Piccolo lève un sourcil sceptique :
- Je ne vois pas en quoi mes mains te laissent penser une chose pareille sur mon compte
J'ai bien le droit de me les manucurer, non ?
- Justement : se manucurer soi-même implique de manucurer sa main habile avec sa main malhabile. Or, tes deux mains sont aussi bien manucurées l'une que l'autre. On ne peut pas atteindre un tel niveau d'habileté de ses deux mains. C'est qu'elles ont été manucurées par quelqu'un d'autre. Et qui, en prison, serait prêt à s'abaisser à manucurer un autre détenu, s'il n'est pas lié à lui par un fort lien de subordination ?
Tous les Italiens sont estomaqués par votre raisonnement. Ils vous regardent tous l'air de dire "Mais comment a-t-il pu tout deviner à partir d'un élément si insignifiant ?" Lavagno tente de bafouiller une explication :
- Qui te dit que c'est pas moi qui ai ordonné à l'un de mes hommes de s'occuper de notre doyen ?
- Tu vas me faire croire que de solides repris de justice accepteraient d'obéir à ce genre d'ordre ? Je n'y crois pas un instant. N'est-ce pas, Piccolo ?
Les yeux baissés et le sourire du vieux patriarche sont le plus parlant des aveux.
- Tu sortiras pas vivant d'ici pour le raconter ! s'emporte Lavagno en se ruant sur vous dans l'intention de vous rosser.
-
Smettila ! lui intime Piccolo, sur un ton nouveau, dur et plein d'une autorité qu'il n'est plus nécessaire de cacher.
Lavagno et ceux qui s'apprêtaient à l'imiter se figent brusquement. Piccolo se met à rire :
- J'aime bien ce gamin. Il est malin. Il faut l'être pour relever un petit détail pareil et en déduire le secret le mieux gardé de ce pénitencier. Je n'avais jamais fait attention à cette faille dans mon rôle de petit vieux respectable. C'est bon d'avoir des alliés de ce calibre. Il a mérité sa place dans l'équipe. (il se tourne vers vous :) Car j'imagine que tu ne comptes pas me trahir, maintenant ?
- Il va vous dénoncer, j'en suis sûr ! objecte Lavagno, avec une soudaine déférence.
- Ça suffit, Luca ! (à vous :) Tu vas le faire ?
- Certainement pas. Tu m'es trop sympathique. Mais à condition d'avoir ma place pour le ménage, bien sûr !
Novello piaffe de colère devant votre insolence, qui fait rire encore Piccolo. Le vieux parrain a laissé tomber toute comédie d'un coup. Il vous met la main sur l'épaule pour signifier que vous êtes des leurs, désormais. Et il vous invite à vous mettre au travail avec eux dès maintenant. Vous acceptez avec joie : vous allez pouvoir sans attendre mettre à profit votre victoire, en approchant les braqueurs.
Le vieil Italien vous emmène à travers une série de couloirs, en compagnie de Novello et Lavagno qui font eux aussi partie de l'équipe. En chemin, alors que Novello vous escorte avec aménité, vous entendez résonner le chuchotement de Lavagno à l'oreille de son chef :
- Non pensi che sia pericoloso per incorporare un nuovo ragazzo ? Potrebbe scoprire nostro progetto.
La réponse de Piccolo est inaudible. Vous entrez finalement dans une salle en pleine réfection. C'est à sa rénovation que servent les produits entreposés dans la remise où vous vous trouviez. Quatre hommes y sont d'ailleurs à pied d'uvre. Ils se retournent à votre entrée et étouffent des hoquets de surprise en découvrant votre présence.
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