Vous courez aux côtés d'Ézéquiel rejoindre son frère, Beati, les Italiens et Tête de Plomb. Ils se sont enfoncés dans les bois qui jouxtent la route. Vous dévalez une pente à toute allure, tâchant de ne pas vous faire distancer. La nuit est noire et, quoique s'avançant vers les heures les plus désertes, elle retentit de bruits propices à réveiller en sursaut les honnêtes gens assoupis : éclats de voix, aboiements de chiens et sirènes au loin. Vous prenez garde de ne pas trébucher sur une branche cachée par l'obscurité. Lorsque les aboiements se font plus proches et le halo des lampes-torches commence à percer à travers les feuillages au point de vous révéler les obstacles, vous hâtez le pas.
De l'autre côté du bois, une vieille camionnette est garée dans l'ombre d'un appentis accolé à une masure abandonnée. L'Italien au volant met le contact dès qu'il voit débouler votre troupe. Vous vous entassez vite tous les sept à l'arrière et il met les gaz. Quand les chiens arriveront jusqu'ici, vous serez déjà sur le périphérique.
- Saleté de négro, il avait tout prévu ! peste Ézéquiel.
- Et ce psychopathe de Tollère est dans la nature
, se lamente Piccolo.
Vous espérez que les autorités retrouveront rapidement la trace de Rax. S'il commet un meurtre dans ce laps de temps, vous vous en voudrez toute votre vie. Mais pour l'heure, vous ne pouvez rien y faire, vous devez vous focaliser sur votre mission. Sans vitres à l'arrière ou sur les côtés, il vous est impossible de visualiser l'itinéraire qu'emprunte votre chauffeur. Mais au bout d'un moment, parvenu à une certaine destination, il s'arrête et se gare. Tous les Italiens descendent, conducteur compris. César prend alors le volant.
- On se retrouve dans trois heures, au point de rendez-vous qu'on a dit, dit Piccolo à César, en guise d'au revoir.
Par le pare-brise, vous n'apercevez que les bâtisses sinistres d'une zone désaffectée. Une berline noire attendait les mafieux. Ils partent de leur côté. Beati s'installe à l'avant, à côté de César, qui démarre pour une nouvelle destination. Resté avec vous à l'arrière, Ézéquiel vous cache la vue, à Sicoud et à vous. Vous essayez de deviner par quelles routes vous passez, mais les nombreux virages enchaînés à tombeau ouvert vous désorientent. Vous ne distinguez pas les paysages qui défilent, vous sentez juste lorsque la route monte ou descend. L'orage gronde au loin, il se rapproche.
Vous finissez par ralentir, et Ézéquiel se prà sortir. Vous voyez alors que votre véhicule emprunte une allée bordée d'arbres. Vous avez l'impression de vous trouver dans une banlieue pavillonnaire. Finalement, vous tournez dans une rue, et César stoppe devant la première maison immédiatement à droite. Ézéquiel sort et s'étire :
- Ah, comme ça fait du bien de revenir dans cette rue, treize ans après !
- Ne traîne pas dehors, tu vas te faire voir ! l'admoneste son aîné.
- Lâche-moi, César ! C'est le bois, en face. Y a pas de vis-à-vis, c'est sans risque !
- N'empêche ! Fais ce que je te dis !
Piqué au vif, le cadet vous fait descendre, Sicoud et vous, pendant que César rentre la camionnette au garage. Ézéquiel vous ouvrant la porte et Beati sur vos talons, vous n'avez pas le loisir de vous attarder sur le quartier où vous avez atterri. Vous avez juste le temps de lire un nom sur la boîte aux lettres : C. Solerzano. Vous pénétrez dans un hall sombre, empestant le tabac blond, où une rude voix masculine vous accueille :
- Entrez et fermez vite la porte ! Au cas où un poulet rôderait dans le coin !
Rendez-vous au
850.