Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 892

892
Votre mouchoir sur le nez et la bouche, vous traversez le nuage de fumigènes et atteignez le camion où était transporté le prototype. Les portes de la remorque sont grandes ouvertes. Les soldats en sont sortis et ils errent hagards, se demandant ce qu'ils doivent faire, comme un escadron de fourmis désorganisé. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils n'arrêtent pas de tousser, leurs yeux sont irrités. Et vous ne tardez pas à les imiter. Le gaz des bombes fumigènes est toxique. Vous avez de plus en plus de mal à tenir les yeux ouverts. Où sont donc passés Montanes et l'homme de main de Lord ? Vous ne les voyez nulle part.

Vous entendez soudain une pétarade du côté de la berge, comme une rafale de pistolet-mitrailleur. Puis le bruit d'un moteur qui vrombit. Vous vous élancez dans cette direction. Un nouveau coup de feu éclate alors, plus près de vous et, tout d'un coup, une douleur fulgurante vous frappe à l'épaule avec la force d'une charge sauvage ! Vous êtes projeté en arrière et vous restez cloué au sol. La douleur est si inouïe que vous ne sentez plus votre corps. Vous sentez la fumée. Vous voyez les jambes des militaires qui courent tout autour de vous. Vous oyez le bruit d'un moteur qui s'éloigne. Vous distinguez à peine la vague silhouette de Montanes qui se penche sur vous. Vous saisissez ses mots :

- Bon Dieu, mais qu'est-ce qu'il fichait là ?!

Et vous sombrez dans l'inconscience.


Quand vous reprenez connaissance, vous vous trouvez alité dans une chambre d'hôpital. Un docteur plein de bonhomie se tient debout à côté de vous, accompagné de deux infirmières au visage soucieux.

- Eh bien, voilà, notre monsieur se réveille. Je vous avais dit de ne pas vous inquiéter, mesdemoiselles.

Il est midi passé. Le médecin vous apprend qu'après avoir reçu une balle lors de l'attaque du convoi, vous avez été conduit ici d'urgence par le SAMU. Une attaque spectaculaire dont tout le monde parle en ville, à cette heure. Fort heureusement pour vous, votre blessure ne s'avère que superficielle. Plus de peur que de mal. C'est pourtant un Magnum qui vous a tiré dessus ; les dégâts auraient pu être plus graves. Ils l'ont été suffisamment pour vous mettre hors de combat. Un sacré choc, qui va vous valoir de finir la journée et de passer la nuit en observation.

Vous avez de la visite. Cardoze et Montanes sont venus voir comment vous alliez. Le contre-espion tient à s'excuser : c'est lui qui vous a touché lors de l'attaque. C'était un accident : il vous a pris pour l'Agent X. Il a été soulagé quand le docteur lui a appris que vous étiez hors de danger. Mais il aimerait bien savoir ce que vous faisiez sur les lieux.

- Je menais mon enquête, quelle question ! Je suivais un suspect et c'est lui qui m'a amené jusqu'ici.

- Un suspect ? Quel suspect ?

- Je vais vous le dire, mais d'abord, dites-moi ce qu'il s'est passé exactement.

Ce convoi militaire transportait le fameux prototype MB409201 auprès de l'État-major. L'Agent X a carrément fait sauter la rue pour leur bloquer le passage. Plusieurs soldats sont morts. Un fumigène toxique a explosé à l'intérieur du camion. Avec l'aide d'un complice, X a dérobé le prototype au nez et à la barbe des gardes de l'escorte, puis a réussi à filer, on ne sait comment.

- Est-on sûr que c'est bien X qui a fait le coup ? vous enquerrez-vous.

- Oui, je l'ai vu de mes propres yeux, vous certifie Montanes. Il était vêtu de noir et portait un masque vénitien qui lui cachait le visage. J'ai repéré que sa main était agitée d'un tic nerveux, et j'ai aussi entendu son complice l'appeler "Mr X". C'était X en personne. J'ai voulu leur tirer dessus, mais je suffoquais trop à cause du gaz... J'ai perdu la notion de l'espace et c'est vous que j'ai touché...

Vous ne relevez pas :

- Vous ne savez pas comment X s'est enfui ?

- J'ai entendu un moteur, celui d'une moto, je crois. Mais je n'en ai pas vue.

- Comment X savait-il que le prototype serait convoyé ce matin ? s'émeut Cardoze. Et comment connaissait-il l'itinéraire du convoi ?

- Seuls le gouvernement, mon service, certains hauts gradés de l'État-major, ainsi que les membres les plus hauts placés de Dattaque Industries étaient au courant.

- Ce qui veut dire que X a une taupe parmi ces gens-là, en déduisez-vous. Ou même qu'il fait partie d'entre eux...

Échaudé que vous jetiez le soupçon sur son service, Montanes ne confirme pas votre affirmation, mais ajoute :

- Le parcours suivi par le convoi avait été prévu avant la mort de Louis Dattaque et n'a pas été changé, à mon grand regret. Cela élargit le champ des suspects possibles. (après une pause, il se livre à un sinistre bilan de la situation :) Maintenant, notre espion dispose des plans ET du prototype du système de défense. Rien ne peut désormais l'empêcher de livrer à l'ennemi ces secrets vitaux pour la sécurité de notre pays. Nous devons l'intercepter avant qu'il ne passe la frontière. Nous avons posté des barrages un peu partout pour l'intercepter. Nous disposons de quelques heures tout au mieux, je le crains. C'est la priorité absolue. Je dois d'ailleurs vous laisser.

Sur d'ultimes vœux de prompt rétablissement, le commandant quitte votre chambre et s'en va superviser le maillage de la ville. Il semble froid et obnubilé par sa mission. Vous n'avez même pas eu le temps de lui parler de Lord. Va-t-il réussir à arrêter X avant qu'il n'ait disparu de la circulation avec son précieux butin ? Vous, vous êtes cloué sur ce lit d'hôpital...


Si l'un ou l'autre des mots-codes BOGAVU ou STYBOG est inscrit sur votre Journal d'Enquête, rendez-vous au 537. Si ce n'est pas le cas, rendez-vous au 221.