Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 763

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La surveillance du building Dattaque est assurée la nuit par une équipe de plusieurs vigiles. Deux sont affectés à un PC de sécurité d'où il peuvent visualiser sur des écrans tout ce que voient les caméras de vidéosurveillance. Le veilleur de nuit, lui, effectue une surveillance à l'ancienne : des rondes régulières dans les étages inférieurs et les sous-sols, ainsi que dans la cour du complexe. Enfin, dernier élément humain de ce dispositif : un vigile tient le guichet du hall d'entrée. Impossible de franchir le hall et d'accéder aux étages sans passer devant lui. C'est lui qui fait passer par les portiques de sécurité. Si quelqu'un veut entrer dans l'immeuble, il doit avoir un badge magnétique pour déverrouiller la porte, mais le vigile de l'entrée peut ouvrir à un visiteur en appuyant sur un bouton. Dans une salle de repos, d'autres gardes se détendent, prêts à relayer leurs collègues. Ce sont ceux-là que le garde du corps de Louis Dattaque est venu chercher pour enfoncer la porte du bureau.

L'équipe de jour a relevé tout ce petit monde au matin, comme à l'habitude, mais ils n'ont pas pu rentrer chez eux prendre du repos : ils sont tous actuellement retenus par la police pour être interrogés, le veilleur de nuit avec eux. Vous attendez devant la salle de repos du rez-de-chaussée où se déroule l'interrogatoire groupé. Vous avez de la chance car vous n'avez pas à attendre longtemps. Un homme d'une bonne cinquantaine d'années, au crâne dégarni, sort de la pièce en claquant la porte et en maugréant :

- Crétins de flics ! Vous feriez mieux d'arrêter les vrais criminels !

Il étouffe un hoquet de surprise quand il voit qu'il y avait quelqu'un dans le couloir. Vous vous présentez sur le champ, pour qu'il ne vous prenne pas pour un autre policier. La chance vous sourit encore car c'est lui le veilleur de nuit. Vous conversez un peu avec lui, pour l'apaiser et le mettre en confiance. C'est un ancien policier reconverti, qui a connu des jours meilleurs à en voir son ventre bedonnant, ses abdos Kronenbourg et son teint jaune. Bien que fatigué, il apprécie votre allure engageante et accepte de bien vouloir vous raconter ce qu'il a vu cette nuit, à condition que vous ne lui posiez pas d'autres questions. Il vous conduit dans la cour, là où il a fait sa ronde hier.

D'une voix détruite par un lourd passé de fumeur, il vous redit ce qu'il a exposé à la police. Rien ne lui a semblé spécialement anormal la nuit dernière. En vous montrant la façade, il vous dit que de ce côté de l'immeuble, seules les fenêtres de Mr Dattaque et de Mr Loyson étaient encore allumées, au 9ème étage. Vers 22h30 environ, alors qu'il passait de ce côté-là, il a entendu une fenêtre s'ouvrir. Il a alors levé les yeux et a vu comme une ombre remonter vers le toit.

- Mr Dattaque n'ouvre jamais sa fenêtre le soir, assure-t-il. J'ai trouvé ça bizarre, vous voyez.

- Vous êtes certain que c'était la fenêtre du bureau de Mr Dattaque ?

- Sûr et certain, Monsieur.

- Cette ombre, à votre avis, pouvait-ce être un homme ?

- C'est obligé ! Quand Nache est venu nous chercher, mes collègues et moi, pour l'aider à enfoncer la porte du patron, fermée de l'intérieur, et que nous avons trouvé le bureau la fenêtre grande ouverte, je me suis rappelé de cette ombre et je me suis dit "Bon sang Raymond, tu as vu l'assassin !"

- La police a tenu compte de votre témoignage ?

- Mais non, ces veaux ne comprennent rien à rien ! Ils disent que j'ai mal vu ou que je fabule ! C'est trop fort ! Après quinze ans de boîte, jamais on n'a remis en cause mes compétences ! Je n'ai rien inventé ! Demandez au petit qui était au guichet d'entrée : je lui ai parlé de l'ombre avant que Nache ne vienne.

Ce qu'il ne vous précise pas, c'est pourquoi il été écarté de la police en son temps. Est-il bien fiable ? Ont-ils des raisons de douter de lui ?

- Si l'ombre que vous avez vue était un homme, celui-ci a donc gagné le toit de l'immeuble. Où a-t-il pu aller après ?

Votre remarque désarçonne votre interlocuteur, qui visiblement ne s'était pas posé la question.

- Ben, j'en sais fichtre rien, moi !

- Il ne pouvait que rester à l'intérieur du bâtiment, non ? Il n'a pas utilisé de deltaplane ou d'autre moyen de fuite ?

- Je... je n'ai pas fait attention... Si vous permettez, je suis fatigué et j'aimerais rentrer chez moi. Ma femme m'attend et doit s'inquiéter.


Il est déjà midi. Vous avez rendez-vous avec le commissaire Cardoze. Vous laissez le veilleur partir. Puis vous quittez l'entreprise et rejoignez le commissaire à la brasserie, au 29.