- Robert Bolet, le directeur adjoint de Dattaque récemment limogé, a été placé en garde à vue hier matin, est-ce exact ? vous demande-t-il.
- En effet.
- Il est soupçonné d'avoir trempé dans le meurtre de Louis Dattaque ?
- Certains soupçons pèsent sur lui, mais il est trop tôt pour accuser qui que ce soit.
- J'ai interrogé des témoins qui travaillaient au port fluvial au moment de l'arrestation. Ils m'ont dit avoir vu des policiers super équipés comme les groupes d'intervention anti-terroristes. Il paraît qu'il y aurait eu plusieurs morts. C'est vrai ?
Cela ne sert à rien de cacher quelque chose d'aussi gros, aussi opinez-vous de la tête.
- Ça fait pas un peu beaucoup de moyens pour arrêter un simple homme d'affaires ? Ça me semble assez disproportionné, non ?
- Il n'y avait pas que Bolet. Il y avait d'autres hommes avec lui, du genre "faut un bazooka pour m'arrêter".
- Du type mafieux, vous voulez dire ?
- Si on veut.
Duhamel prend le temps de boire son café puis, vous fixant intensément, il vous pose une question déroutante :
- L'Agent X existe-t-il ?
Vous le regardez avec des yeux ronds.
- Si vous préférez : existe-t-il un espion qui se fait appeler "l'Agent X", qui aurait assassiné Mr Dattaque et qui pourrait mobiliser toutes les unités d'élites de la police dès qu'on croit le pincer ?
- Où êtes-vous allé chercher ça ?
- Mon journal est le seul à avoir mentionné ce nom, mais je sais que d'autres rédactions en ont eu vent. Elles n'ont pas voulu le publier de peur d'être raillées -ce qu'a été la nôtre- mais toute la presse est au courant. Je voudrais savoir si c'est une info valable ou non.
- Comment avez-vous appris l'implication de l'Agent X dans cette affaire ?
- Ah ha ! Implicitement, vous me confirmez que c'est la vérité ! Je tiens mon scoop !
- Attendez ! Dites-moi au moins comment la presse sait que le meurtre a été signé de X ?
- Ok, c'est donnant-donnant. En fait, c'est très simple : la plupart des grands quotidiens ont été prévenus par des coups de fil anonymes, émanant sûrement de la même personne. Elle disait que la mort de Louis Dattaque n'était pas due à un problème de santé, mais qu'il s'agissait d'un assassinat. Que c'était une affaire d'espionnage et que son auteur était l'Agent X, le célèbre espion international. Si on ne la croyait pas, il fallait aller voir la scène du crime : un X y était tracé sur le mur, dans le sang de la victime. La signature du coupable.
- Vous n'avez pas une idée de qui pouvait être cet informateur anonyme ?
- Non, aucune. Sa voix était masquée. Il faudrait demander aux télécoms l'origine de l'appel. Une chose est sûre : ce n'est pas un indic habituel de la presse.
- C'était quelqu'un qui cherchait à ce que la presse fût au courant, concluez-vous, la mine sombre.
C'est une information importante que vous venez d'apprendre. Qui avait intérêt à prévenir les journalistes ? Si c'est l'ennemi que vous recherchez, dans quel but a-t-il agi de la sorte ? Quelle est sa stratégie ?
Duhamel vous remercie et règle l'addition. Il vous assure qu'il ne citera pas votre nom dans son article, mais une "source officielle proche du dossier". La matinée est déjà bien entamée. Vous gagnez votre 106 et démarrez, direction le commissariat.
Si le nombre de trajets de voiture noté sur votre Journal d'Enquête est de 14 ou plus, rendez-vous au
879.
Si ce nombre est de 13 ou moins, notez 1 trajet de plus et rendez-vous au
467.