Il est passé ce matin à son bureau du building Dattaque. En tant qu'actionnaire principal de la société, il devait assister au conseil d'administration auquel le commissaire vous proposait justement de vous rendre. Le souhait de votre allié policier et le vôtre se rejoignent. Vous montez en voiture avec lui et ne mettez guère de temps à gagner le siège de Dattaque Industries. Un essaim de journalistes et de paparazzi est déjà agglutiné devant le portail d'entrée pour couvrir l'événement. Vous parvenez tant bien que mal à vous y frayer un passage, surtout grâce à la poigne de Cardoze qui sait y faire avec ces gens-là. Les vigiles vous laissent entrer sans problème, le temps de s'assurer que vous ne faites pas partie de la meute. Les gardes dans le hall du building font un peu plus d'histoires. Ce sont de toutes nouvelles têtes et il faut que vous justifiiez de votre identité. Du coup, lorsque vous arrivez dans la grande salle de réunion au 10ème étage, le tout dernier étage du bâtiment, le conseil d'administration exceptionnel a déjà débuté. Vous vous excusez de l'interruption, mais les débats semblent tellement animés que c'est tout juste si les participants remarquent votre entrée.
D'un coup d'il circulaire, vous prenez le temps de les dévisager, l'un après l'autre, les actionnaires assis dans les hauts fauteuils en cuir autour de la très longue table ovale. Beaucoup vous sont de parfaits inconnus. Ils sont censés parler chacun à leur tour, dans leur petit micro individuel, mais nombre d'entre eux apostrophent directement à haute voix le président de séance, un Laurent Loyson qui a bien du mal à les tenir. À sa droite, c'est Anne-Sophie Dattaque, l'héritière. Elle porte un tailleur bordeaux très foncé, elle a ramené ses cheveux bruns en chignon et elle s'est mis beaucoup de maquillage noir pour cacher ses cernes, creusés par les épreuves de ces derniers jours. Ses lèvres serrées donnent à son visage un air mal assuré et amer devant cette cacophonie. À l'autre bout de la table, son frère Didier, en costume cravate marron, reste parfaitement calme et silencieux. Il ne peut s'empêcher de sourire devant le spectacle de ce pathétique tohu-bohu. Vous remarquez que Robert Bolet, lui, est absent de cette réunion au sommet. Vous prenez congé sans que personne ne le note.
Vous gagnez le bureau de l'ex directeur adjoint, où sa pin-up de secrétaire, bien embêtée, vous apprend que son patron est effectivement passé ici ce matin. Elle lui a rappelé qu'il devait assister au conseil d'administration, mais il est parti sans lui répondre. Voilà qui n'est pas très normal ! Cardoze connaît l'adresse de Bolet en ville.
Lorsque vous arrivez sur le seuil du luxueux duplex, une aide ménagère plantureuse vous ouvre. Elle ne vous en apprend pas plus que la secrétaire : ces derniers jours, à chaque fois qu'elle est venue faire le ménage, elle a trouvé l'appartement vide. Tout était resté en l'état, le maître des lieux n'y est pas passé. Elle ne s'en est pas inquiétée, car il est coutumier du fait et se rend souvent sans prévenir dans sa maison de campagne, dont elle vous donne l'adresse exacte, à l'extérieur de la ville.
Vous mettez une petite heure en voiture pour gagner la magnifique propriété, aux allures de ferme cossue ou d'hôtel particulier champêtre. Sur place, les domestiques vous sortent un refrain familier. Ils ne comprennent pas : leur maître a emporté tous ses vêtements et ses effets personnels, et il est parti en coup de vent, sans rien leur dire, comme s'il partait en voyage. Ils ont continué le travail, mais ils sont inquiets. Leur patron leur dit rarement où il va, mais certains craignent qu'il ne revienne jamais. Son limogeage du poste de directeur adjoint et le meurtre de son PDG ont alimenté des rumeurs au sein de son personnel : ils se demandent s'il ne s'est pas enfui à l'étranger.
Vous avez cherché Robert Bolet tout l'après-midi, mais il a disparu. Il n'a donné aucun signe de vie dans tous les lieux qu'il fréquente. Il s'est volatilisé. Quel sens à cela ? Le soir est tombé quand vous rentrez au commissariat, bredouilles et perplexes. Une nouvelle étonnante vous y attend ; vous n'êtes pas au bout de vos peines !
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522.