L'infirmière, Mlle Varga. Voilà le sujet de conversation tout trouvé pour Don Juan. Avec un surnom pareil, il a sûrement essayé de la courtiser. Quand vous citez le nom de la jeune femme, le visage du braqueur s'illumine. Vous avez vu juste.
- Je suis content de souffrir du dos : ça me permet de la voir souvent. Elle est si belle
Et toujours très gentille. Sans femmes, je deviendrais fou.
Il parle d'elle avec une tendresse inattendue chez un criminel présenté comme endurci. Si c'est lui le séducteur de ces dames, ce devrait pourtant être elles qui parlent de lui avec douceur, et non l'inverse. Les femmes seraient-elles le talon d'Achille de votre codétenu ? Et jusqu'à quel point ?
Vous essayez de creuser mais il reste évasif et c'est bientôt l'heure de la promenade. Vous descendez dans la cour avec lui.
- Tes potes, ces Estrada, ce sont lesquels ? lui demandez-vous en balayant l'étendue du regard.
- Ézéquiel doit être au sport, je pense. César, lui, doit faire le ménage.
- Il fait partie de l'équipe de ménage ? C'est bien, comme activité ?
- Ouais
Ça occupe, quoi !
- T'en fais partie ?
- Oui. Ça me maintient en forme. Tu comprends, je peux pas faire de sport. À cause de mon mal de dos chronique.
Le ménage n'est pourtant pas meilleur pour la santé que du sport, surtout pour le dos. Comment un médecin a-t-il pu le croire ? Serait-ce Mlle Varga qu'il aurait convaincue ?
- Comment je pourrais intégrer l'équipe ? vous enquérez-vous. Ça doit être sympa.
- Bah
Suis le circuit habituel. Demande aux matons.
Il vous laisse pour aller voir un Noir chauve et râblé. Le Rat vient vous rejoindre.
- Le type avec qui parle Don Juan, c'est Josué Dienne, plus communément appelé "Dienne Trouve-tout", vous apprend-il.
- Pourquoi ce sobriquet ?
- Parce que c'est le plus gros fournisseur de la Centrale.
- Fournisseur en quoi ?
- En tout et n'importe quoi.
- Comment se débrouille-t-il ?
- Il a des équipes qui envoient des trucs par-dessus les remparts pendant la nuit. Et comme il dirige l'équipe de jardinage, il retrouve tout dans les plates-bandes.
La promenade terminée, les gardiens vous conduisent aux douches. L'endroit redouté par tous les détenus lors de leur première incarcération. Le danger qu'elles représentent n'est-il qu'un fantasme ou a-t-il sa part de vérité ? Elles sont plutôt bien conçues pour éviter les drames : chaque douche est un emplacement individuel privatif, séparé des autres par un recoin pudique et une vitre. Mais aucune n'est fermée et, formant un couloir qui court le long des murs, toutes donnent sur les lavabos collectifs au centre de la salle.
Rendez-vous au
491.