Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 750

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Il désigne alors Mlle Zadilova à Montanes :

- Si cette femme travaille pour l'Agent X, elle doit pouvoir nous aider. Elle doit nous dire tout ce qu'elle sait de lui.

- Je dirais même que, présentement, elle est notre seule piste. Jusqu'à maintenant, tous les autres employés de X que nous avons pu arrêter ont fini ad patres. Je soupçonne même Mademoiselle d'être l'une des rares personnes, sinon la seule, à connaître l'identité secrète de l'espion.

L'assemblée ne cache pas son hébétude à cette affirmation. Le Ministre montre un regain d'enthousiasme :

- Mais c'est parfait, alors ! Faites-la parler sans attendre, commandant.

- Ce n'est pas si simple, soupire le contre-espion en toisant la mercenaire, qui lui retourne un sourire insolent. C'est une pro, elle ne parlera jamais. Même en insistant.

- C'est la sécurité nationale qui est en jeu ! On va voir si elle ne va pas parler ! Elle passera des vacances dès ce soir au Moyen-Orient s'il le faut.

- Si mes honorables hôtes songent à la torture, intervient l'ambassadeur Sakadov sur un ton étrangement stoïque, sachez que Mlle Zadilova bénéficie de l'immunité diplomatique de mon pays, en tant qu'attachée culturelle de mon ambassade. Si vous lui touchez un cheveu sans l'autorisation de mon gouvernement, vous créerez un incident diplomatique majeur, je vous préviens. Ce sera comme une déclaration de guerre. Si vous l'emprisonnez à la fin de cette réunion, elle sera libre dans les jours qui viennent. Tel est le droit international.

Vous comprenez maintenant pourquoi Bolet disait que Mlle Zadilova avait "ses entrées à l'ambassade". Le sourire de la criminelle prend toute sa signification : depuis le début elle sait qu'elle est intouchable. Elle considère toute l'assemblée d'un regard de défi. Avec un clin d'œil espiègle à votre endroit. Le Ministre n'en croit pas ses oreilles. Il essaie de contenir sa colère car il se sait proche d'exploser. À cause de cette impunité diplomatique, qu'il serait très périlleux de violer, il sait qu'il doit faire passer sa captive aux aveux ce matin ou jamais, sinon il devra la relâcher et n'obtiendra rien d'elle, quand bien même sa culpabilité dans toute cette affaire est établie.

- Dans votre intérêt, parlez, Mademoiselle, s'adresse-t-il à elle. Qui est l'Agent X ? Et où est-il ?

Elle ne répond rien, elle se contente de le fixer d'un regard torve. C'est elle qui est en position de force et elle le sait. Elle n'a rien à craindre en conservant le mutisme, elle n'a aucun intérêt à parler. Ce serait même dire quelque chose qui la mettrait en danger, si l'Agent X s'avérait être dans l'assistance.


Voyant son ministre au bord de la crise de nerfs, Montanes annonce :

- L'arrestation de Zadilova n'a pourtant pas été inutile. Regardez ce que je vous ai récupéré.

Il a amené la mallette blindée prise à la mercenaire. Avec des gestes inutilement théâtraux, il la pose sur la table et l'ouvre aux yeux de tout le monde :

- Le prototype MB409201 ! s'exclame le Ministre. Montanes, vous êtes génial ! Avec ça, le risque est nettement moins grand que l'on s'en prenne à nos sous-marins.

Vous enragez intérieurement que ce fat s'arroge le mérite de cette prise. C'est vous qui avez récupéré le prototype, alors que lui n'a rien fait. Et c'est lui que toute l'assemblée félicite. Du regard, Cardoze vous fait signe de rester calme. Mieux vaut ne pas faire de scandale en présence du Ministre. Mais Montanes ne perd rien pour attendre. Vous aurez bien l'occasion de le remettre à sa vraie place.

Le Ministre se tourne vers Mlle Zadilova :

- Vous allez devoir vous mettre à table, Mademoiselle. Avec la preuve d'un tel forfait à votre actif, je n'aurai aucun problème pour obtenir de mon homologue Biélorusse la levée de votre immunité.

- Je vous demanderai juste de respecter les règles internationales, intervient à nouveau Sakadov. D'abord vous devez la remettre aux autorités de mon pays, ensuite demander la levée de son immunité et son extradition.

