Une nouvelle valse commence. Comme vous posez la main sur l'autre épaule de votre cavalière, elle a alors une vive réaction de recul, comme si vous lui aviez fait mal. Pourtant, vous n'avez fait que poser votre main, sans serrer. Vous dansez mal, mais quand même, vous savez être délicat. C'est comme si vous aviez appuyé sur une blessure douloureuse.
- Ce n'est rien, dit-elle. Excusez-moi. Vous disiez ?
Vous vous rendez compte, soudain, d'une chose stupéfiante. Les idées viennent de s'entrechoquer dans votre cerveau. Vous repensez à ce matin. Lorsque vous avez poursuivi le tueur qui a tiré sur Didier Dattaque et qui a abattu Nache. Vous lui avez tiré dessus, le blessant à l'épaule, avant qu'il ne parvienne finalement à s'enfuir. Une blessure à l'épaule exactement à l'endroit où Mlle Zadilova a ressenti une douleur lorsque vous avez posé la main dessus. Son mouvement de recul était le réflexe d'une femme blessée. Et si l'homme en noir de ce matin était une femme ? Survolté par cette hypothèse, vous voulez en avoir le cur net et décidez d'y aller franco.
- Je disais que j'étais navré de vous avoir tiré dessus ce matin, lui dites-vous à brûle-pourpoint. Heureusement, je vois que cela ne vous gêne pas trop pour danser. Cela m'aurait chagriné de rater cette valse.
La belle mercenaire en est complètement déstabilisée. Elle ne s'attendait certainement pas à ce que vous lui asséniez cela. Prise de cours, elle s'est arrêtée net de danser et reste bouche bée. Elle n'arrive pas à trouver quelque chose de crédible à vous répondre. Elle sait que si vous demandez à voir sa blessure, cela confirmera votre accusation implicite. Elle reprend la valse, non sans vous toiser maintenant d'un regard noir.
- Vous êtes décidément très fort, Nils, dit-elle, tendue. Un peu trop fort. Vous laisser en vie devient trop dangereux.
La menace de Mlle Zadilova est le plus terrifiant des aveux. Vous l'avez démasquée et elle sait que vous pouvez la faire arrêter pour le meurtre de Nache. Une lueur mauvaise illumine ses yeux. Elle a déjà voulu vous réduire au silence hier soir. Cette fois, elle ne voudra pas vous rater. Notez le mot-code "KILLOV" dans votre Journal d'Enquête.
- Vous êtes étonnamment fringante pour quelqu'un qui a reçu une balle dans l'épaule, lui dites-vous sur un ton dédramatisant.
- La balle n'a pas pénétré mon bras, elle l'a juste effleuré, vous répond-elle, glaciale. C'est une blessure superficielle pour une professionnelle de ma trempe.
- Ça tombe bien : en comparant le sang retrouvé sur la balle avec le vôtre, on établira votre culpabilité sans problème, lui dites-vous pour le lui faire croire, alors que vous n'avez jamais retrouvé la balle que vous avez tirée. Devant les tribunaux, ça fera une preuve infaillible.
- Si vous croyez que je vais vous laissez prélever mon sang...
- Pourquoi avez-vous fait ça ?
- Fait ça quoi ?
- Tirer sur Didier Dattaque. Tuer son garde du corps.
- Car j'ai été payée pour ça, pardi.
- Par qui ? Sur ordre de Bolet ?
- Ce gros benêt ? Ha ha ! Il croit qu'une mercenaire de mon niveau se met habituellement au service de carpettes dans son genre ? Moi, je ne sers que le gros calibre.
- Ce n'est pas Bolet votre vrai patron ? Mais qui donc, alors ?
La belle Slave observe un temps de silence. Puis elle esquisse un sourire diabolique pour vous révéler :
- Mon vrai patron, c'est celui qui a tué Louis Dattaque.
Cette fois, c'est vous qui cessez net la valse, abasourdi. Vous venez de démasquer une meurtrière, et celle-ci sait qui est le meurtrier que vous cherchez ! C'est à ce moment-là que l'orchestre entame un nouvel air. Les convives changent de partenaire. Mlle Zadilova en profite pour tourner les talons et vous fausser compagnie !
Vous lancez-vous à sa poursuite ? (suivez-la alors au
808)
Ou bien la laissez-vous s'enfuir pour ne pas risquer de perdre de vue une autre personne ? (rendez-vous au
322)