant sa mort, pour sa succession. Il existait une directive non écrite qu'il avait fait passer aux actionnaires. C'était Anne-Sophie sa fille qui devait prendre les rênes de l'entreprise familiale. Je devais être nommé directeur cet après-midi, et ce, pour un an, afin de permettre la transition et former Anne-So, que j'aurais prise comme directrice adjointe. Nous aurions échangé nos postes au bout d'un an.
- C'est toi que Louis Dattaque avait désigné ? Mais il venait à peine de te nommer directeur adjoint !
- En fait, c'était Bolet qui, au départ, devait jouer ce rôle d'homme de transition. Mais Mr Dattaque l'a limogé de son poste récemment et m'a nommé à sa place car, m'a-t-il dit, il n'avait plus confiance en cet individu. C'est le matin même de sa mort que mon patron m'a fait part de cette directive non écrite pour sa succession. J'étais loin de me douter qu'elle allait me servir le soir même !
- C'est effectivement une bien macabre coïncidence, murmurez-vous presque pour vous-même.
- Didier jouait le rôle du fils oisif, mais c'était une façade. J'ai vu son vrai visage cet après-midi. Il s'est montré bien trop rusé pour se faire élire. Je suis persuadé qu'il a fait chanter Bolet pour lui racheter ses actions. Mr Dattaque possédait 60% des parts, qui ont été divisés en deux, la moitié revenant à son fils. Bolet possédait 19% d'actions. Bizarrement, Didier disposait cet après-midi de 49% des parts.
- Quel moyen de pression avait-il sur Bolet, d'après toi ?
- Eh bien imagine que Bolet ait vendu à l'Agent X une copie de la carte de l'itinéraire du convoi. Si Didier l'a su, il pouvait le faire chanter facilement ! Je te dis, ce petit perfide cachait bien son jeu. Il était au courant pour la directive tacite de son père au sujet de sa succession. Quand il a appris la raison pour laquelle Bolet avait été limogé, il a élaboré son plan pour éliminer son père et prendre sa suite.
- Dans ton hypothèse, il y aurait deux affaires : une de meurtre et une d'espionnage.
- Euh... oui.
L'infirmière passe dire que c'est la fin des visites. Votre ami prend congé ; il vous invite à passer demain matin au siège de Dattaque Industries. Le commandant Montanes y réunit les différents protagonistes de l'affaire, en présence du Ministre de l'Intérieur. Resté seul, vous songez à ce que vous venez d'apprendre. Ce qu'a dit Laurent sur Didier Dattaque a de quoi vous faire réfléchir. C'est en effet une véritable surprise que ce soit lui qui succède à son père. Il n'a aucune compétence en gestion. Il n'a pas pu assassiner lui-même son père, il a un alibi, mais il pouvait commanditer le meurtre. Ce conseil d'administration extraordinaire vous a peut-être apporté les derniers indices que vous attendiez. Le temps est venu de faire tomber les masques.
Le lendemain matin, après une nuit de repos réparateur à l'hôpital, le docteur vous autorise à sortir. Le commissaire Cardoze vous attend en voiture. Il vous conduit au building Dattaque, pour l'événement qui va peut-être mettre un point final au mystère entourant le meurtre de Louis Dattaque.
Si, lors de votre enquête, vous avez fouillé une chambre d'hôtel, rendez-vous au
880. Sinon, rendez-vous au
565.