À nouveau, le Ministre doit baisser pavillon. Il lui en faudra davantage pour faire fléchir la belle Slave. Montanes essaie de le rassurer, mais l'homme politique cède au découragement :

- Notre problème est que l'Agent X court toujours. Tant que nous ne l'avons pas attrapé, nous sommes incapables de connaître ses acheteurs, donc incapables de récupérer les plans.


En désespoir de cause, Montanes somme Robert Bolet de raconter tout ce qu'il sait. L'homme d'affaires collabore sans faire de chichis. Il raconte que, connaissant le milieu des espions pour en faire partie, il a tout de suite reconnu la signature de l'Agent X le soir où les autres et lui ont découvert le corps de Louis Dattaque.

- Je savais, par un ami à moi au Ministère de la Défense, ce qu'avaient appris les services de renseignement : une puissance étrangère ou terroriste cherchait à s'emparer des plans et avait engagé X pour cette mission. Je savais aussi que l'ambassadeur Sakadov était le contact de X et j'avais compris que le célèbre espion lui transmettrait les plans à l'occasion du bal donné à l'ambassade. Je m'y suis fait inviter et j'ai engagé cette harpie slave pour m'aider à le coincer. Que le Diable emporte cette p...

- Tenez-vous un peu, Bolet ! le coupe Mlle Zadilova, échaudée par son ton injurieux.

- Pourquoi ne pas avoir sollicité l'aide de la police ? demande le Ministre à l'ancien directeur adjoint.

- J'avais l'espoir insensé de récupérer les plans avant que votre gouvernement ne sût que notre négligence nous les avait fait perdre. J'étais bien bête, c'est certain. Quand je vois où ça m'a mené... Au bal, Nelson Delmas, mon "employeur de l'ombre", était là lui aussi pour stopper X. Je ne l'avais pas mis au courant de mon opération. J'ai agi seul, de mon propre chef, car j'avais peur d'être accusé du meurtre de Louis. Lui et moi, nous nous étions violemment disputés avant sa mort ; je faisais un suspect idéal. Au bout du compte, tout a échoué à l'ambassade. J'avais pourtant réussi à identifier les acheteurs de X et à les suivre...

- Vous connaissez leurs noms ? s'enquiert le Ministre, soudain plein d'espoir.

- Oui, certains. J'ai dit que je collaborais avec la police.

- J'ai peur que ça ne nous mène nulle part, soupire Montanes. Ils doivent tous être couverts par l'immunité diplomatique eux aussi...

- Tout est de ma faute, se lamente Bolet. X avait toujours un coup d'avance sur moi : Mlle Zadilova était depuis le début une traîtresse à son service. Elle le renseignait sur tout ce que je faisais. Je me suis fait piéger, et du coup, le lendemain matin, j'ai été accusé d'être l'Agent X et placé en garde à vue. Heureusement pour moi, comme X a volé le prototype MB409201 pendant ma détention, j'ai été mis hors de cause et relâché.

- Que faisiez-vous au quartier général de l'Agent X hier après-midi ? demande le contre-espion.

- Lord m'a obligé à venir avec lui pour un raid de la dernière chance. Il avait découvert où se situait le QG de X. Mais cette opération-là aussi a été un échec. X nous a capturés, Delmas, Jacket et moi.

L'assistance se tourne vers vous à l'énoncé de votre nom. Pour la première fois le Ministre remarque votre présence.

- Cet être diabolique a abattu Delmas devant nous, c'était atroce, gémit Bolet. Il avait prouvé que d'eux deux c'était lui le plus fort, le n°1 ; il n'avait plus besoin de rival.

- Un dernier point, Colonel : pourquoi avez-vous vendu à Didier Dattaque vos parts dans Dattaque Industries ?

La question vient tout à trac. Les actionnaires présents se regardent les uns les autres.

- J'ai dit que j'acceptais de vous fournir toute l'aide possible dans la traque de l'Agent X, répond Bolet. Je ne compte pas commenter une action strictement financière.


Didier ne semble pas apprécier la question de Montanes :

- Je vous prierais, commandant, de ne pas faire d'amalgame entre un honnête PDG et une fripouille d'espion. Surtout en présence de Monsieur le Ministre.

- Je trouve étonnant, Monsieur le PDG, que vous vous soyez découvert si tard cette envie d'être dirigeant. D'après mon enquête, vous aviez toujours été un oisif jusque là.

- C'est ce que les gens disaient de moi mais c'était faux ! J'attendais le moment propice pour montrer ma valeur à père, mais je n'en ai pas eu l'occasion... C'est vrai que j'ai sans doute un peu manqué de sérieux, que je me suis trop laissé aller à la nouba. Mais quand j'ai appris la mort de père, j'ai réalisé certaines choses.

- L'État compte sur vous pour gérer Dattaque Industries dans la lignée de votre père, en partenariat privilégié avec le gouvernement, intervient le Ministre, diplomate.

Les actionnaires opinent et l'y encouragent également.

- Votre père n'est mort qu'il y a cinq jours, Mr Dattaque, tranche Montanes, sentencieux. Le délai est un peu court pour réussir un coup comme celui d'hier au conseil d'administration. Vous avez tout improvisé sitôt votre père décédé ?

Comme l'héritier refuse de répondre, sa sœur explose et l'accuse de malversations ; son frère n'est même pas venu à l'enterrement de son père et il ose invoquer sa mémoire ? C'est Montanes qui doit les calmer. Pour cela, il se tourne à présent vers Anne-Sophie, afin de la cuisiner à son tour :

- L'un des points qui m'intriguent dans cette enquête, c'est votre alibi, Mlle Dattaque. Vous avez déclaré que, la nuit du meurtre, vous étiez chez vous et que votre bonne pouvait en témoigner.

- C'est exact.

- Dans ce cas-là, expliquez-moi pourquoi, lorsque j'ai consulté vos relevés téléphoniques, il est apparu que, cette nuit-là, vous avez appelé de votre portable sur le fixe de votre propre maison ? On ne se parle plus de vive voix chez vous ?

Elle est déstabilisée par cette pertinente observation et met un moment avant de bafouiller une explication :

- C'est que... j'étais dans mon lit et j'avais la flemme de descendre réveiller ma domestique, alors je l'ai appelée...

- Ce policier de pacotille n'a même pas tenté de localiser le portable, vous chuchote Cardoze.

C'est Laurent qui vole au secours de la belle orpheline. Il demande à Montanes d'arrêter ce petit jeu. Anne-Sophie n'a rien à voir avec l'affaire d'espionnage sur laquelle il enquête. Il a la complice du coupable, qu'il la fasse parler.


Revenu à la case départ, Montanes doit rendre les conclusions de son enquête et reconnaître qu'au point où elle en est, elle est un demi-échec. Il promet au Ministre de faire son possible dans les heures qui viennent. Si Mlle Zadilova reste muette comme elle l'est, il faut trouver d'autres solutions. Convaincu que le coupable qu'il cherche est un familier de Dattaque Industries, il propose d'interroger un à un tous les employés travaillant au siège. Compte tenu de l'urgence, le Ministre le lui accorde, et tant pis pour le scandale.

- Je suis fier de vous, Montanes, lui dit le politicien. Vous avez fait le maximum. Je vais dire au Chef d'État de faire appel à nos alliés européens et américains pour prévenir tout péril nucléaire. (il menace directement l'ambassadeur Sakadov :) Nous savons que vous êtes le contact de l'Agent X, Monsieur. Je ne peux rien faire contre vous aujourd'hui, je le sais. Mais si l'un de nos secrets nucléaires venait à tomber entre des mains ennemies, je peux vous assurer que vous le paierez cher. Je vous conseille de faire lever l'immunité de votre attachée culturelle au plus vite, ça vous évitera des ennuis futurs.

L'adipeux diplomate se soucie de cette intimidation comme d'une guigne :

- Vu comme je suis mal accueilli dans ce pays, je demanderai à mon Président de me muter ailleurs.


Le Ministre se lève pour signifier la fin de cette réunion. Il en appelle à toutes les bonnes volontés : elles doivent se mettre à la disposition du Ministère, pour la sauvegarde des intérêts du pays et du monde libre. Il se tourne vers le commissaire et vous :

- Messieurs, je vous prie d'apporter toute votre aide à mon Ministère aussitôt que nous vous solliciterons.


Il vous regarde. Il vient de s'adresser à vous. Vous sentez que c'est l'occasion ou jamais de montrer votre valeur et de faire ravaler son caquet à Montanes. Vous avez moins d'une seconde pour prendre votre décision.

Si vous osez dire au Ministre que vous avez résolu cette affaire, rendez-vous au 571.

Si vous préférez garder le silence de peur de vous ridiculiser, rendez-vous au 699.